Tiré de Entre les lignes et les mots
Carl avait 12 ans quand il s’est suicidé suite à de l’inceste paternel. Il a parlé. Son père avait déjà été condamné auparavant pour violences sexuelles sur sa grande sœur, Steffy. Lindsay avait aussi 13 ans quand elle s’est suicidée suite au harcèlement scolaire qu’elle subissait. Elle a parlé mais ça ne s’est pas arrêté. Pendant que les adultes revendiquent leurs droits et espèrent un meilleur avenir, très peu de personnes se tournent vers les enfants et les adolescents. Qui sont-ils ? Que vivent-ils ? Sont-ils des enfants rois et sur-gâtés comme la société voudrait nous le faire croire ?
Les enfants et les adolescents sont partout. Dans la rue, dans les parcs, aux sorties d’école, dans les transports, ils sont en face de nous et nous ne les connaissons pas. Parce qu’ils sourient et s’amusent, nous nous imaginons qu’ils vont bien, parce qu’ils bougent et se mettent en colère, nous nous imaginons qu’ils sont rois – ça n’arrive pas qu’aux autres – 3 enfants par classe de 30 élèves sont victimes d’inceste. Si on comptabilise les enfants victimes de maltraitances et de toutes formes de violences, nous pouvons estimer 10 à 15 enfants par classe victimes de violences, au minimum.
Il est temps de regarder en face cette réalité que nous préférons ignorer. Des milliers d’enfants, chaque année, sont victimes de l’impensable. Ils grandissent avec des marques invisibles qui les hantent, des souvenirs qui les poursuivent, des traumatismes qui les façonnent. Ils disent « Brisons le silence » mais le silence est rompu depuis bien longtemps. Les enfants parlent, les enfants hurlent, les enfants nous montrent des signes mais personne ne veut les voir. Ils disent « Nous croyons en la justice » ; allez dire ça aux milliers d’enfants qui ne sont pas protégés.
Ils continueront d’être violés, tapés, négligés ou humiliés dans l’indifférence la plus totale. La justice ne suit plus, elle n’en a plus la possibilité, tout comme le secteur de la santé ou du social qui font face à une crise majeure. La France n’est plus en capacité de protéger les enfants, elle est même le 1er pays d’Europe hébergeur de pédopornographie. Les chiffres des violences faites aux enfants ne cessent d’augmenter, les condamnations, elles, diminuent. 73% des plaintes pour violences sexuelles sur personnes mineures sont classées sans suite. Derrière ces statistiques, il y a des bébés et des enfants, qui croient en un monde des adultes bienveillant, humain et qui répond à leurs besoins fondamentaux. Ils attendaient et attendent encore d’être entendus, crus et protégés.
La question que nous devons nous poser est : qu’est-ce que cela dit de nous en tant que société ? Comment pouvons-nous tolérer que les enfants soient les victimes de tant de violences, que leur innocence soit volée et leur avenir sacrifié ? Chaque fois qu’un enfant est agressé, c’est notre humanité qui est mise en cause, c’est notre responsabilité collective de protéger les personnes les plus vulnérables et de les faire vivre dans un environnement sain.
Il est temps d’agir, de dire haut et fort que nous refusons ces violences. Nous ne pouvons plus abandonner les enfants et adolescents dans leur douleur. Il est temps de prendre la responsabilité qui nous incombe en tant que citoyens, parents, éducateurs, enseignants, journalistes, politiques, et membres d’une société qui se doit de protéger les enfants.
Le 18 novembre 2023, nous nous rassemblerons partout en France contre les violences faites aux enfants et en faveur de leurs droits, pour appeler à l’action la société et le gouvernement face à l’urgence de la situation. Ensemble, nous pouvons changer cette réalité. Ensemble, nous pouvons agir pour mettre fin à ces violences insupportables. Agissons main dans la main le 18 novembre 2023, pour que chaque enfant puisse grandir dans un monde sans violence et qu’ils puissent devenir des adultes accomplis et confiants. La France doit agir, maintenant.
Avec cette pétition, nous demandons à Charlotte Caubel, secrétaire d’état chargée de l’enfance, de nous présenter pour le 2 novembre, journée internationale des droits des enfants, un plan d’envergure et à la hauteur de la situation dramatique des violences faites aux enfants. Nous demandons notamment la suspension de l’autorité parentale automatique dans le cadre d’une mise en examen d’un des parents pour maltraitances physiques, psychologiques et sexuelles et la mise en place d’états généraux sur la protection de l’enfance.
https://www.change.org/p/violences-faites-aux-enfants-appel-à-la-mobilisation-face-à-une-crise-sans-précédent
Publié dans le Courrier de la MMF n°422, 27 octobre 2023
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