Le gouvernement avait déjà admis utiliser ces engins pour surveiller la frontière avec le Mexique et en d’autres rares circonstances. C’était la première fois que la direction du FBI déclarait utiliser ces avions sans pilote aux États-Unis même. Il se peut qu’il ait été motivé par la peur que le lanceur d’alerte, Edward Snowden ne rende publics d’autres détails du vaste programme de surveillance comme il a menacé de le faire.
Durant le témoignage de M. Mueller, le sénateur républicain Chuck Grassley lui a demandé : « Est-ce que le FBI possède ou utilise couramment des drones et si oui à quelles fins » ? La réponse de M. Mueller a été claire : « Oui et pour de la surveillance ». Mais il a ajouté : « Ils sont rarement utilisés, généralement au cours d’incidents particuliers où leurs performances sont requises ». C’était une tentative de minimiser la signification de cette révélation. Il n’a donné aucune indication sur ce que pouvaient être ces « incidents particuliers ».
Au cours de son témoignage, il a répété ce que l’administration Obama et les dirigeants du renseignement disent eux-mêmes depuis plusieurs jours pour défendre ce programme d’espionnage non constitutionnel révélé par E. Snowden.
Dans son discours d’hier en Allemagne, M. Obama a répété les propos qu’a tenus le directeur de la NSA, M. Keith Alexander plus tôt cette semaine : « Nous ne sommes pas en train de rafler tous les courriels des citoyenNEs allemandEs, américainEs, françaisEs et de qui que ce soit d’autres. Nous n’allons pas sur Internet en nous mettant à chercher ce que nous voulons. C’est un programme circonscrit, un système limité qui nous permet de protéger notre population. Nous n’agissons que sous la surveillance de la cour ».
Mensonge ! Ce que le président appelle « programme circonscrit et système limité » est constitué des relevés téléphoniques de centaines de millions d’AméricainEs, de personnes partout dans le monde et de l’appropriation courante de milliards de communications Internet.
Cette déclaration du Président a été démentie par Edward Snowden mais aussi par d’autres lanceurs d’alerte de la NSA, Ms. Thomas Drake, William Binney et J.Kirk Wiebe.
Dans une entrevue à USA Today publiée en fin de semaine dernière, M. Drake soutient qu’il n’y a pas « de cause probable » nécessaire pour accéder aux contenus de ces communications comme le soutient le gouvernement dans ses justifications. Et il ajoute : « Il n’y a pas d’indications d’aucune investigation de contreterrorisme invoquées. On se faire dire tout simplement, de transmettre les données ».
Dans un effort pour justifier ce programme, M. Obama et tout le gratin politique ont utilisé l’argument de la « guerre au terrorisme » comme lors de toutes les guerres depuis des décennies, pour justifier les attaques aux droits démocratiques. M. Obama a persisté à invoquer que les programmes de surveillance ont permis d’empêcher plus de « cinquante événements terroristes potentiels » depuis le 11 septembre.
Cette contre-offensive de l’administration Obama vise à court-circuiter l’énorme opposition qui s’élève contre les programmes d’espionnage. Mais aussi à organiser la logique qui justifiera une éventuelle arrestation d’Edward Snowdon, les poursuites contre lui, peut-être même son assassinat pour avoir « aidé » les ennemis en diffusant des informations à la population américaine.
Pour le gouvernement américain, la constitution et la charte des droits, y compris l’interdiction de recherches et les saisies abusives, ne sont que des suggestions. Elles peuvent être utiles en certaines circonstances mais elles peuvent être violées dès que l’État le juge nécessaire. Dans son discours d’hier en Allemagne, M. Obama a soutenu que ces programmes avaient permis de « sauver des vies » et que l’administration avait toujours maintenu une « juste proportion » entre les nécessités de sécurité et celles de la protection de la vie privée.
Cela n’empêche que les droits constitutionnels sont mis au rang de suggestions, ce qu’ils ne sont pas bien sûr. Les arguments d’un « état d’exception » et des « justes proportions » invoqués par les représentantEs du gouvernement, ne font que rendre clair que la constitution est rendue invalide.
Même si nous acceptions le fait que ces programmes ont permis de faire échec à 50 attaques, cela ne justifierait pas la violation des droits démocratiques. Et la discussion qui vise à trouver le juste milieu entre la protection de la sécurité et celles des libertés repose sur un mensonge. Dire que la « guerre au terrorisme » place les AméricianEs et le public international sous constant risque d’une attaque et que ce risque justifie la mise en place d’un État policier est un mensonge à sa face même. Ce sont les arguments de tous les régimes autoritaires depuis les Nazis en Allemagne jusqu’à Pinochet au Chili.
Ms Alexander et Obama sont extrêmement vagues lorsqu’ils parlent de ces divers complots terroristes. Ce sont des justifications post-facto pour l’implantation de politiques qui visent tout-à-fait autre chose. Pire encore, la plupart de ces « probables complots terroristes » étaient le fait de personnes déjà sous étroite surveillance étatique. Il y a lieu de se poser de sérieuses questions sur les rapports entre les appareils sécuritaires et Tamerlan Tsarnaev impliqué dans l’attaque à la bombe à Boston, Khalid al-Mihdhar le pirate de l’air impliqué dans l’attaque du 11 septembre et David Headley, le suspect lié à un journal danois.
Il ne faut pas oublier non plus, que les groupes islamiques de droite qui ont perpétré des attaques terroristes sont le résultat de décennies de campagnes de l’Empire américain au Proche-Orient et en Asie Centrale. La plupart du temps les militaires américains ont utilisé les services de ces groupes pour leurs fins propres comme ce fut le cas en Afghanistan dans les années 80.
Invoquer que le gouvernement américain lutte contre le terrorisme est complètement absurde quand on voit que l’administration Obama vient de décider d’armer l’opposition syrienne qui est infiltrée par des groupes affiliés à Al Qaïda.
Le témoignage de M. Alexander et le discours du Président Obama à Berlin font partie d’une campagne de tout l’establishment politique et des médias pour défendre un assaut sans précédent contre les droits démocratiques aux États-Unis et partout dans le monde.