Édition du 21 octobre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Le règlement du conflit israélo-palestinien : un préalable au règlement du conflit israélo-palestinien bien plus qu'un point d'aboutissement.

Depuis longtemps, les plans de paix visant à pacifier le Proche-Orient se sont succédé, ce qui n’empêche pas la région de demeurer une poudrière.

Photo Serge D’Ignazio

Or, un des éléments centraux de cette instabilité chronique reste le conflit israélo-palestinien, lequel fragilise toute cette zone à divers degrés. Son dernier rebondissement (la guerre Gaza-Israël) en illustre l’acuité. Le conflit s’est étendu sur une petite étendue de territoire mais a provoqué des répercussions qui ont accentué les divisions même parmi les chancelleries occidentales. Désormais, la cause palestinienne a gagné beaucoup en termes de crédibilité auprès des opinions publiques de l’Occident, même aux États-Unis.

Pourtant, avec la conclusion ce qu’on a nommé les Accords d’Abraham conclus en 2020 sous le premier mandat présidentiel de Donald Trump, on avait cru qu’enfin une paix globale se trouvait à portée de main. Cinq États avaient alors normalisé leurs relations diplomatiques avec l’État hébreu : les Émirats arabes unis, et Bahrein (15 septembre), le Soudan (23 octobre), le Maroc (10 décembre) et le Bhoutan (12 décembre). L’Égypte et la Jordanie l’avaient déjà fait depuis longtemps. Ces pays rompaient ainsi avec la position traditionnelle de la plupart des gouvernements proche-orientaux selon laquelle il ne saurait y avoir de paix ni d’échanges commerciaux avec l’État hébreu sans règlement de la question palestinienne, Ce retournement a provoqué la colère compréhensible de l’Autorité palestinienne, laquelle a dénoncé la conclusion de ces ententes comme une trahison.

Cependant, des enquêtes d’opinion dans les pays arabes ayant signé ces ententes de normalisation avec Israël ont montré qu’une majorité de citoyens les considéraient d’un oeil sceptique, par exemple, en novembre 2022, 76% des Saoudiens et Saoudiennes entretenaient une opinion négative à ce propos. En novembre-décembre 2023, après l’offensive du Hamas et la réaction israélienne démesurée qui en a résulté, 96% des participants saoudiens et saoudiennes à un sondage pensaient que les nations arabes devaient rompre leurs liens avec Israël, seulement 16% d’entre eux appuyant l’idée que le Hamas devait accepter une solution à deux États. On trouverait sans doute de semblables proportions dans d’autres pays de la région si des sondages s’y tenaient (s’ils ont été faits, je n’ai pas pu en consulter les résultats). Cette radicalisation des opinions arabes a plongé dans l’embarras leurs dirigeants, tout autocratiques soient-ils.

Bref, entre les classes politiques arabes bon-ententistes avec Tel-Aviv et leurs populations, on note une distance évidente sur ce problème crucial : le conflit entre Israël et la Palestine. Les classes populares arabes sont conscientes de la duplicité de leurs gouvernants et de leur complicité avec Washington.

En réalité, toute la stratégie des gouvernements occidentaux, et en particulier de l’américain, a longtemps consisté à tenter d’isoler les Palestiniens en poussant les gouvernements de la région à conclure la paix avec Israël et ce avant même de régler le point essentiel du contentieux israélo-arabe : le conflit entre la Palestine et l’État hébreu.

Isoler les Palestiniens et Palestiniennes équivaut à les couper du soutien de leurs « frères arabes » et par conséquent, à les affaiblir. Divers pays musulmans, arabes et nord-africains, ne reconnaissent toujours pas l’État hébreu` : l’Algérie, l’Irak, l’Iran, le Liban, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Syrie, la Libye, la Tunisie et le Yémen, mais n’apportent aucun soutien réel à la Palestine.

La politique américaine d’isolement relatif de la Palestine vise à l’affaiblir et en fin de compte, à la pousser à conclure une paix au rabais avec Tel-Aviv par d’importantes concessions territoriales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Toute cette stratégie américaine d’encerclement de la Palestine par l’intermédiaire de gouvernements arabes enfin « réconciliés avec la seule société démocratique de la région » vise à réaliser la sécurité de cette dernière mais sans garantir pour autant la liberté des Palestiniens et Palestiniennes.

Elle repose sur l’idée que le règlement du contentieux israélo-palestinien constitue un point d’aboutissement de la pacification du Proche-Orient alors que c’est l’inverse : seule la justice envers les Palestiniens peut faire baisser durablement les tensions dans la région, bien qu’il en subsistera toujours, comme partout dans le monde. Mais il faut cesser d’essayer de passer à la trappe le droit du peuple palestinien à l’autodétermination en le noyant dans un faux processus global de paix. Même si ses propos sont méprisables et condamnables, au moins le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou l’a dit ces derniers temps : « Il n’y aura pas d’État palestinien ». Il exprimait ainsi la pensée à peine dissimulée des responsables américains. Sa brutalité remplaçait leur hypocrisie.

Jean-François Delisle

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