On ne gagne jamais contre les purs. La moindre décoloration de leur bannière est une honte. La moindre tache sur leur portrait est une salissure inacceptable.
On ne gagne jamais contre les hypocrites. Ils nous diront toujours ce que nous voulons entendre. Ils ne feront jamais que ce qui leur chante.
On ne gagne jamais contre les sadiques. C’est une réjouissance que de nous faire souffrir. Étaler notre déconvenue ou nos reproches ne fait que les encourager à faire pire.
On ne gagne jamais contre les narcissiques. Ils s’attribuent tous les mérites. Ils rejettent toujours le blâme sur les autres.
On ne gagne jamais contre un individu. Ramener la lutte à l’individu, c’est faire triompher l’individualisme.
On ne gagne jamais que collectivement. Cela prend du temps. Le collectif n’est pas que dans l’espace, il est aussi dans le temps. Spinoza a gagné grâce à la collectivité du groupe qui a compris son message, grâce à la diffusion de sa pensée dans le temps, grâce à la collectivité qui pense le prolongement. Le temps arrange tout parce qu’il dérange tout. Parfois, lâcher prise individuellement sur l’accessoire permet de gagner collectivement sur le principal. Bien plus tard. Et alors ?
LAGACÉ, Francis
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