Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Reportage

Où conduiront les hausses d'électricité d'Hydro ? Péladeau s'en doute-t-il ?

Vous êtes vous, vous-mêmes, demandés où toutes les hausses de nos factures d’électricité, déjà annoncées, d’abord sous le règne des libéraux, puis reconfirmées par la suite par le gouvernement de madame Marois, pourraient nous conduire ? Pierre-Karl Péladeau qui est le nouveau PDG d’Hydro-Québec le sait-il lui-même ?

Hier encore, je me suis posé ces questions, alors que se tenait dans la ville de Québec une action militante visant à dénoncer ces mêmes hausses. J’ose espérer, pour ma part, que cela débouchera sur une multiplication de gestes de contestation comme ceux posés hier et pour lesquels, moi-même, de même que plusieurs autres membres du PCQ, nous nous étions mobilisés.

Mes camarades et moi, qui étions pour l’occasion regroupés sous la bannière de l’Organisation québécoise de solidarité internationale pour les droits humains (OQSIDH), de même qu’une centaine d’autres personnes, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, immigrant-e-s, étudiant-e-s, ou tout simplement militant-e-s syndicaux-les, … avions tous et toutes décidés de prendre la rue pour exprimer nos doléances face à une austérité dont le gouvernement essaie toujours de cacher la véritable nature.

Ceux qui doutent des conséquences, sur la combativité, des énergies consacrées à la mobilisation, devraient venir faire un stage d’apprentissage dans les groupes populaires de la Ville de Québec.

Hier, devant la Bibliothèque Gabrielle Roy, tous ces militants communistes libertaires, de même que ceux et celles qui venaient de Québec solidaire, ou ces travailleur-euse-s des quartiers ouvriers et ces syndicalistes proches sympathisant-e-s de toute cette faune sociale engagée résolument à changer le monde, étaient heureux d’affronter le froid glacial.

Tous ces embryons d’un pouvoir populaire, reconnaissables à leur manière d’entretenir l’espoir d’un monde vraiment meilleur, où le pouvoir changerait réellement de main, sont des acteur-trice-s politiques tournés vers un avenir dont on ne peut plus désespérer.

Les tracs et les slogans, qui avaient presque disparus du paysage politique, pour un temps, à Québec, avaient recommencé à apparaître hier. Dans ceux-ci, on n’avait pas peur de critiquer cette éternelle valse-hésitation, toujours bien présente chez les sociaux démocrates du PQ, lorsqu’ils sont au pouvoir, à s’engager avec le moindrement d’ambition et un peu d’audace dans une vraie « gouvernance souverainiste ». Toujours également, ces sociaux-démocrates semblent avoir peur de garder le contact avec les besoins de la population, préférant tendre plutôt une oreille plus attentive aux sirènes de la bourgeoisie. Et on se demandera ensuite comment il se fait que le projet d’indépendance du PQ n’inspire pas plus de compassion pour les couches populaires, de manière à les « mettre à l’abri du besoin » ...

Des exécutifs syndicaux, de la CSN entre autres, avaient convenu d’apporter leur soutien à une telle mobilisation. Ce faisant, ils avaient fait mentir une fois de plus ceux qui continuent encore à prétendre que tous les syndicats n’en auraient que pour défendre leurs "petits" intérêts plus étroits, sans égard à ce qui peut se passer à côté.

Hier, nous n’étions peut-être qu’une centaine de personnes.

Nous pouvons dire que nous ne serons jamais assez nombreux-euses pour faire reculer et finalement tomber ce pouvoir capitaliste. Désabusé-e-s, dans le bon sens du terme i.e. les yeux dessillés dans le regard que posent sur le monde les militant-e-s qui s’étaient mobilisés hier, ils et elles ne se font pas d’illusions quant au maintien des idées dominantes dans une société où dominent justement une bourgeoisie cupide.

Curieusement, cette même bourgeoisie a peut-être, de son côté, un peu trop confiance dans le pouvoir qu’elle peut exercer contre ces déploiements, illustrant une volonté résolue de ne pas baisser les bras.

À consulter également :

Communiqué de la Coalition pour la justice sociale, un regroupement d’une soixantaine d’organismes de la grande région de Québec et de Chaudière-Appalaches et qui était à l’origine de l’appel pour cette action, le 28 janvier dernier.

Ils et elles, qui étaient dans la rue, hier, semblaient déterminés. Cela s’est par la suite traduit, devant les bureaux de madame Maltais, par cette centaine de gens approuvant le dépôt d’une facture d’électricité avec un message final original et un clin d’œil à ce Péladeau sans ambition politique soi-disant, mais tout de même placé à la tête d’Hydro-Québec.

« La hausse est refusée » (allusion à vous savez qui) par ceux qui en payeront le prix et le dépôt au bureau de Madame Maltais d’une immense facture retournée à l’expéditeur voulait rappeler au pouvoir péquiste que les couches populaires ne sont jamais bien loin quand on tente de les abuser sous le couvert d’un discours de gauche dont on a trop étiré la sauce.

Il serait difficile de ne pas voir dans ces initiatives des groupes populaires, heureuses et créatrices dans leurs moyens, cette aspiration à une émancipation plus profonde que leur autoriserait un pouvoir qui leur permettrait de se positionner politiquement en « faussoyeurs-euses du capitalisme ». Y inclut dans sa forme mondialisée : l’impérialisme.

Les mesures d’austérité, que la mondialisation néolibérale impose aux différents pays du monde trouvent, sur leur envahissante volonté de se répandre sans problème, des résistances qui continuent de marquer l’imagination populaire d’une « histoire qui est loin d’être finie ».

À vrai dire, même le capitalisme le plus borné nous laisse une part d’espace pour rêver de ce que nous voulons vraiment comme villes, milieux de vie, quartiers, usines ou hôpitaux … et cette part qui nous revient est à la source de protestation comme nous l’avons expérimenté hier en participant à cette initiative des groupes populaires de Québec.

La bannière de notre regroupement, l’Organisation québécoise de solidarité internationale pour les droits humains (OQSIDH), que beaucoup ont trouvée belle et riche en couleur, et qui avait été créée, il y a déjà un certain temps, par une jeune membre qui nous l’avait laissée en souvenir d’elle, cette bannière voulait souligner, justement, le caractère mondial de la lutte pour les droits. En effet, comment ne pas associer aux droits humains tous les autres droits bafoués sur terre : celui des travailleurs, surtout des migrant-e-s, celui des femmes, des paysans pauvres, des autochtones, … de l’humanité entière finalement dont les luttes courageuses devraient ouvrir les horizons pour des pouvoirs alternatifs à ceux arrogants et méprisants des maîtres du monde.

Texte mis en ligne dès le lendemain de la tenue de cette action, soit le 29 janvier 2014 ; cette page fut par la suite à nouveau mise à jour de manière à rajouter d’autres photos et inclure également un communiqué émis par les organisateurs de l’événement.

Par Guy Roy,
Coporte-parole du PCQ

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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