Kaveh Boveiri
Et cela malgré l’hétérogénéité de circonstances politiques, sociales, juridiques, ainsi que la différence de niveau du développement de ce mode de vie dans les différents pays.
C’est en constatant cette caractéristique défensive qu’on peut être heureux de témoigner une initiative qui souligne l’exigence d’aller à l’offensive. « Plus facile à dire qu’à faire », je t’entends dire. Certes, mais une constatation collective de la part d’une collectivité ouvrière est sans doute le point de départ impeccable. Et cela parce que cette constatation, une fois mise dans la forme d’une déclaration, montre un niveau de conscience élevé d’un ensemble d’êtres conscients comme le résultat de leur lutte quotidienne.
Le 39e congrès du Conseil central du Montréal métropolitain — CSN (CCMM‒CSN), du 5 au 9 mai 2025, cependant, va au-delà d’une simple déclaration. Les analyses profondes, les débats, les discussions, les présentations touchants des personnes participantes au congrès, et de niveau théorique et de niveau pratique, les échanges, même les activités ludiques et musicales, tous se convergent vers un tel objective : « comment concrètement aller à l’offensive ? »
L’incontournable dans ce processus est certes la politisation de la lutte. Nous devons, par exemple, être uniquement les seules personnes qui décident comment nos cotisations doivent être utilisées. Sinon, le résultat de notre travail, notre cotisation, peut nous rentrer à la suite de l’investissement des activités les plus néfastes. C’est spécifiquement le cas dans La Caisse de dépôt et placement du Québec (CPDQ). En lisantson rapport annuel de 2024, avec son investissement de « plus de 27 milliards $ dans des entreprises liées au génocide, à l’occupation, à la colonisation et aux violations des droits humains en Palestine », on constate que cette entreprise qualifie parfaitement bien comme une entreprise génocidaire.
Les personnes héréditaires de Marcel Pépin et Michel Chartrand, entre autres, ne peuvent pas accepter un tel engagement. La manifestation de participantes à ce congrès devant les bureaux de la société d’État le jeudi 8 mai à midi est une expression de leur rage et de leur haine. Aller à l’offensive exige, cependant, d’aller au-delà de l’expression de rage et de la haine a posteriori.
Traditionnellement, on distingue la lutte de la classe ouvrière en deux volets ou deux fronts de lutte. Le premier front, selon cette classification, concerne les enjeux directement liés à notre travail, et en faveur d’une amélioration de nos conditions de travail. Le deuxième front dépasse ces enjeux immédiats et intègre les points comme la démocratie, les positions politiques prises par le gouvernement auprès d’autres pays, les enjeux climatiques, la communauté LGBT+, pour se limiter à quelques exemples.
Les membres de la CSN, en général, et du Conseil Central, en particulier, voient ce, soi-disant, deuxième front comme l’ADN de leur lutte, comme ce qui la caractérise. Ainsi, aller à l’offensive exige le dépassement, ou la sursomption de la dichotomie du premier front et du deuxième front. Il exige de s’imposer à cette totalité prenant les positions politique, économique, culturelle et sociale comme une alternative décideuse.
Les camarades du Conseil Central du Montréal Métropolitain sont conscients dans leur tête et dans leurs actes de ces exigences. « Lorsque le syndicalisme tend à devenir l’équivalent d’une police d’assurance plutôt qu’un instrument de réforme totale de la société, il dépérit et les vrais militants tendent à s’en désintéresser. » Depuis longtemps, l’écho de cet énoncé de Marcel Pépin n’a pas résonné aussi fort que lors de ce congrès.
La suggestion d’« À l’offensive » en tant que le thème de ce congrès démontre aussi la conscience d’une telle menace.
* Un des participants de ce congrès, l’auteur ne représente pas le Conseil Central du Montréal Métropolitain — CSN.
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