Antoine Rababan
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Ukraine/Russie et la question du fascisme décodée par l’analyseur que constitue la question suivante : pendant l’agression hitlérienne, fallait-il laisser libres d’agir les partis fascistes ?
Je pense utile de donner ici le texte de ma réponse, assez longue, sur FB à un camarade qui, réagissant à ma qualification de Poutine de néofasciste, a cru bon de me faire parvenir le lien vers un article de 2022 du journal communiste d’Occitanie La Marseillaise s’offusquant que l’Ukraine ait interdit le Parti Communiste Ukrainien. Sous-entendu : cette interdiction est une mesure fasciste du régime fasciste de Kyiv. Alors, si Poutine est fasciste, Zelensky l’est aussi. En réalité ce camarade que j’ai connu internationaliste convaincu sur la question catalane, a basculé, comme le montre ce qu’il met régulièrement sur FB, campiste proRusse, virulemment antiUkrainien. Illustratif de ce qu’est la gauche internationale appelant à la défaite de l’Ukraine.
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CFS : une dictature neofasciste en Russie. Soit. Regardons maintenant ce qui se passe en Ukraine :
https://www.lamarseillaise.fr/international/apres-son-interdiction-les-biens-du-parti-communiste-d-ukraine-confisques-KB12570381?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR0vAnDFCXDTRfSa78ZBNm1NvYA24JhQELEx7_YUbyB1YNEfqx3tXdByNH0_aem_0RNhVYbTSG1NYSU_OdK9Vw
Moi : Ta réponse est tout à fait significative de ton alignement anti ukrainien et proMoscou :
[C]oncernant le PC ukrainien, attardons-nous sur ce qu’en dit Volodymyr Ishchenko, sociologue ukrainien très critique envers Zelensky (en soi, pas de problème pour moi), surévaluant le poids actuel de l’extrême droite ukrainienne et ayant, comme le rappelle un camarade de la gauche anticapitaliste ukrainienne (Mouvement Social), un tropisme prorusse très marqué : "V Ishchenko a eu cette idée en 2015 que les forces pro-russes sont des « capitalistes progressistes » en Ukraine qui pourraient être une grande force contre les « libéraux nationalistes » ukrainiens et a fait campagne pour se rallier à eux pour arrêter l’extrême droite et l’ukrainisation".
Eh bien, pour revenir à "notre" PCU, il nous dit "Le Parti communiste ukrainien, a soutenu l’invasion russe. Le parti communiste d’Ukraine était un parti très important jusqu’à la révolution EuroMaidan. Il était le parti le plus populaire du pays dans les années 1990. Le candidat du parti communiste a obtenu 37 % des voix lors des élections présidentielles de 1999. Même à la veille de la révolution EuroMaidan, le parti communiste a obtenu
13 % des voix. Même si son soutien a diminué, il disposait d’une représentation significative au Parlement et soutenait efficacement le gouvernement de Viktor Ianoukovytch. Après EuroMaidan, il a perdu son bastion électoral dans le Donbass et en Crimée. Ils ont également été victimes de répression en raison des politiques de décommunisation, le parti a été suspendu et, en 2022, il a été définitivement interdit, tout comme une série d’autres partis dits pro-russes. Petro Symonenko, le leader du parti, qui n’a pas changé depuis 1993, depuis la création du parti, s’est enfui en Biélorussie en mars 2022. Depuis la Biélorussie, il a soutenu l’invasion russe comme une opération antifasciste contre le « régime de Kiev ». Les organisations communistes des zones occupées ont fusionné avec le Parti communiste de la Fédération de Russie et ont participé aux élections locales organisées par la Russie en 2023, entrant même dans certains conseils locaux. La même fusion s’est produite avec les syndicats officiels ukrainiens dans les zones occupées."
Ce parti est en clair un parti proRusse qui, logiquement, a soutenu l’invasion de l’Ukraine et la soutient toujours, allant jusqu’à…fusionner avec le PC russe dans les territoires ukrainiens occupés et participant à la domination terroriste que Poutine y exerce !
Alors, je te pose la question : est-il « fasciste » d’interdire un parti qui, placé sur l’orbite de Poutine, a travaillé pour que l’Ukraine soit inféodée en tant que telle à la dictature néofasciste et impérialiste dudit Poutine ? Au demeurant, faut-il se laisser aller, comme en fait tu y pousses, à reprendre le qualificatif de régime néonazi pour l’Ukraine qui est le slogan des néofascistes russes. La seule interdiction d’un parti par un régime donné ne suffit pas à décréter que ce régime est fasciste : à ce train-là, l’interdiction, par le gouvernement de la Ve République, de la Ligue Communiste en 1969 aurait été l’oeuvre du régime fasciste français. Ce type d’amalgame écrasant ce qui différencie un régime bourgeois parlementariste, parfois à tendance présidentialiste et répressif, et un régime fasciste signe une déliquescence analytique, de type sectaire-dogmatique, totalement étrangère, pour ne prendre que cet exemple mais il y en a d’autres à gauche, au marxisme révolutionnaire. Il n’est pas étonnant que, biberonné au campisme du néofascisme russe, comme on le voit dans ce que tu écris ou relaies sur FB, tu participes de cette dérive qui ne concerne pas, hélas, que toi.
Pour ta gouverne, aujourd’hui, en Ukraine, le régime est bourgeois parlementaire, antisocial et, pour partie, corrompu car n’ayant pas rompu pleinement avec l’héritage russe stalinien aujourd’hui conservé par le capitalisme mafieux poutiniste. La guerre criminelle déclenchée par Poutine ajoute à la régression, en Ukraine, des espaces politiques conquis par les luttes, toutes dévoyées qu’elles aient pu être par un légitime antistalinisme, le souvenir de l’horreur de l’Holodomor…et ce que le PCU défendait pour que l’Ukraine revienne dans le giron d’une Russie en cours de néofascisation…se réclamant de l’héritage de Staline ! Toute cette complexité contradictoire explique le passif de l’idée de gauche dans la population ukrainienne (et les lois de décommunisation) et met en évidence le mérite qui revient à la gauche anticapitaliste ukrainienne et aux syndicats ouvriers indépendants de donner l’image d’une gauche en rupture avec ces héritages stalinofascisants. Cette gauche donnant l’exemple de s’engager dans la résistance armée à l’invasion russe tout en ne ménageant pas la politique néolibérale antisociale du gouvernement ukrainien. Politique qu’elle dénonce comme affaiblissant l’engagement populaire existant dans cette résistance car sapant la base sociale de cet investissement.
De fait l’existence des luttes qui, avec l’appui de cette gauche et ce syndicalisme, se mènent en pleine guerre contre l’impérialisme néofasciste russe, est la meilleure preuve que le régime ukrainien tout bourgeois et antisocial qu’il est n’est pas fasciste. Il n’y a que le fascisme russe pour propager une telle ânerie politique, qui plus est, sous le syndrome de la paille fasciste que l’on voit dans l’œil de l’autre pour cacher la poutre néofasciste que l’on a dans son oeil !
Donc l’interdiction du PCU n’a rien à voir avec une décision fasciste, ni même avec une décision bourgeoise, elle est une décision qu’un régime ouvrier prendrait face à un parti propageant une politique stalino-fascisante, antipopulaire, antinationale, d’anéantissement des libertés permettant de développer, ce qui nous importe dans la gauche révolutionnaire et internationaliste, des luttes anticapitalistes !
Je te pose la question qui tue ( !) : pendant l’agression hitlérienne, fallait-il laisser libres d’agir les partis fascistes ?
Antoine Rabadan, 4 décembre 2024, Facebook.












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