photo et article tirés de NPA 29
Il se trouve que le premier lieu où est apparu l’épidémie est la région de Wuhan en Chine, l’une des capitales de la production d’automobiles dans le pays. Pour avoir un ordre de grandeur, on y produit, dans cette seule région, plus d’automobiles qu’en France et la plupart des firmes automobiles mondialisées y disposent d‘usines en propriété conjointe avec des firmes chinoises. PSA et Renault, par exemple, y ont leurs usines.
Toute l’industrie automobile mondialisée est maintenant atteinte, alors qu’une crise du secteur s’annonçait déjà avec une baisse de la production mondiale de voitures commencée dès le fin de l’année 2018 et confirmée en 2019. C’est donc sur un secteur fragilisé par ses propres contradictions que se manifestent aujourd’hui les conséquences de l’épidémie.
Quand les ressorts de la croissance de ces dix dernières années sont malades
C’est en Chine que, parmi les grands pays, la baisse de la production d’automobiles avait été la plus marquée en 2019. Pour PSA touché plus que d’autres, les ventes avaient ainsi chuté, passant de 736 000 en 2015 à moins de 110 000 en 2019 avec des capacités de production installées de plus de 1 million de véhicules.
C’est dans ce contexte général que depuis début février, les ventes en Chine se sont effondrées de plus de 90%. Moins de 5 000 véhicules vendus la première quinzaine de février contre 60 000 à la même période l’an dernier.
A la date du 9 mars 2020, e nombreuses usines de Wuhan sont encore à l’arrêt et celles qui ont reçu l’autorisation de rouvrir ne disposent ni de l’ approvisionnement en pièces , ni du nombre de salariés suffisant. Beaucoup de concessionnaires ont purement et simplement fermé. Et en proportion, ce sont les firmes qui produisent le plus de voitures qui ont été les plus atteintes, à commencer par Volkswagen qui vend 40 % du total mondial de ses voitures en Chine.
La production de voitures en Chine est principalement destinée à être commercialisée dans le pays lui-même. Les blocages de la production en Chine ne concernent pas que les constructeurs automobiles au sens strict, mais aussi les équipementiers et les fournisseurs.
Dans le contexte d’une industrie mondialisée où les chaînes de valeur se complexifient et où plus de 80 % du coût d’une voiture sortie d’usine provient d’entreprises extérieures, les arrêts d’acheminement de pièces peuvent bloquer toute une ligne de production.
Les domaines où les usines européennes s’approvisionnent en matériel produit en Chine sont notamment les composants de l’électronique embarquée et les systèmes multimédias. Ainsi, l’usine Fiat de Kragujevac en Serbie, est déjà en attente de systèmes audio fabriqués en Chine. Les usines de Hyundai en Corée de Sud, dont les fournisseurs de pièces détachées sont également chinois, connaissent des ruptures d’approvisionnement similaires
Le temps d’acheminement d’un container en provenance de Chine à destination de l’Europe est aux environs de deux mois. Cela signifie que les possibles ruptures d’approvisionnement sont devant nous en Europe.
Après la mise en quarantaine en Italie
La mise en quarantaine en Italie de la Lombardie, là où est implantée à Turin l’usine historique Mirafiori de Fiat va entraîner des ruptures pour de nombreuses chaines de production en Europe.
De nombreux équipementiers ont fermé leurs usines comme M.T.A son usine de Codogno le 25 février bien avant la mise en quarantaine. Plusieurs sites de grands constructeurs automobiles européens, Fiat Chrysler mais aussi Renault ou BMW, pourraient être mis au chômage technique selon les dires de la société MTA.
Tous ces éléments datent d’un moment où les mesures de mise en quarantaine appliquées en Italie ne s’appliquent pas dans d’autres pays d’Europe. Elles devront donc être actualisées en fonction d’une situation dont on sait qu’elle n’a pas encore atteint son point culminant.
Les conséquences en France sur l’organisation du travail dans les usines, les services et les centres d’études ne sont qu’à leur début. On sait que la ministre du travail veut laisser toute latitude aux employeuurs pour réorganiser temporairement les conditions de travail, quitte à s’affranchir des contraintes légales qui protègent les droits des salariés, par exemple en qui concerne le droit à choisir ses jours de congé ou le travail à distance.
Au mépris de la loi, elle veut s’arroger le droit de décider de ce qui justifierait un droit au retrait de son poste de travail. C’est aux salariés et à eux seuls de décider de la pertinence à exercer leur doit au retrait.
Le coronavirus ne s’arrête pas aux portes de l’usine.
C’est le constat du syndicat CGT PSA Mulhouse.Partout dans le département du Haut Rhin les crèches, écoles, collèges, lycées, centres d’apprentissage, périscolaires, etc, sont fermés pour 15 jours. A Mulhouse, les lieux publics sont fermés. Tous les rassemblements de plus de 50 personnes dans des lieux fermés sont interdits. Et à PSA ? RIEN
A quoi cela sert-il que nos enfants restent à la maison pour éviter tout contact alors qu’à l’usine rien n’est fait pour mettre des barrières sanitaires en place..
En raison de la crise qui pointait dans le secteur automobile, et cela bien avant cette épidémie de coronavirus, on peut compter sur tous les obsédés de la performance à la Tavares le PDG de PSA pour faire passer leurs profits avant nos vies. Craignons qu’ils veuillent récupérer ici les profits déjà perdus en Chine.
D’ores et déjà discutons de l’exigence d’un paiement à 100 % des journées éventuelles de chômage technique. Plus nous en aurons discuté dès maintenant, plus nous seront prêts à l’imposer le moment venu.
Discutons du refus de toute mesure de restructuration et de suppression d’emplois. Et à urgence exceptionnelle, mesure exceptionnelle : la suspension immédiate du versement de tous les dividendes prévues aux actionnaires est bien le moins qu’exigerait une solidarité effective.
Cette épidémie ne doit pas être pas une double peine pour les travailleurs, d’abord comme toutes les autres personnes qui ne peuvent pas s’isoler dans un palace aseptisé, et aussi en tant que salariés avec des conditions de travail pouvant les exposer plus que d’autres, et sous la menace aggravée de mesures de chômage partiel, de restructuration et de suppression d’emplois.
9 mars 2020 par NPA Auto Critique
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