Édition du 23 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Capitalisme et Narcotrafic en Équateur

La prolifération du trafic de drogue en Équateur est une manifestation agressive de la dégradation du capitalisme néolibéral dont l’élite équatorienne elle-même est la principale responsable. Mais, sans surprise, la « guerre contre la drogue » cache un ensemble de mesures régressives contre les secteurs populaires.

Tiré de Inprecor 717 - février 2024
9 février 2024

Par Andrés Madrid Tamayo, Andrés Tapia

Des militaires fouillent des vendeurs de rue à Quito (Photo : AFP).

L’Équateur connaît une vague de violence liée au crime organisé qui fait la une de tous les journaux. Cependant, ces événements ne peuvent être compris sans aborder les problèmes structurels. La situation équatorienne de ces dernières années est complexe : l’augmentation de la pauvreté, les nouvelles routes mondiales de la drogue et l’émergence d’une narco-bourgeoisie locale avancent dans le contexte d’une crise mondiale du capitalisme dans sa version néolibérale, entraînant la décomposition et la rupture du pacte social entre les classes, les peuples et les blocs hégémoniques.

Dans ce scénario, le gouvernement de droite de Daniel Noboa a décidé de « faire face » à la vague de délinquance liée au trafic de drogue qui submerge l’Equateur en déclarant un état de « conflit armé interne ». En d’autres termes, une guerre contre les pauvres, financée de force par le peuple lui-même, soutenue par la classe moyenne et certains secteurs subalternes piégés par le discours punitif du gouvernement. Le principe qui guide les actions du gouvernement semble être que « la violence se résout par plus de violence », ce qui témoigne de la volonté de l’élite de discipliner la société par la mort.

L’expérience mondiale de plus de 40 ans de guerre contre la drogue s’est révélée être un échec retentissant : l’industrie des psychotropes s’est développée, tout comme la population de consommateurs, le blanchiment d’argent et la fragmentation sociale. La Colombie, le Mexique et le Pérou sont des exemples notables du naufrage de cette stratégie menée par le premier consommateur mondial de cocaïne de l’époque, les États-Unis (selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime datant de 2023, les États-Unis se classent désormais au troisième rang, derrière l’Australie et le Royaume-Uni).

Mais le véritable contexte de la déclaration belliciste annoncée par l’exécutif n’a pas pour origine la narco-économie débordante de l’Équateur ou la « prise de contrôle inattendue » – et mondialement médiatisée – de la chaîne TC Televisión. L’analyse de la procédure opérationnelle et l’assassinat ultérieur du procureur César Suarez, chargé d’enquêter sur « l’attaque armée » de la chaîne TC Televisión, permettent de conclure qu’il s’agit d’une opération montée ou au moins tolérée par l’appareil de sécurité dans le but de responsabiliser le « terrorisme » et de justifier la déclaration d’un conflit armé interne.

Les élites économiques, notamment sous les administrations de Correa, Moreno et Lasso, ont peu à peu – surtout après les rébellions plurinationales d’octobre 2019 et de juin 2022 – mitonné un complot visant à anéantir le seul acteur de l’opposition de gauche doté d’une réelle capacité de mobilisation sociale : le Mouvement indigène équatorien (Movimiento Indígena Ecuatoriano).

Cocaïne, géopolitique et spectacle

Au-delà du spectacle de la violence qui affecte depuis longtemps la situation équatorienne, le cœur du problème est que la cocaïne continue de circuler dans les principaux ports. Pourquoi ? La réponse est simple (et dans une certaine mesure évidente) : les élites économiques exportatrices continuent d’en tirer profit et l’argent continue d’être blanchi. Le problème n’est pas seulement "Fito" - l’un des plus importants trafiquants de drogue locaux - mais aussi la participation de la bourgeoisie en tant que classe au commerce de la drogue depuis plusieurs décennies.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire les enquêtes de presse qui mettent en évidence les flottes d’exportation de la famille du président Noboa, par lesquelles des bananes et de la cocaïne sont expédiées vers l’Europe. Comment blanchir des milliards de dollars si ce n’est par le biais du système financier et de l’économie réelle (immobilier, agro-industrie, mines, commerce) ? En bref, les factions vivant à Samborondón ou Cumbayá (les quartiers chics de Guayaquil et Quito) deviennent de plus en plus puissantes, en collusion avec les gangs locaux et les cartels transnationaux tels que le Sinaloa, le Cartel de Jalisco - Nouvelle Génération et les "Albanais", entre autres.

En déclarant le "conflit armé interne", le gouvernement Noboa a éludé le problème central : l’économie bourgeoise de la drogue. Sans s’attaquer à la racine du problème, cette déclaration grandiloquente se traduit, dans la pratique, par une guerre contre les pauvres, et non contre le trafic de drogue. Personne en Équateur n’a jamais vu un seul membre de la bourgeoisie trafiquante des quartiers riches arrêté ou maltraité. En revanche, la militarisation et l’humiliation des secteurs populaires sont monnaie courante.

Dans cette tragédie, les jeunes pauvres et racisés – en grand nombre Afro-Équatoriens - des bidonvilles des villes où les écarts entre riches et pauvres sont grotesques (comme Guayaquil, Durán, Portoviejo, Santo Domingo, Esmeraldas, Machala, Quevedo ou Babahoyo, entre autres) ont été les principales victimes. La vulgaire dichotomie entre "méchants" et "bons" est exacerbée à chaque instant : les premiers, les "terroristes", sont les pauvres, les noirs, les cholos [originaires], les montubios [métis], les délinquants, les travailleurs précaires, les jeunes hommes, les femmes objectivées et le peuple organisé en général ; en bref, la subalternité. Les seconds, le pouvoir réellement existant, qui profite de l’idée d’"unité nationale" équatorienne pour couvrir ses intérêts.

Pour les ceux d’en bas, il n’y a que l’humiliation publique, les mauvais traitements, les coups, la torture, les vexations et la mort (cette dernière étant souvent exprimée par l’euphémisme macabre de "dar de baja [canceler]"), le tout méticuleusement transmis par les corporations médiatiques. En revanche, le pouvoir en place s’attaque violemment à une partie de la chaîne économique du trafic de drogue, celle qui opère dans les secteurs pauvres, et rend invisible l’autre partie de la narco-économie - la principale - qui agit comme une bourgeoisie lumpenisée et dirige la majeure partie du marché de la drogue.

Cette opération assimile les pauvres à des "criminels" ou à des "terroristes" et, ce faisant, cherche à dynamiter le concept de droits de l’homme dans l’opinion publique. Elle néglige intentionnellement le fait que les secteurs populaires sont les victimes de la violence de la drogue - et non sa cause - et que les gens sont pris entre les feux de la narco-bourgeoisie, qui monte les gangs les uns contre les autres et contre le gouvernement (où les gangs sont également présents, comme le prouve la dénonciation de l’ambassadeur américain en Équateur, Michael Fitzpatrick, qui a déclaré il y a quelques années sur CNN qu’il était très préoccupé "par la pénétration du trafic de drogue en Équateur et dans les forces de la loi et de l’ordre").

Ce scénario témoigne d’un double triomphe du pouvoir réellement en place. D’une part, il a réussi à discipliner la société par la peur et le récit officiel unipolaire de la situation du pays. L’État se légitime en tant qu’acteur politique et justifie le train de réformes antipopulaires en normalisant le recours à la violence contre le soi-disant "terrorisme" au sein de la population et en trouvant un écho parmi les secteurs subalternes effrayés. Toute autre position en dehors de ce schéma est considérée comme un soutien au trafic de drogue, ce que facilite la mise en œuvre du paquet de mesures néolibérales parce qu’il ne trouve pas d’opposition dans la société terrorisée (et, s’il en trouve une, il l’élimine par la violence de la guerre).

D’autre part, l’exportation de technologies militaires permet de viabiliser la présence militaire des États-Unis et du sionisme israélien dans le pays. Cet objectif, justifié à partir des explosions sociales de 2019 et 2022, vise à donner un aspect anticommuniste à la stratégie de stabilisation du gouvernement. Il permet de comprendre les coulisses de l’opération : l’enjeu géopolitique et stratégique sous-jacent est l’intérêt des Etats-Unis, en conflit avec l’axe Pékin-Moscou, Téhéran, de gagner des positions dans l’hémisphère sud.

D’autres aspects jouent également un rôle dans la configuration la plus récente de la carte chaotique du trafic de drogue en Équateur. En premier lieu, la "paix" en Colombie, qui a déstabilisé la frontière nord en affaiblissant considérablement l’une des références idéologiques du conflit (les anciennes FARC-EP, aujourd’hui des dissidents atomisés et affaiblis), ce qui a conduit à l’émergence de multiples gangs narco-paramilitaires. Deuxièmement, l’assassinat de "Rasquiña" (chef de Los Choneros) en décembre 2020 a fragmenté la carte des gangs en de multiples groupes (Tiguerones, Chonekillers, Los Fatales, Águilas, etc.), ouvrant une dispute de territoire contre des groupes d’autres origines (tels que Los Lobos).

L’arrivée des cartels mexicains pour étendre le marché de l’exportation de cocaïne vers l’Europe - étant donné qu’il est plus commode de la transporter depuis l’Équateur dollarisé que depuis le Pérou ou la Colombie - est un troisième facteur. L’émergence du marché des drogues de synthèse, comme le fentanyl, a remodelé la géographie de la drogue, devenant l’un des éléments déclencheurs de l’escalade de la violence en Équateur. Comme l’affirme le gouvernement colombien, l’augmentation de la consommation de cette drogue aux États-Unis a réduit la demande de cocaïne, renforçant ainsi d’autres marchés de la coca en Europe, en Asie et en Océanie.

A l’itinéraire traditionnel de la côte pacifique s’est ajouté l’itinéraire du bassin amazonien vers l’Atlantique et le Pacifique Sud. Cela a entraîné un changement important de l’épicentre de la production de cocaïne : historiquement situé sur la côte pacifique colombienne, il s’est déplacé vers la marge nord-est de l’Équateur (province de Sucumbíos), une région qui est actuellement le principal centre de production de cocaïne dans le monde. A cette occasion, le savoir-faire du trafic de drogue, la pédagogie de la terreur et la formation à la violence professionnelle, comme les écoles de tueurs à gages de la mafia albanaise, ont également fait leur entrée en Équateur.

Un dernier facteur à prendre en compte est bien sûr la pauvreté et le désespoir qui touche particulièrement les quartiers de la côte équatorienne. Là, la brutalité des inégalités du capitalisme pousse les jeunes à s’enrôler dans les gangs de la drogue. Face à l’absence quasi-totale d’opportunités dans la légalité, les gangs apparaissent comme la seule option viable, car ils leur offrent au moins un salaire minimum et une certaine espérance de vie (même si elle est éphémère, c’est mieux que rien).

Narco-bourgeoisie

Comme dans tout autre domaine de l’économie capitaliste, les groupes économiques investissent dans certaines branches de production et dans des marchés rentables (qu’ils soient licites ou immoraux), diversifiant les rendements et, dans ce cas, blanchissant des milliards de dollars provenant d’activités criminelles. Le trafic de stupéfiants a pénétré l’économie d’un pays dollarisé, une situation qui se reflète dans le secteur minier.

Les données sur la présence intensive de l’exploitation minière dans les zones subtropicales du sud du pays montrent le niveau de pénétration de l’un des gangs locaux (Los Lobos) allié à un cartel transnational, le Cartel Jalisco - Nouvelle Génération (Cartel Jalisco Nueva Generación). Ils contrôlent directement 20 concessions minières, tandis que dans 30 autres, ils exercent leur pouvoir en facturant des "vacunas" (extorsion en échange de la "sécurité" dans les zones où opèrent les concessionnaires). Rien que dans cette partie du pays, Los Lobos sont liés à au moins 40 mafias minières locales, ce qui représente 3,6 millions de dollars par mois. De leur côté, les Choneros blanchissent leurs ressources par le biais de la gestion immobilière et des travaux publics, et la mafia albanaise par le biais du système financier national (coopératives et banques).

Comme dans d’autres pays de la région, tels que le Mexique, la déclaration de « guerre contre le trafic de drogue » par les gouvernements implique de favoriser dans ce conflit un des cartels de la drogue. En d’autres termes, il s’agit d’une alliance de « pacification » qui emploie l’acteur – ou les acteurs – dominant de la drogue dans le but d’encadrer ou d’éliminer les autres cartels, dont les relations avec le pouvoir en place sont de moindre importance.

En d’autres termes, les conflits liés au trafic de drogue présentent les caractéristiques des luttes interbourgeoises locales, régionales et mondiales. Il s’agit d’un conflit entre des entreprises pharmaceutiques et des hommes d’affaires qui entretiennent des relations plus ou moins étroites avec le gouvernement et l’État. À titre d’illustration, il convient de noter que Genaro García Luna, secrétaire à la sécurité et idéologue de la guerre contre la drogue sous le gouvernement de Felipe Calderón au Mexique, travaillait directement pour le cartel de Sinaloa. Cette stratégie a fonctionné comme un modèle d’affaire, sinon comme une forme de continuité de la politique de contre-insurrection qui, appliquée au cas équatorien, se traduirait par une radicalisation du principe gouvernemental de criminalisation de la lutte sociale.

Pourquoi la persécution des Choneros et de la mafia albanaise n’est-elle pas aussi intense que celle des Lobos et des Tigüerones ? Les gouvernements ont-ils été permissifs à l’égard des bandes de trafiquants de drogue ? Ces questions ne sont pas seulement des questions fondamentales, mais des hypothèses vérifiables. Voir, par exemple, l’assassinat de Rubén Chérrez, un ami proche de Danilo Carrera - beau-frère de Guillermo Lasso - lié au trafic de drogue, à la corruption et au trafic d’influence, et acteur clé dans le procès en destitution de l’ancien président.

La mise en scène de massacres dans les prisons en 2021, 2022 et 2023, l’infiltration par les narcos du Service national de prise en charge intégrale des adultes privés de liberté et des adolescents délinquants (SNAI), dans les ports, les douanes et les frontières, bref, la politisation du narcotrafic, font partie de la stratégie de démobilisation. L’argument, avancé tant par Moreno que par Lasso, selon lequel les grèves de 2019 et 2022 ont été financées par des groupes liés au trafic de drogue est un signe clair en ce sens.

L’entrée du secteur de la drogue dans la politique équatorienne est un phénomène qui remonte au moins aux cinq derniers gouvernements (certains témoignages suggèrent que l’entrée possible du cartel de Sinaloa s’est produite sous l’administration de Lucio Gutiérrez). La lumpenisation qui en découle est principalement associée à la dégradation du capitalisme néolibéral qui, aggravée ces dernières années, a conduit à un démantèlement systématique de l’État, à des coupes budgétaires et à la perte des droits acquis.

En l’absence d’un projet de classe commun, les élites dominantes se sont enfermées dans des conflits qui ont lacéré le tissu de la sécurité publique. En conséquence, la pauvreté s’est accrue. Tout cela a créé un terrain propice à la croissance des phénomènes associés à l’économie du trafic de drogue. Sur la base de la capacité d’adaptation du capital (Marx) ou du besoin du capitalisme de codifier des flux déterritorialisés (Deleuze), l’activité du trafic de drogue s’est progressivement articulée avec les besoins du capitalisme équatorien du point de vue de l’accumulation économique, de la domination de l’État et de la construction du consentement de la population à l’égard de la stratégie répressive élargie.

Dans ce maelström, le gouvernement a saisi l’opportunité de se légitimer en vue de sa réélection en 2025, que ce soit par la victimisation (« la violence des narcos est un héritage des gouvernements précédents »), par la réalisation d’attentats aux revendications biaisées (comme la simulacre de i) ou par l’approfondissement de la violence (utilisation de groupes rivaux, terrorisme comme ressource politique, etc.) L’idée s’est installée dans la société équatorienne que le problème est l’absence de l’État et qu’il doit être résolu par la construction d’un appareil centré sur la militarisation interne et la répression. Cela anticipe quelques scénarios possibles pour l’action du gouvernement dans les mois à venir :

1) Promouvoir des réformes du Code pénal intégral pour durcir les peines pour terrorisme, intensifier la répression à la Bukele [le dictateur salvadorien] et légitimer l’état d’urgence, dispositifs qui, le moment venu, ne feront pas de distinction entre un combattant social et un lumpen.

2) Impulser à partir de l’Assemblée et l’Exécutif des trains de réformes et d’actions antipopulaires : déréglementation du travail, augmentation de la TVA, accord de libre-échange avec la Chine, élimination des subventions, etc.

3) Légitimer les accords conclus par le gouvernement de Guillermo Lasso pour permettre la présence de personnel militaire et de contractants américains en Équateur, dans le cadre du « Plan Équateur » – la version locale du Plan Colombie – un pas de plus dans le projet de militarisation de la société et de perte de souveraineté.

4) Donner libre cours à l’exploitation minière à grande échelle, à la répression et à la libéralisation de l’économie en tant que mécanismes de génération de profits pour les bourgeoisies locales, sur la base des besoins du capitalisme des pays centraux.

Réponses possibles de la base

Dans ce contexte, il est naturel que le scénario équatorien pose des problèmes complexes aux organisations populaires. Mais dans ce panorama, il y a des éléments fondamentaux qui doivent guider nos actions. Le premier, bien sûr, est que l’escalade du trafic de drogue ne vient pas des secteurs populaires. Les responsables sont bien ancrés dans la bourgeoisie de la drogue.

La lacune de la gauche, qui n’a pas saisi à temps cette situation, réside dans le fait qu’elle n’a pas rassemblé les secteurs pauvres les plus susceptibles d’être recrutés par les gangs dans une proposition organisationnelle capable de proposer une alternative aux transformations de l’économie capitaliste (qui incluent le trafic de drogue). La seconde, malgré ce qui précède, tourne autour de la nécessité de continuer à insister sur les processus d’unité par le bas afin d’accumuler des forces et de faire face à un projet global d’offensive par le haut. Le récit de "l’unité nationale" promu par le gouvernement est un emballage puant, et les secteurs populaires doivent prendre leurs distances avec ce discours.

La politique populaire – et c’est le troisième élément directeur – doit se présenter comme la véritable opposition à l’entreprise du trafic de drogue, une entreprise construite par des groupes économiques en articulation avec les cartels internationaux et les gangs criminels locaux et qui a la bénédiction du gouvernement en place. La stratégie de dérégulation du travail et les réformes antipopulaires que le gouvernement Noboa entend imposer sous le prétexte de « financer la guerre » doivent rencontrer l’opposition la plus farouche. Ceux qui ont provoqué (et profité) du débordement de la narco sont les riches : ce sont eux qui sont à blâmer et qui doivent en assumer les conséquences.

Nous devons exiger un changement de stratégie de l’État en matière de lutte contre la drogue. Premièrement, en dénonçant les pratiques racistes et la criminalisation de la pauvreté qui humilient les secteurs populaires et tentent de cacher les conditions de misère dans lesquelles vit la majorité du peuple équatorien. D’autre part, en dénonçant la concentration de dispositifs coercitifs qui ne font qu’encourager la corruption dans les institutions publiques et privées, rendent invisibles les conditions sociales précaires de la majorité de la population concernée et augmentent la violence non résolue.

La défense des territoires des nationalités et des peuples, et de toute terre où il existe un tissu social organisé à travers des gardes communautaires, indigènes et populaires, doit également faire partie de nos priorités. Parallèlement, nous devons rejeter toute construction de prisons dans les territoires où il existe des structures d’organisation sociale (comme les provinces de Pastaza et de Santa Elena).

En résumé, la prolifération du trafic de drogue en Équateur est une manifestation agressive de la dégradation du capitalisme néolibéral et marque un point de non-retour entre la barbarie et une transformation profonde de notre pays. Elle met face à face la narco-bourgeoisie et les secteurs d’en bas, dont la principale référence organisationnelle est le mouvement indigène. Les déclarations du Président de la République, ignorant l’instrumentalisation évidente du scénario pour accentuer les mesures antipopulaires, illustrent clairement que l’objectif de la « guerre » n’est pas et ne sera pas les narcos, mais ceux d’en bas. Nous devons comprendre cette bataille pour ce qu’elle est réellement et nous unir et nous organiser en conséquence.

Le 29 janvier 2024. Traduit par Luc Mineto.

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