Édition du 16 avril 2024

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Colloque aux HEC - Comment favoriser la sous-traitance et la privatisation du système public de services sociaux et de santé

La Coalition Solidarité Santé dénonce le colloque “Santé au pluriel” de HEC Montréal comme étant une entreprise pour favoriser la sous-traitance et la privatisation du réseau public québécois de services sociaux et de santé.

Tiré du site du Tam-tam communautaire de la Mauricie. L’auteur est coordonnateur de la Coalition solidarité santé.

Alors que les nouveaux établissements CISSS et CIUSSS peinent à boucler leur budget et coupent leurs services, les directions de ces établissements se sont fait dire, ce 4 février, par des entreprises privées et même par un sous-ministre de la Santé que la solution à leurs problèmes se trouve dans la sous-traitance et la privatisation des soins et services.

“On voit enfin à quoi servent les fusions-régionalisations du ministre Barrette : ouvrir au marché nos soins et services publics de santé”, déclare Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition.

Il cite le mémoire de la Fédération des Chambres de commerce (FCCQ) sur le Projet de loi no 10 : “Les entreprises peuvent profiter des marchés publics pour prendre de l’expansion […] dans les fonctions susceptibles de faire l’objet d’une sous-traitance concurrentielle…” Il ajoute : “Pas étonnant que la FCCQ fasse partie des organisateurs de l’événement d’aujourd’hui, avec le Conseil des entreprises privées en santé et en mieux-être (CEPSEM).”

M. Benoit rappelle que le ministre Barrette avait déclaré en commission parlementaire sur la loi no 10 : “Bien des gens […] viendront nous dire que c’est un projet qui favorise la privatisation ! Y’a rien là-dedans, là, qui vient favoriser la privatisation”.

La Coalition Solidarité Santé avait pourtant fait le bilan des premières fusions de 2004 qui avaient créé les CSSS. Le principal problème qui en avait résulté était l’augmentation de la privatisation.

Pour la Coalition, la loi no 10, en fusionnant à plus grande échelle encore, ne pouvait qu’empirer cette situation. “Faire la même erreur deux fois en toute connaissance de cause, ce n’est plus une erreur, c’est un choix : le choix d’un ministre et de son gouvernement”, continue M. Benoit.

De plus, tenant compte du fait que la loi no 10 a ramené tous les nouveaux établissements CISSS et CIUSSS sous la surveillance du Commissaire au lobbyisme du Québec, la Coalition Solidarité Santé aimerait bien savoir si ce colloque était couvert par la loi sur le lobbyisme.

Au sens de la présente loi, sont couvertes “toutes les communications orales ou écrites avec un titulaire d’une charge publique en vue d’influencer ou […] comme étant susceptibles d’influencer la prise de décisions relativement à l’élaboration, à la présentation, à la modification ou au rejet d’une proposition législative ou réglementaire, d’une résolution, d’une orientation, d’un programme ou d’un plan d’action…”

M. Benoit explique : “Le colloque a voulu convaincre les PDG en leur répétant à plusieurs reprises que “la population est prête à ça” (le privé). On leur a montré que depuis 1981, les dépenses privées en santé ont augmenté sensiblement, en passant sous silence que ce n’était pas un choix. Désassurance de certains soins et services, déficit zéro de Lucien Bouchard, fermeture de sept hôpitaux, virage ambulatoire et mise à la retraite de 18 000 employées et employés des soins et services ont forcé la population à recourir au privé. Et le gouvernement actuel poursuit dans la même veine depuis son arrivée avec son austérité et ses coupes de budget”, fulmine M. Benoit.

La Coalition Solidarité Santé rappelle également que le privé, parce que son objectif premier est le profit, offrira toujours des services en quantité et de qualité moindres, ou avec du personnel réduit, moins qualifié ou sous-payé, et / ou à un coût plus élevé que le public. Les coûts supplémentaires liés à ce profit, en plus de ne permettre aucune économie au Trésor public, ne se traduisent pas en de meilleurs services aux personnes.

La Coalition en veut pour preuve le rapport de 2011 de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), cité par la Vérificatrice générale, qui qualifiait les marchés publics “d’un des principaux domaines à risque” de gaspillage de fonds publics, de malversations et de corruption, vu “l’étroite interaction des intervenants publics et privés”.

“Le colloque de ce jour ressemblait drôlement à ça : une étroite interaction d’intervenants publics et privés, compare M. Benoit. Même le dernier point à l’ordre du jour était libellé “Lunch réseautage”. Sans doute une façon pour les organisateurs de mettre une dernière “Touch” à la rencontre !”, ironise-t-il.

Pour régler leurs problèmes de budget, la Coalition Solidarité Santé conseille plutôt aux gestionnaires du réseau public d’appuyer la mise en place d’une assurance médicaments 100 % publique qui permettrait d’économiser de un à trois milliards de dollars annuellement, lesquels pourraient être réinvestis dans les établissements.

“Le remède aux coupures, ça existe !”, conclut M. Benoit.

Jacques Benoit

Coordonnateur de la Coalition solidarité santé.

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