Édition du 10 décembre 2024

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Colombie : Gustavo Petro, ancien guérilléro a mené campagne contre le candidat de droite I. Duque lors de la dernière élection présidentielle

Amy Goodman : En Colombie, le politicien de droite Ivàn Duque, à été assermenté à la Présidence du pays. Il a été choisi par l’ancien Président de droite, Álvaro Uribe et s’est engagé à remettre en cause l’entente de paix historique avec les FARCs. L’ambassadrice américaine aux Nations Unies, Mme Nikki Haley, l’a rencontré juste avant l’assermentation pour discuter des relations entre les deux pays et de la guerre à la drogue que les États-Unis soutiennent partout en Amérique latine. M. Duque s’oppose aussi à la légalisation de la drogue. Les protestataires partout dans le pays se sont prononcé contre cette assermentation et demandé la fin de la vague d’assassinats des dirigeants.es de la défense des droits humains.

Democracy Now, 10 août 2018
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr

Introduction

Tout juste avant l’assermentation j’ai discuté avec Gustavo Petro. Il est arrivé deuxième dans cette élection présidentielle avec 8 millions de votes. Ce serait le résultat le plus important accompli par un candidat de gauche à la présidentielle colombienne. En 1980, Gustavo Petro à été emprisonné et torturé parce qu’il faisait parti du mouvement de guérilla M-19. Plus tard, il a mené la charge pour que le Congrès colombien enquête pour mettre à jour les liens entre les paramilitaires des escadrons de la mort et des politiciens.nes de haut rang. Il a été maire de Bogotá et il vient d’être élu au Sénat colombien.

J’ai d’abord demandé à Gustavo Petro, à Bogotá, ce qu’il pense des nouvelles qui nous viennent du Venezuela leur voisin à l’est. Samedi (10-08-18) le Président venezuélien Nicolás Maduro à apparemment été visé par une attaque au drone chargé d’explosifs qui a détonné au-dessus de sa tête alors qu’il faisait une intervention publique télévisée. Il n’y a pas eu de blessures. N. Maduro à blâmé ses opposants.es de droite et le gouvernement colombien pour cette tentative d’assassinat. J’ai demandé à Gustavo Petro sa réflexion sur cet incident.

Gustavo Petro : (selon la traduction de l’Espagnol vers l’Anglais). Je pense qu’en général les gouvernements tentent de résoudre leurs propres conflits internes mais souvent, ils rendent leurs inhabilités évidentes en blâmant des actes perpétrés de l’extérieur ou de l’étranger. On ne peut pas nier qu’il y ait des interventions de l’extérieur ; aucun gouvernement n’agit complètement en indépendance ou en dehors du contexte international. Il y a des intérêts et des forces à l’extérieur d’une société donnée mais un gouvernement n’agit pas au mieux en faisant porter les responsabilités sur des forces externes. Il y a toujours une situation interne qui permet ces interventions.

Je pense que le Président Maduro doit absolument étudier en profondeur la situation interne dans son pays. Il n’y a pas de véritable dialogue. Il n’y a pas de programme clair quant à la transition vers une économie productive. Le Venezuela à longtemps vécu grâce à la rente pétrolière. Aucun plan n’existe ni au gouvernement ni dans l’opposition pour (changer cette situation). Il y a longtemps, le philosophe Gramsci à appelé cette situation, la crise intégrale. Le Président Santos n’est pas le problème. La société vénézuélienne vit une crise intégrale.

A.G. : Pouvez-vous nous parler de ce qui se passe maintenant en Colombie. Iván Duque, votre adversaire dans cette présidentielle, est assermenté. Que signifie sa victoire ?

G.P. : Cette journée est celle de beaucoup de questionnements en Colombie. En plus de l’assermentation, la campagne de ce nouveau Président n’a été qu’une sorte de glorification de l’ex Président Uribe. Il représente l’extrême droite dans le pays. Il a été jugé, investigué en rapport avec ses liens avec les groupes paramilitaires qui ont mené au génocide. En même temps aujourd’hui, dans des centaines de communautés et villes, sur les places et dans plus de 40 villes dans le monde, il y a des manifestations où ont proteste contre ce nouveau gouvernement en demandant que les décisions qui doivent être prises à propos de la vie, de la paix et de la justice, soient prises en Colombie.

Pour ce qui est de la vie : 330 leaders populaires ont été assassinés.es par ces forces de droite. Au cours des récents mois, elles ont menacé des milliers d’opposants.es politiques. Pour ce qui est de la paix : durant la campagne le nouveau Président à annoncé qu’il allait éliminer des aspects essentiels du pacte de paix conclut par le Président Santos avec le mouvement des FARCs. Pour ce qui est de la justice : L’ancien Président Uribe à été convoqué au tribunal pour témoigner à propos de pots-de-vin qu’il aurait donné à des témoins pour tenter de le disculper de ses propres liens avec des groupes paramilitaires. Il a aussi lancé depuis son siège de Sénateur une campagne pour discréditer la Cour suprême. Il avait déjà commencé cela quand il était à la présidence. Dans les faits, il a enregistré illégalement les communications entre les juges de cette cour, le plus haut tribunal du pays.

A.G. : Gustavo Petro, pouvez-vous nous parler d’Iván Duque ? Quels sont ses liens avec M. Urube, jusqu’où vont-ils et qu’est-ce qui vous préoccupe le plus dans les messages qui sont envoyés, pas tellement à l’intérieur du pays, mais à l’extérieur où les gens ne sont pas si familiers avec la politique colombienne ?

G.P. : He ! bien, très peu d’entre nous le connaisse. Je ne le connais pas non plus. C’était vraiment une figure inconnue jusqu’à il y a 4 ou 5 mois. C’est le pouvoir du leadership de l’ex Président Uribe sur une partie de la droite colombienne qui lui a permis de devenir Président. Avant de devenir Sénateur, sans avoir passé par une élection, il vivait à Washington où il organisait des concerts pour amuser le personnel de la Banque de développement interaméricaine. On n’en sait guère plus à son propos.

Ce que nous connaissons bien, c’est le discours qui l’a amené à la Présidence. C’est exactement le même discours que celui d’Á. Uribe. C’est ce lien qui inspire les préoccupations et la peur, ce qui à poussé 8 millions de personnes à voter pour moi, pour que j’accède à la Présidence. On craint que la petite miette de paix et de démocratie qui a été bâtie en Colombie, soit détruite comme les libertés publiques, l’indépendance judiciaire et le respect des différences.

Si vous examiné le c.v. de la personne qui va représenter la Colombie à l’Organisation des États Américains, M. Alefandro Ordónez, vous allez comprendre que vous êtes devant le c.v. d’un antisémite, d’un homophobe qui agit en conséquence. Son idéologie est fasciste. C’est lui qui va nous représenter à l’Organisation des États Américains.

Si vous analysez une petite partie d’un récent discours de celui qui vient d’accéder à la Présidence, et qui concerne les politiques contre la drogue, vous allez découvrir des déclarations inquiétantes (…) : La Colombie est un des pays les plus violents dans le monde, un des plus inégaux, presque le plus inégal d’Amérique latine. Ce sont les causes de la montée en puissance des trafiquants.es de drogue avec leurs intérêts autour de la cocaïne.

La politique élaborée à Washington pour mettre fin au trafic de drogue repose sur la confrontation militaire et la répression. Elle a fait de la Colombie un pays violent, à atteint une grande partie de l’Amérique latine, et a rendu plusieurs villes américaines violentes, parmi les 50 plus violentes de la planète. La Colombie paye un lourd tribut à cette politique avec des centaines de milliers de morts, la destruction de sa démocratie comme au Mexique, au Guatemala, au Honduras en Amérique centrale, au Venezuela, au Brésil et en Équateur. Mais ce prix est aussi payé aux États-Unis. Les nouvelles statistiques sur les morts dans ce pays par surdoses de drogues bien plus dommageables que la cocaïne parlent de 60,000 morts. Voilà le bilan de cet échec.

Le Mexique se dirige vers une politique progressiste de lutte contre la drogue. Il va cesser de prendre le problème par la confrontation, d’un angle militaire et répressif et va développer une stratégie sociale pour s’en sortir. La Colombie a pris cette direction. Quand j’étais maire de Bogotá, nous avons pris des mesures correctes et les statistiques montrent que ça fonctionnait. Le Président Uribei a annoncé encore une fois des brulis des cultures de coca, l’emprisonnement des utilisateurs.trices de drogues et un renforcement des méthodes répressives de l’armée et de la police. En cela il suit les recommandations du Président Trump et le chemin qui pourrait mener notre société vers encore plus de violence.

Aujourd’hui, nous faisons face à de nouveaux acteurs dans la violence. Ce ne sont plus les FARCS, elles ont été désarmées. Ce ne sont plus les guérillas armées du temps de la guerre froide. Ce ne sont plus, non plus, les dirigeants.es paramilitaires maintenant extradés.es vers les États-Unis non pas pour être traduits.es en justice pour le génocide qui peut leur être imputé en Colombie, mais bien pour trafic de drogue. Mais il existe maintenant, une stratégie à la grandeur des Amériques élaborée par les cartels de la drogue qui a des racines aux États-Unis, au Mexique, en Amérique centrale et en Équateur pour tenter de s’emparer de la production des feuilles de coca et de la cocaïne de Colombie. Cela peut mener à de plus grandes violences que celles que nous avons connues jusqu’à maintenant. I. Duque n’a pas l’air de se rendre compte de cela. Dans cette ignorance ou ce manque de connaissances, il tente de faire croire à des FARCS armées qui n’existent plus comme moyen de maintenir un pouvoir politique sur la société colombienne en imitant la politique de D. Trump. Cela peut plonger la Colombie dans une nouvelle ère de violence.

C’est de ce danger dont nous parlons. C’est ce qui explique l’augmentation des assassinats de dirigeants.es populaires : 300 au cours des derniers mois. C’est ce qui explique les menaces contre le système judiciaire. À cause de cela, il y a une lutte interne dans l’armée, la police pour examiner sérieusement ces forces et tenter de reconnaitre les alliés.es du processus de paix, et essayer que les postes de direction soient attribués aux tenants.es de la ligne dure, les faucons qui risquent d’entrainer la Colombie dans une guerre sale.

A.G. : (…) Votre assistante, Mm. Ana María Cortés a été assassinée durant les dernières semaines de la campagne électorale. Pouvez-vous nous parler d’elle ? Pensez-vous que c’était un message qui vous était adressé ?

G.P. : Elle n’a pas été la seule. Beaucoup de militants.es de Colombia Humana l’ont été. Dans la seule province de Cesar, une région administrative sur les 30 du pays, 72 militants.es de notre mouvement ont été assassinés.es. Mon frère vient juste de recevoir des menaces à son domicile. Mes communications avec le Bureau du procureur ont été interceptées depuis 18 mois. Ma famille vit en exil. Il y a des millions de Colombiens.nes qui ont peur, nous avons peur. En public, on peut surmonter sa peur et au moins ne pas tomber dans la paralysie. Mais c’est la réalité aujourd’hui en Colombie et c’est ce à quoi le nouveau Président Duque devra répondre.

A.G. : Vous avez peut-être perdu, Gustavo Petro, mais vous avez quand même fait l’histoire avec 8 millions de voix contre 10 millions pour I. Duque. Vous avez engrangé plus de votes que n’importe lequel autre politicien de gauche dans l’histoire colombienne. Pouvez-vous nous parler de votre vision de la Colombie et pourquoi pensez-vous que cette vision n’a quand même réussi à vous mener à la victoire ?

G.P. : Je ne partage plus la politique entre gauche et droite. Je pense que c’était une manière plutôt logique ou relativement réaliste la décrire au 20ième siècle mais, aujourd’hui la politique se partage entre vie et mort. Les changements climatiques se passent partout dans le monde entre ces deux côtés déterminants. D’un côté, nous avons D. Trump, N. Maduro, et I. Duque et de l’autre nous avons tous ceux et celles parmi nous qui veulent répondre et s’adapter le plus vite possible à ces changements en transformant la société et la politique colombiennes. C’est vie et mort.

Qu’est-ce que nous défendions en Colombie ? Que nous devons absolument développer un mouvement pour la vie à partir du respect de la nature et donc sortir d’une économie basée sur l’extraction et l’exportation du charbon. Nous sommes les cinquièmes exportateurs de charbon dans le monde. Cela veut dire que nous avons de lourdes responsabilités en regard des changements climatiques. Nous voulons avancer vers une économie productive en agriculture et dans l’industrie basée sur les connaissances pour que nous soyons capables de vivre en harmonie avec la nature. Nous voulons avancer vers une économie à zéro carbone. Ce sont les principaux types de propositions que nous avons défendus principalement dans notre campagne. C’est ce que nous voulons.

A.G. : C’est très intéressant que vous regroupiez Trump, Duque et Maduro. (…) Je veux que nous revenions à la tentative d’assassinat que N. Maduro à subit. Dimanche, le Président bolivien, Evo Morales, à tweeté : « Aux cours des derniers 12 mois, le Vice-président américain, Mike Pence, à fait 3 voyages en Amérique latine où il a rencontré au moins 8 Présidents à qui il a demandé de soutenir l’intervention militaire contre notre frère, le Président vénézuélien, N. Maduro. Ce sont des tentatives de coups d’État de l’empire ». Avez-vous l’impression que les États-Unis sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans ce qui ressemble à une tentative d’assassinat contre N. Maduro ?

P.T. : Je rejette toutes les méthodes violentes pour résoudre les conflits sociaux en Amérique latine. Nous avons expérimenté les guerres révolutionnaires pendant 30 ans. Moi-même j’ai été le protagoniste de ces méthodes à titre de membre du mouvement M-19 qui a rendu les armes en 1989. Et le vote populaire lui a donné la majorité, il a joué un rôle important dans l’élaboration du la Constitution de la Colombie en 1991, une constitution profondément démocratique.

Nous avons subit des années de dictature militaire, d’exil. Le mot « démocratie » à pour ainsi dire été effacé en Amérique latine. Ce n’est qu’au début du 21ième siècle qu’une sorte de printemps à commencé à bourgeonner avec des victoires électorales progressistes, populaires ; nous avons vu de nouveaux chemin s’ouvrir. Nous ne pouvons pas retourner en arrière même si les dictatures sont toujours présentes comme par exemple au Brésil et je pense au Venezuela. Elles menacent au Nicaragua et au Honduras. La Colombie est aussi sous cette menace mais nous ne pouvons pas non plus retourner aux temps des guerres révolutionnaires et tenter de régler les conflits par la violence.

Je pense que nous devons protéger les avancées non violentes et y persévérer pour travailler à résoudre nos propres conflits. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’attaques violentes contre N. Maduro. Ça ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’intérêts qui voudraient voir la société vénézuélienne s’effondrer. Mais ces mêmes intérêts qui ont mené les sociétés libyenne, iraquienne et syrienne à l’effondrement ces sont ceux qui se cachent derrière le sale jeu autour des intérêts pétroliers et du marché mondial du pétrole. L’effondrement immédiat du Venezuela entrainerait celui de la Colombie parce que des millions de Colombiens.nes qui se sont exilé dans les années passées à cause de la pauvreté économique du pays, y reviendraient. Et comme dit le Pape François, ces exodes ne font que créer de nouveaux espaces pour l’esclavage et la violence.

Je sais aussi qu’il y a des tenants.es de la ligne dure, des racistes, des xénophobes, et le secteur impérialiste aux États-Unis qui, avec leurs alliés.es en Europe, croient pouvoir dominer le monde et s’arranger pour intégrer les centaines différentes visons de la culture humaine dans leur manière exclusive de penser et d’agir. Mais je suis profondément convaincu que ce sont les peuples eux-mêmes qui transforment leurs sociétés.

J’ai soulevé l’enjeu des changements climatiques. J’ai proposé au Colombiens.nes d’en faire la base fondamentale de notre politique internationale ce qui nous permettrait ensuite, de déterminer qui sont nos alliés.es et qui est de l’autre bord. Ensemble, dans un seul parti politique, généralement parlant, en termes globaux, quelqu’un comme N. Maduro et comme D. Trump sont ensemble parce que la vague progressiste qui a envahi l’Amérique latine à partir du début du 20ième siècle à consolidé son rôle en augmentant les revenus, le désir authentique de réduire les inégalités dans la partie du monde la plus inégale en utilisant la rente générée par la montée des prix du pétrole, du charbon et du gaz sur les marchés internationaux. On ne peut plus avancer comme cela comme le montre la situation du Venezuela mais les gouvernements de l’Équateur, de la Bolivie et du Brésil en partie ont quand même continué sur ce chemin. Je pense que cela à amené une crise qui a violé les propres principes démocratiques affichés. Nous le voyons au Venezuela et maintenant aussi au Nicaragua.

Un nouveau progressisme émerge. Pour faire image, on peut dire qu’on voit un nouvel axe entre le Mexique, Bogotá et Sao Paulo et une importante force (de gauche) vient de gagner la Présidence mexicaine. Nous avons fait de même en Colombie avec 8 millions de voix et il se peut que cela arrive au Brésil si l’actuelle dictature le permet. Ce nouvel axe devrait proposer un nouveau rôle pour l’Amérique latine dans l’ordre international : le rejet de notre statut d’exportateurs de matières primaires, de pétrole brut qui est la recette nécessaire pour mettre la Colombie à genoux. Nous avons donc besoin d’un nouveau rôle. Il nous faut une production basée sur les connaissances, une production sans carbone. Une production sans carbone et donc une nouvelle démocratie. C’est ce que nous proposons au monde.

Ce nouvel axe progressiste aurait un allié très puissant : l’humanité elle-même qui mettrait en évidence sa supériorité morale et politique, la supériorité de ses arguments basés sur la science. Je pense que c’est cela que nous sommes en train de construire en Colombie, en Amérique latine. C’est avec cela que nous irons de l’avant que nous allons défendre aux cours des prochains mois et années.

A.G. : Nous discutons en ce moment avec le Sénateur colombien Gustavo Petro. (…) L’ambassadrice Nikki Haley est à la tête d’une délégation américaine à l’assermentation de M. Iván Duque au moment où nous nous parlons. Elle a écrit dans le Miami Herald : « C’est sans équivoque que les États-Unis sont aux côtés des peuples vénézuéliens et nicaraguayens contre leurs gouvernements corrompus. La Colombie nous présente un modèle pour les aspirations démocratiques. Nous allons examiner les manières possibles de travailler avec le nouveau gouvernement de Bogotá pour nous assurer de modèles de liberté durable dans les Amériques ». Le Washington Post rapporte les propos d’un fonctionnaire américain non identifié : « La Colombie va avoir le Président le plus pro américain de toute l’Amérique latine ». Que pensez-vous de tout cela ?

G.P. : Je pense que depuis 1950, tous les Présidents colombiens ont été les plus pro États-Unis de l’Amérique latine peu importe les politiques américaines au fil du temps. La Colombie fait partie du petit nombre de pays qui ont rejoint les États-Unis dans la guerre de Corée. La brigade qui à participé à cette guerre est revenue au pays pour tuer les insurgés.es ce qui a donné naissance aux FARCs. Les ordres venaient du Président du temps qui a fait des discours favorables à Hitler et Mussolini. Ils avaient été défaits aux cours de la seconde guerre mondiale mais plutôt que de subir un procès du genre de Nuremberg, ils ont décidé de devenir les meilleurs alliés des États-Unis à condition qu’ils ne soient jamais accusés et poursuivis pour génocide. Voilà ce qu’à été l’histoire des Présidents colombiens. Le comportement de l’actuel Président, M. Duque est parfaitement traditionnel.

Mais, Mme l’ambassadrice américaine aux Nations Unies se trompe quand elle parle de la Colombie. Premièrement, elle oublie les analyses et déclarations de son collègue ex-ambassadeur Myles Frechette qui, il y a quelques années, a dit publiquement que le gouvernement Uribe était un allié des intérêts des trafiquants.es de drogue. C’est ce gouvernement qui a fait la paix avec les groupes paramilitaires et qui, plutôt que de les déférer devant la justice….C’était la consolidation de l’alliance avec les trafiquants.es.

(…) Et elle vient nous dire que la liberté règne ici, la liberté que nous voudrions voir partout en Amérique latine. Non, je regrette Mme l’ambassadrice. Ils ont tué 330 dirigeants.es aux cours des derniers mois. Je ne pense pas que ce soit le genre de liberté que les États-Unis veulent pour l’Amérique latine. Ce n’est pas la liberté. Je suis personnellement menacé. C’est ce genre de liberté que les États-Unis veulent voir s’installer ?
Passons à un enjeu spécifique et fondamental. À titre de candidat à cette présidentielle, j’ai eut une rencontre avec l’ambassadeur américain en poste en ce moment (en Colombie). Si les États-Unis veulent vraiment que l’exode latino américain cesse, s’ils veulent un rapport sérieux basé sur l’amitié ils doivent commencer par changer leur propre politique sur la drogue. Actuellement, cette politique repose principalement sur la lutte militarisée et la répression dirigée contre les usagers.ères de drogue, contre les paysans qui produisent les feuilles de coca. En ce moment, l’Amérique latine en saigne de partout. Ça nous mène vers la mort violente de la société latino américaine. Mais en même temps, ça mène à la mort par surdoses aux États-Unis même, parce qu’on n’amoindrit pas les dommages en appliquant une politique qui tienne plus compte de la science.

J’inviterais Mme l’ambassadrice américaine aux Nations Unies, maintenant qu’elle est à Bogotá, à réexaminer avec les scientifiques, objectivement, l’actuelle politique sur la drogue qui est profondément criminelle et inefficace partout dans les Amériques.

A.M. : Gustavo Petro, vous avez dit que votre propre vie est menacée. Avez-vous reçu des menaces de mort ?

G.P. : Oui. La dernière date de deux semaines. Un dépliant, émit contre les plus importants.es opposants.es en Colombie par un groupe appelé les Aigles noirs, à été distribué. Ils ont menacé des milliers de personnes partout dans le pays aux cours des deux derniers mois. Les menaces qui s’y trouvent sont grotesques, ils disent entre autre que nous ne devrions pas être l’opposition à I. Duque.

Pas un seul membre de ces Aigles noirs n’est en prison. Il n’y a jamais eut de combat. Il n’y a aucune preuve de l’existence d’une organisation indépendante du gouvernement qui soit appelée Aigles noirs. Ils ont pourtant fait des menaces depuis l’extrême nord dans la péninsule de Guajira jusqu’à l’extrême sud à Leticia dans l’Amazone. Aucune organisation n’a les capacités de couvrir ainsi tout le territoire colombien sauf le gouvernement.

Les menaces sont rendues publiques par des hauts fonctionnaires de l’État colombien. Ils ont créé des groupes internes, clandestins et ceux qui sont aux commandes (de ces actions), se battent pour devenir les hauts dirigeants de la police, de l’armée et des agences de renseignement dans le futur gouvernement Duque. Voilà ce que sont les Aigles noirs (Águilas Negras). Ce sont eux qui ont proféré la majorité des menaces.

Notes- Ici, je me demande s’il n’y a pas erreur sur le nom et qu’il ne faudrait pas lire « Duque » la phrase étant au présent. N.d.t.

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