Édition du 26 mars 2024

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Europe

Crise sanitaire covid-19 et ses variants en France

Ou en est le moral des Français ?

ENQUETE D’OPINIONS

De Paris, Omar HADDADOU

Eléments de réponse à notre titre interrogatif sur l’impact du durcissement du protocole sanitaire et ses dissensions inhibitrices, résident dans cette sortie, entreprise à Paris et sa région, quelques heures avant le couvre-feu. La coercition officielle et l’appréhension collective exacerbée par un marasme torturant durant la pandémie, sont les leitmotivs des personnes interrogées.

Le ciel se brouille sur les hauteurs de Romainville. Tout indique que l’agitation humaine, sur le fil du rasoir depuis 2019, a pris ici un sacré coup.
Une symptomatologie dramatique !
Avide de liberté, le chien Braque allemand de Malika tire, à se tordre la jugulaire, de toutes ses forces sur la laisse. Elle peine à le retenir : « C’est l’effet du confinement, Monsieur ! » s’exclame la dame derrière son masque en réponse à mon rictus à peine décelable. J’en profite pour m’enquérir de l’impact psychologique de la maladie infectieuse aux visées planétaires. Une fois l’animal de compagnie rappelé à l’ordre, elle admet : « Moi, j’ai de la chance. Je suis à la retraite depuis deux mois. J’en connais qui en pâtissent sérieusement. Sur le plan financier, je n’ai pas de problème pour le moment. Quant à la crise, j’essaie de ne pas trop y penser pour ne pas sombrer dans l’angoisse. La pratique du Yoga m’a beaucoup aidée. Personne ne sait comment va se terminer cette histoire. En France, les indisciplinés ne respectent ni loi, ni l’effort consenti par la majorité. C’est malheureux ! ».

En déplacement dans la commune des Lilas en Seine Saint-Denis, le chef d’entreprise Jérôme, un sexagénaire originaire de l’Oise, est à la bourre. Les bras lestés de dossiers, le pas alerte, il daigne répondre à ma requête : «  J’ai espoir de la mise au point d’un vaccin efficace contre cette pandémie. Quand j’entends certains spécialistes dire que cela prendrait des années, j’en déduis qu’on est dans la gueule du loup. Sur le plan moral, je vis en totale rupture avec mes amis et les membres de ma famille. Je suis autonome par rapport à la viabilité de mon activité professionnelle. La prestation de service, je l’assure au client en me déplaçant personnellement et en respectant les consignes sanitaires. A quand le bout du tunnel ? C’est la grande inconnue. La force de frappe des variants sème la panique et les hôpitaux n’arrivent pas à suivre. Il y a de quoi s’inquiéter ».

A quelques encablures, sur la rue des Bruyères, Matéo le postier s’apprête à enfourcher son vélo de service pour poursuivre sa tournée. Je hasarde un bonjour prévenant, suivi de l’objet de ma demande. De but en blanc, l’agent sentencie : «  Comment voulez-vous que je me trouve alors que l’épée de Damoclès pèse sur mes collègues et moi en cette période de crise sans précédent. La direction s’est engagée à prendre des décisions radicales, au cas où la crise perdurait. Comprenez des licenciements et des départs forcés. Le pire est à venir. Rappelez-vous de ce que je viens de vous dire ! »

Allons voir du côté de la capitale. Paris, ville des Lumières, de l’apparat, des extravagances débridées, carrefour des épicuriens invétérés, des entichés et des âmes fourvoyées, m’accueille dans un silence de cimetière. On est vraiment bien peu de chose ! Chirurgienne-Dentiste, Anne-Marie fait partie des professionnels bien lotis. Sous son parapluie, elle laisse vagabonder son regard au gré de l’écoulement à surface libre de la Seine. Son cabinet n’a pas été impacté. A ce propos, elle déclare : « Je suis contente de pouvoir continuer à travailler. Personne ne s’attendait à une telle ampleur. C’est vraiment déprimant ce que nous vivons. On mesure l’importance des interactions humaines. Oui, comme tout le monde, je ressens quand même une certaine affliction. On sera plus content quand le virus aura disparu ».

L’air guilleret, s’échangeant une clope douteuse, deux étudiantes en attente de leur soutenance (à cause du Covid-19) s’apitoient sur le sort des péniches rongeant leur frein à en mourir : «  Je n’ai pas le choix que de respecter les recommandations et d’attendre, explique Amandine sur un ton amer. Je ne vais pas tirer des plans sur la comète. Mon souci est de meubler mes journées pour éviter la déprime. Les médias font état de cas de suicide  ».

Aline, sa copine, ne cache pas son incompréhension dans le tohu-bohu ambiant, les thèses et les antithèses se disputant la primauté à tous les niveaux : « Dans l’état actuel des choses, j’ai du mal à me projeter dans l’avenir. Je ne sais pas où on va dans les prochains jours. Chacun cherche à s’afficher comme le détenteur de la vérité. On est dans l’émotionnel. C’est très difficile d’être objectif. On n’a pas vu venir la tragédie sanitaire ! »

O. H

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