Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Enbridge face à la mobilisation citoyenne

Cette semaine, s’achève la Commission parlementaire portant sur l’inversion du flux pétrolier de la compagnie Enbridge qui, comme chacun le sait, pourrait, si cette demande est considérée faire couler de ses veines sulfureuses le sang de la résine des sables bitumineux de l’Alberta pour le début de 2014.

Depuis le début de l’année 2012, suite à l’annonce de la compagnie Enbridge devant sa requête à l’Office national de l’énergie pour l’obtention d’une nouvelle licence de transporter du pétrole brut Albertain, l’urgence était à la création de groupes de mobilisations citoyennes afin de sensibiliser la population de nos milieux respectifs sur les impacts d’une telle décision. Il était devenu clair que nous, les citoyenNEs devions nous regrouper sous un même toit afin d’augmenter notre rapport de force avec les élus du municipal, du provincial que du fédéral. Ces groupes citoyenNEs dont le groupe auquel je participe, CitoyenNEs contre les sables bitumineux des Basses-Laurentides, se sont ainsi rassembler sous une même coalition dès le printemps dernier. La Coalition vigilance oléoducs (CoVO) devenait la courroie d’entrainement ayant pour objectif de mobiliser les militantes et les militants les plus actifs parmi nous sur le terrain afin de dénoncer ce projet absurde et insensé auquel le gouvernement péquiste avouant avoir un préjugé favorable avant même d’en connaitre les conséquences environnementales. Qu’il ne semble toujours pas maitriser à ce jour d’ailleurs.

Heureusement pour nous, des sympathisants à notre cause tels que les groupes écologistes, Greenpeace, Équiterre, l’Association québécoise contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et de nombreux autres organismes, ont vite fait de collaborer afin de soutenir cette cause commune lors de nos 5 conférences de presse conjointes, à ce jour, en plus de nombreuses articles journalistiques portant sur nos actions citoyennes ainsi que notre détermination à répliquer par les canaux médiatiques, lorsque cela était possible, aux attaques vicieuses des lobbies proches de la pétrochimie de Montréal-Est et ses vassaux que sont les Chambres de commerces et le Conseil du Patronat du Québec. À ne pas oublier en parallèle à cela, des actions de sensibilisation directement auprès du public sur le long de cette ligne dite 9b de la compagnie Enbridge.

Par ailleurs, à d’autres niveaux, la CoVO a présenté un mémoire dans le cadre des consultations portant sur les enjeux énergétiques du gouvernement du Québec en septembre dernier. Ce mémoire visait avant tout à dénoncer l’obscurantisme du gouvernement Marois replié sur sa volonté indéfectible consistant à l’extraction du pétrole dans l’estuaire du St-Laurent, de l’Île d’Anticosti et de la péninsule Gaspésienne. Pour plusieurs scientifiques, voir même le rapport de la firme Génivar, mandaté par le gouvernement, suggérait une catastrophe écologique appréhendée vue la fragilité de ces écosystèmes marins.

S’ensuivit début octobre, les audiences fédérales de l’Office national de l’énergie du Canada auxquelles les citoyenNEs appuyés par les groupes écologistes ont perturbé les auditions dans le but de démontrer le caractère irresponsable sur le plan de la transparence de ces audiences de par sa forme et son contenu. Fin novembre, la Commission parlementaire du Québec, mise sur pied en catastrophe, à deux semaines de préavis, n’était en réalité qu’une copie conforme des plaidoiries de l’Office national de l’énergie, entrepris plus tôt, contre lesquels le ministre Blanchet lui-même avait critiqué le format limitatif.

Sur le plan personnel, cette expérience enrichissante m’a surtout permis de créer des liens avec des personnes fantastiques passionnées à défendre leur milieu, à défendre les générations futures. À chaque fois que je mets des visages sur des Alyssa, des Kristian, des Geneviève, des Nicholas, des Lily, des Audrey et tant d’autres, toutes et tous de jeunes personnes dans la vingtaine et au tournant de la trentaine, mais aussi des plus âgés, comme moi, décidés à changer ce monde replié sur lui-même cela me donne l’énergie de poursuivre la lutte contre cette mégalomanie du pétrole à tout prix. Pour la Coalition vigilance oléoducs, ces expériences enrichissantes ont permis de devenir plus efficaces sur le terrain. Ainsi, sachant que 2014 s’annonce une année charnière pour le déclenchement d’une élection provinciale dès le printemps prochain, nous serons là sur le terrain pour déboulonner les stratégies énergétiques axées sur l’intensification de notre dépendance aux énergies fossiles de la politique du gouvernement Marois.

2014 sera tout aussi fertile pour l’industrie des oléoducs notamment pour Enbridge dans l’attente de d’obtention de la nouvelle licence de transport du pétrole lourd issu des sables bitumineux. Il en va de même pour la compagnie Trans-Canada pipeline. Cette dernière voulant acheminer un million cent mille barils de pétrole par jour depuis les sables bitumineux et les gisements de Bakken dans le Dakota du Nord jusqu’au Nouveau-Brunswick, passant sur plus de 1400 kilomètres en sol québécois. Cela sans même aborder le port de haute mer convoité à Cacouna afin de transborder du pétrole sale, avéré trois fois plus polluant que le conventionnel, vers des contrés lointaines. Nos inquiétudes sont à son comble puisque la totalité de ces projets, sous gouvernance du gouvernement fédéral, s’inscrivent dans le déni le plus absolu visant à bâillonné la participation citoyenne. Le gouvernement québécois n’aura lui-même aucun levier politique pour freiner ces projets insensés.

La lueur d’espoir dans ce sombre paysage nous parvient des groupes de citoyenNEs. Ces groupes se sont ramifiés tout au long de l’année 2012-2013. Des liens solides commencent à émerger dans la péninsule Gaspésienne, le bas du fleuve, l’Estrie, ainsi que la porte d’entrée de ouest du Québec, entrée des sables bitumineux. Nous avons forgé des liens avec les maisons longues des nations Mohawks de Kanehsatà :ke et de Kanawake, avec les mobilisations de 350.org du Vermont, les groupes de l’Ontario, etc. Des rencontres stratégiques sont en cours. La prochaine bataille avec l’industrie sera de taille. Nous, les groupes citoyenNEs avons le devoir de tout faire pour rassembler nos forces vives autour d’une grande table afin de peaufiner des stratégies d’envergures auxquels nos élus ne pourront plus dorénavant faire la sourde oreille. Certes, ils ont le pouvoir et l’argent, en contrepartie, nous possédons le nombre et puisque nous parlons de rapport de force la partie n’est pas jouée d’avance.

Jean Léger, membre de la Coalition vigilance oléoducs.

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