Édition du 10 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Asie/Proche-Orient

Israël-Palestine : les (dé)raisons de l’escalade

Le lycée Saint-Exupéry de Mantes m’a invité hier à donner une conférence à ses étudiants, dont les candidats à l’Institut d’études politiques de Paris. Le hasard a voulu que cette rencontre intervienne en pleine crise en Israël, deux jours après le premier recul de Benyamin Netanyahou. D’où ces réflexions à vocation pédagogique sur « les (dé)raisons d’une escalade ».

Tiré du blogue de l’auteur.

Trois mois d’un mouvement de protestation inédit ont contraint Benyamin Netanyahou à un premier recul. Mais la crise est loin d’être terminée. D’autant que l’année 2023 marque d’ores et déjà une escalade de violences sans précédent depuis près de vingt ans. Depuis le 1er janvier, 90 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, et 14 Israéliens dans des attaques palestiniennes. Pourquoi cette explosion ? Quatre grands facteurs l’expliquent, que j’exposerai maintenant tout en rappelant au passage les grandes dates de l’histoire du conflit :

 Le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël

 Une jeunesse palestinienne qui se défend à nouveau par les armes

 Une communauté internationale attentiste

 Une impasse stratégique

J’évoquerai ensuite les obstacles à cette dérive, qui expliquent sans doute la « pause » annoncée lundi dans la réforme.

Le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël

Le premier facteur de l’escalade actuelle, c’est le nouveau cabinet israélien investi par la Knesset fin décembre 2022, suite aux élections législatives du 1er novembre[1] – les cinquièmes organisées en quatre ans par Netanyahou afin de reconquérir le pouvoir et d’échapper aux procès pour corruption qui pourraient l’amener en prison. Sa nouvelle coalition forme, selon l’ancien Premier ministre Ehoud Barak, un « gouvernement aux valeurs fascistes[2] ».

Autour d’un Likoud radicalisé (32 sièges sur 120), allié à deux partis ultra-orthodoxes plus théocratiques que jamais (18 sièges), il comprend, pour la première fois, trois partis suprémacistes, racistes et homophobes alliés au sein du Sionisme religieux (14 sièges). Aux dirigeants de ces derniers, Netanyahou a offert des ministères essentiels : à Itamar Ben Gvir la Sécurité nationale, à Bezalel Smotrich les Finances mais aussi la Cisjordanie et à Avi Maozl’Identité juive nationale[3]…

C’est à ces trois personnages que pense l’historien israélien des années 1930 Daniel Blatman en affirmant : « Cela rappelle vraiment l’Allemagne en 1933. » D’ailleurs, Smotrich lui-même n’a-t-il pas reconnu : « Je suis un fasciste homophobe[4] » ? Même la nièce de Netanyahou, la professeure Ruth Ben-Artzi, a rompu un long silence pour déclarer : « Ma famille promeut le fascisme[5] »…

La formule courante – « le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël » – me semble sous-estimer le changement qualitatif représenté par cette coalition. Elle s’inscrit, certes, dans la continuité de la politique anti-palestinienne des nationalistes israéliens, largement majoritaires dans l’opinion depuis des décennies. Mais elle marque aussi une rupture en en mobilisant la fraction la plus radicale, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’histoire le montre : le fascisme, c’est plus qu’une droite très à droite…

Cette coalition présente du coup un quadruple danger majeur :

 Pour les Palestiniens, car elle entend accélérer la colonisation en vue de l’annexion de la Cisjordanie, dont les ministres ultra-nationalistes rêvent d’expulser les Palestiniens. Cet objectif à plus long terme explique l’exceptionnelle violence des soldats, mais aussi des colons, qui comptent sur l’impunité pour leurs exactions : il s’agit pour eux de terroriser les Palestiniens afin qu’ils s’en aillent. Certains ministres prônent même le démantèlement immédiat de l’Autorité palestinienne. Quant à Jérusalem, la visite de Ben Gvir sur l’Esplanade des Mosquées, dès le 3 janvier, a témoigné de la décision d’y effacer au plus vite le statu quo de 1967[6] : dans le droit fil des décisions de Moshe Dayan à l’époque, cet accord signé avec la Jordanie permet aux Juifs d’y pénétrer, mais pas pour prier. Comme un symbole, le nouveau gouvernement a même interdit le drapeau palestinien, pourtant celui de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avec laquelle Israël a signé les accords d’Oslo et qui est membre observateur de l’ONU.

 Danger aussi pour les Israéliens. La coalition veut notamment marginaliser la Cour suprême, dernier garde-fou de la démocratie pour les citoyens juifs – et plus rarement pour les citoyens arabes, a fortiori les Palestiniens des Territoires occupés. Comment ? En permettant au gouvernement de contrôler la nomination des juges et au Parlement de passer outre la censure des lois par la Cour. C’est grave car cette institution joue en termes français un triple rôle : elle est à la fois le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État et la Cour de cassation – dans un pays dépourvu de Constitution, qui, sans elle, serait donc livré au bon vouloir de l’exécutif. Les suprémacistes rêvent même d’interdire les partis arabes[7] et de retirer la citoyenneté aux Israéliens « déloyaux » – et Ben Gvir de citer nommément deux députés, l’Arabe Ayman Odeh et le Juif Ofer Cassif[8]. La Knesset vient aussi de décider d’appliquer aux « terroristes » la peine de mort, qui n’a été infligée depuis 1948 qu’à Adolf Eichmann, l’organisateur de la « solution finale ». Peut-on comparer l’auteur d’un attentat, même meurtrier, au tueur des millions de victimes juives de la Shoah ?

 Danger pour les uns et les autres, car suprémacistes et haredim(littéralement craignant Dieu) entendent renforcer la théocratie, tournant le dos à l’aspiration d’une nette majorité à des réformes de caractère laïque[9] : monopole du judaïsme orthodoxe contre réformés et conservateurs (majoritaires outre-Atlantique), application stricte du shabbat, refus du mariage et du divorce civils, maintien de l’exemption du service militaire pour les étudiants des yeshivot (les écoles religieuses), etc. « Pureté juive »oblige, la coalition prévoit de rendre la loi du retour plus restrictive, quitte à réduire l’aliya (l’immigration)[10]…

 Danger enfin pour la région et le monde, car au risque d’une Troisième Intifada s’ajoute la perspective d’une opération militaire pour empêcher l’Iran de fabriquer sa bombe. Netanyahou « oublie » ce faisant que, si les mollahs ont pu enrichir massivement leur uranium, c’est parce que Donald Trump, sous sa pression, s’était retiré en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien…

Une jeunesse palestinienne tentée par la résistance armée

Le deuxième facteur de l’explosion actuelle, c’est la radicalisation d’une partie de la jeunesse palestinienne, qui commence, pour la première fois depuis vingt ans, à se défendre par les armes, voire l’action terroriste – j’utilise cet adjectif pour qualifier les attaques contre des civils innocents, qu’ils soient israéliens ou palestiniens. C’est notamment le cas à Naplouse et à Jenine, où des jeunes combattants sans appartenance politique traditionnelle s’unissent pour résister à l’armée israélienne et aux colons. La clé de cette évolution, c’est la fin de tout espoir de négociation qu’incarne le nouveau gouvernement israélien.

Il y a près de 30 ans, le 13 septembre 1993, les accords d’Oslo signés par Itzhak Rabin et Yasser Arafat amorçaient un processus censé mener à création d’un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël. La droite israélienne, conduite déjà par Netanyahou, organisa une campagne de haine qui déboucha sur l’assassinat d’Itzhak Rabin, le 4 novembre 1995, par un jeune juif religieux ultra-nationaliste. Quelques semaines plus tôt, un certain Itamar Ben Gvir, militant du parti fasciste interdit de Meir Kahane, brandissait à la télévision la plaque minéralogique de la voiture du Premier ministre et lançait : «  On est arrivés à sa voiture. On arrivera bien jusqu’à lui[11] »…

Depuis, la solution pacifique du conflit israélo-palestinien n’a plus avancé d’un pouce. En juillet-août 2000, le sommet de Camp David[12] prit acte de l’échec d’Oslo. Et la visite du chef de la droite d’alors, le général Ariel Sharon, sur l’esplanade des Mosquées, le 28 septembre 2000, provoqua la Seconde Intifada : en cinq ans, 1 000 Israéliens et 5 000 Palestiniens y trouvèrent la mort. Auxquels il faut ajouter les milliers de victimes des guerres de bombardements contre la bande de Gaza, en 2008-2009, 2012, 2014 et 2021.

Du « processus de paix », la jeunesse palestinienne d’aujourd’hui n’a connu que la colonisation et la répression, avec leur cortège de terres confisquées, de maisons détruites, d’oliviers arrachés, d’hommes et de femmes emprisonnés, souvent sans jugement, ou tués. Résultat : l’ONG israélienne Betselem recense début 2023 220 000 colons dans les 12 colonies de Jérusalem-Est et 500 000 dans les 144 colonies et 100 « avant-postes » (illégaux selon le droit israélien) de Cisjordanie, auxquels s’ajoutent les 30 000 du plateau syrien occupé du Golan. Et le nouveau gouvernement vient d’annoncer la légalisation de 9 « avant-postes », la construction de 7 000 nouvelles unités de logement dans les colonies ainsi que la relance du projet de colonisation dans la zone gelée dite « E1 » au nord-est de Jérusalem. Qui peut encore croire à l’avènement d’un État palestinien ?

Le printemps 2021 a représenté un signal d’alarme. Les provocations d’alors des suprémacistes à Jérusalem-Est ont placé Israël dans une situation qu’il n’avait jamais connue depuis 1948 : la jeunesse palestinienne s’est révoltée à Jérusalem, mais aussi en Cisjordanie et – pour la première fois – dans les villes dites mixtes d’Israël : Haïfa, Jaffa, Lod, Saint-Jean d’Acre… Lynchages réciproques, incendies, descentes de colons : ces cités vantées pour leur coexistence entre Juifs et Arabes ont connu le pire – le sentiment d’insécurité suscité par ces événements a d’ailleurs pesé lourd dans le succès de la droite et de l’extrême droite lors des élections législatives de novembre.

Il y a deux ans, les jeunes Palestiniens défiaient donc l’Occupant, mais aussi l’Autorité palestinienne à laquelle, comme la majorité de la population, ils reprochent à la fois sa gestion autoritaire, sa corruption et sa collaboration avec l’armée israélienne. Or Mahmoud Abbas n’a pas organisé d’élections depuis 2006. Fatah et Hamas s’étaient en principe mis d’accord pour tenir, à l’été 2021, deux scrutins, législatif puis présidentiel. Face au soulèvement, l’Autorité palestinienne a préféré les reporter, alors que 93 % des électeurs s’étaient inscrits sur les listes pour y participer. Cette décision a renforcé le sentiment d’absence de toute perspective.

Ce n’est donc pas un hasard si, depuis plusieurs mois, les « Lions » de Naplouse ou de Jenine font le coup de feu contre Tsahal, mais aussi à l’occasion contre la police palestinienne. Et des jeunes Palestiniens sans affiliation politique se livrent à des actions terroristes. Ce « retour aux armes » exprime donc clairement une double colère.

Une communauté internationale attentiste

Le troisième facteur de l’escalade, c’est l’absence de réaction ferme de la communauté internationale à la politique du nouveau gouvernement.

L’extrême modération avec laquelle les Américains et les Européens et, en conséquence, les Nations unies traitent l’État d’Israël n’est pas nouvelle. Le plan de partition onusien du 29 novembre 1947 avait créé deux États en Palestine, l’un juif et l’autre arabe. Au terme de la guerre qui s’ensuivit, le premier vit le jour sur un territoire augmenté d’un tiers, tandis que celui du second, mort-né, fut partagé entre Israël, la Transjordanie, qui annexa Jérusalem-Est ainsi que la Cisjordanie, et l’Égypte, qui occupa la bande de Gaza. Et 800 000 Palestiniens – quatre sur cinq– durent prendre le chemin de l’exil. Israël finit par être admis à l’ONU le 11 mai 1949, mais à la condition expresse d’obéir à ses résolutions. D’emblée, il refusa pourtant d’appliquer la résolution 194 qui, le 11 décembre 1948, établit le droit au retour des réfugiés.

Moins de vingt ans plus tard, au terme de la guerre de 1967, l’État juif s’empara du reste de la Palestine – Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza – ainsi que du Sinaï égyptien et du Golan syrien. Avec sa résolution 242, le 22 novembre 1967, le Conseil de sécurité exigea qu’il s’en retire en échange de la reconnaissance de son droit à l’existence. Non seulement Israël n’obtempéra pas, mais il annexa Jérusalem-Est et en entreprit la colonisation ainsi que celle des autres territoires occupés. Cette entreprise se poursuit 56 ans plus tard, malgré les condamnations répétées du Conseil de sécurité.

Mais jamais le fossé entre les paroles et les actes n’a paru aussi profond qu’aujourd’hui. Certes, la radicalisation du gouvernement d’Israël l’isole un peu plus sur la scène onusienne. Lors de la 77e Assemblée générale, en décembre 2022, seuls 4 États se sont opposés avec lui à la résolution sur « le droit à l’autodétermination du peuple palestinien[13] » : les États-Unis, les Îles Marshall, la Micronésie et Nauru. Peu après, une majorité a appuyé la demande palestinienne d’un avis de la Cour internationale de justice (CIJ) sur les conséquences de l’occupation[14]. Ayant qualifié cette démarche de « terroriste » (sic), Tel-Aviv a infligé à Ramallah des sanctions que plus de 100 États ont condamnées[15]. Et le Conseil de sécurité a réaffirmé, après la visite de Ben Gvir sur l’Esplanade des mosquées, la nécessité de respecter le statu quo sur les Lieux saints de Jérusalem[16].

Sauf que jamais ces déclarations solennelles ne se sont traduites par des sanctions, ni onusiennes, ni américaines ni européennes. Prenons l’exemple de l’Union européenne : l’article 2 de son traité d’association avec Israël, signé en 2000, stipule – comme tous les autres traités de ce type – que « les relations entre les parties devraient s’appuyer sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui guident leurs politiques intérieure et internationale ».

Conformément à cet article, Bruxelles n’a hélas pas manqué, depuis, d’occasions de suspendre l’accord et donc en particulier la détaxation des produits exportés vers les États de l’UE par Israël, soit un tiers des exportations de ce dernier. La Russie, qui occupe une partie du territoire ukrainien depuis neuf ans et a tenté d’envahir le reste il y a un an, fait l’objet de sanctions occidentales sévères, auxquelles échappe Israël après plus d’un demi-siècle d’occupation et de colonisation des Territoires palestiniens… Et pourquoi Bruxelles, qui menace la Hongrie de Viktor Orban en raison de son « illibéralisme », ne réagit pas aux atteintes aux libertés dont Netanyahou menace Israël ?

Ce « deux poids deux mesures » alimente évidemment les projets du nouveau gouvernement israélien. Si la colonisation n’a pas été sanctionnée, pourquoi l’annexion le serait-elle ?

L’attentisme de la communauté internationale tient aussi à un quatrième et dernier facteur : l’absence d’alternative crédible à la stratégie israélienne.

Une impasse stratégique

Depuis la guerre de 1967 et a fortiori les accords d’Oslo de 1993, la solution avancée par l’ONU, fondée sur son plan de partage de 1947, est la création d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale, aux côtés de l’État d’Israël qui se retirerait de ces territoires. Mais les diplomaties qui s’en tiennent à cette perspective savent qu’elle est de moins en moins réaliste :

 Et d’abord en raison de la radicalisation de la politique israélienne. Jusqu’aux années 2010, tous les gouvernements, y compris ceux de Netanyahou, n’avaient pas formellement renoncé à la solution bi-étatique. Depuis 2020, Tel-Aviv a mis le cap sur l’annexion. Certes, le Premier ministre a renoncé à légaliser celle-ci, afin d’obtenir la signature des accords d’Abraham par plusieurs États arabes. Mais, avec la formation de la nouvelle coalition fin décembre 2022, l’annexion est redevenue l’objectif affiché du gouvernement.

 Du côté palestinien, la revendication d’un État reste l’horizon de l’Autorité, mais pas celui du Hamas. Mais c’est surtout dans l’opinion qu’elle a perdu de son crédit. Selon tous les sondages depuis plusieurs années, seule une minorité des Palestiniens de Jérusalem-Est, de Cisjordanie et de la Bande de Gaza soutient encore cette perspective : 32 %, selon la dernière enquête, contre 55 % il y a dix ans[17]. En revanche, 72 % des sondés (contre 22 %) se disent favorables à la formation de groupes armés similaires aux « Lions » de Naplouse.

 Sur le terrain, on voit de plus en plus mal où passerait la frontière entre les deux États. Il y a en Israël près de 2 millions de citoyens palestiniens. À Jérusalem-Est, on compte plus de 220 000 colons juifs. En en Cisjordanie ces derniers sont près de 500 000, contre environ 3 millions de Palestiniens. Et depuis plus de vingt ans l’autonomie de la zone A n’est plus que théorique : l’armée israélienne, censée ne pas y intervenir, y multiplie les incursions meurtrières.

 Le déclin de la solution bi-étatique s’accompagne de l’essor de la solution bi-nationale. Mais, si la majorité des jeunes Palestiniens rêve d’un État commun où Juifs et Arabes jouiraient des mêmes droits nationaux et politiques, la majorité des jeunes Israéliens soutient l’occupation et la colonisation, voire l’annexion, quand elle ne milite pas pour une nouvelle Nakba. Même en imaginant un rapprochement progressif, comment déconstruire un système d’apartheid afin de garantir l’égalité des droits ?

Des obstacles au coup d’État

S’il y a donc péril en la demeure, il n’a toutefois rien de fatal : nombre d’obstacles s’opposent à la dérive du gouvernement de Netanyahou et de ses alliés ultra-orthodoxes et suprémacistes, et expliquent son premier recul de lundi :

Le premier vient des Territoires occupés. Le printemps palestinien de 2021, je l’ai rappelé, a prouvé que les Palestiniens ne se laisseraient pas faire. Depuis, malgré une répression sans précédent, la résistance se poursuit et recourt même, ici ou là, aux armes. C’est un risque que l’armée et les Services de renseignement israéliens ne sous-estiment pas. C’est pourquoi ils manifestent leur réticence vis-à-vis du nouveau gouvernement.

En Israël même, d’énormes manifestations s’opposent à Netanyahou et à ses alliés. Ce 25 mars, on a recensé plus de 300 000 participants à Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa, soit l’équivalent de 2 000 000 en France. Comme si, après leur vote du 1er novembre 2022, nombre d’Israéliens se réveillaient avec la gueule de bois. La faiblesse de ce mouvement exceptionnellement puissant, c’est que seule une minorité y établit le lien entre combat pour la démocratie et bataille contre l’occupation. Voilà qui reflète la lente et longue droitisation de l’opinion israélienne, qui a perdu de vue combien la cause originelle de la crise réside dans la négation, depuis 1948 et plus encore 1967, du droit à l’autodétermination des Palestiniens. Reste qu’en tout état de cause, ces derniers seraient les premières victimes d’une fascisation aboutie du régime israélien. Même aveugles sur la question, les manifestations actuelles constituent donc aussi un bouclier pour les Palestiniens…

Des sondages, dès janvier, laissaient déjà prévoir ces mobilisations : selon eux, en cas d’élections législatives, le bloc de Netanyahou n’aurait plus que 58 sièges (au lieu de 64) ; 62 % des sondés estiment en outre que le Likoud a fait trop de concessions à ses partenaires ultra-orthodoxes et suprémacistes ; 66 % s’opposent à la marginalisation de la Cour suprême ; 53 % souhaitent même des négociations avec l’Autorité palestinienne[18].

Si nombre d’Israéliens se mobilisent, d’autres votent… avec leurs pieds.Selon notre ambassade à Tel-Aviv, le nombre de demandes de passeports français a « bondi » de 13 % en novembre dernier ; d’autres États européens annoncent des chiffres similaires. Au total, en un an, la hausse atteint 45 %[19]. De quoi augmenter la yerida, le contraire de l’aliya : des centaines de milliers de Juifs israéliens vivent déjà durablement hors de leur pays[20]…

La protestation ne s’exprime pas seulement dans la rue. Plus grave pour l’économie israélienne, des investisseurs retirent leur capital pour le déplacer ailleurs dans le monde – et notamment dans le secteur du high tech. Cinq banquiers, parmi les plus puissants du pays, en appellent à Netanyahou pour mettre fin à une réforme qui « transforme Israël en dictature[21] ». Des cadres supérieurs de grands groupes d’assurance, hôteliers et de distribution ont également signé la lettre. Et le ministère des Finances a averti Smotrich que la réforme judiciaire pourrait conduire à une « nette diminution de la croissance annuelle du PIB en une dizaine d’années », a rapporté la Douzième chaîne.

Même les diplomates se font entendre, comme l’ont montré plusieurs démissions, de l’ambassadrice d’Israël à Paris fin décembre 2022 à son consul général à New York fin mars 2023[22].

Le troisième obstacle se dresse sur la scène internationale. Netanyahou sait que la radicalisation de sa coalition peut, à terme, faire perdre à Israël une partie de ses acquis diplomatiques de la dernière décennie. Au point, peut-être, d’ébranler les accords d’Abraham de 2020, qui restent très impopulaires dans les opinions arabes : dans l’enquête du Centre de recherches de Doha, le CAREP, seuls 8 % des Arabes – du Maghreb au Machreck – accepteraient une reconnaissance d’Israël par leur pays sans solution préalable de la question de Palestine[23]. Qui plus est, devenue spectaculaire avec le sommet Raissi-Ben Salman, la normalisation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, à l’initiative de la Chine, prive l’initiative israélienne de sa principale motivation[24].

Nombre d’États arabes ont d’ailleurs protesté contre la provocation de Ben Gvir sur l’Esplanade[25]. En paix avec Israël depuis 1994, Amman, pour sa part, a remis en cause le niveau de ses relations diplomatiques après que Smotrich a brandi, à Paris, une carte du « Grand Israël » incluant… la Jordanie[26] ! Quant aux Émirats arabes unis, ils auraient même décidé de geler leurs achats d’armes à Israël[27]. Et le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a précisé qu’« une vraie normalisation et une vraie stabilité » impliquent de rendre aux Palestiniens « de l’espoir et de la dignité, ce qui nécessite de leur donner un État[28] ».

Il en va de même en Afrique, où Israël avait regagné le terrain perdu avec la rupture de la plupart de ses relations diplomatiques suite à la guerre de Kippour en 1973. Première réaction à la radicalisation de son nouveau gouvernement : la directrice générale adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères, Sharon Bar-li, a été expulsée à la mi-février du sommet annuel de l’Union africaine à Addis-Abeba, dont Israël attendait au contraire le couronnement de vingt ans de « reconquête » du continent noir[29]. Sa diatribe contre « un petit nombre d’États extrémistes comme l’Afrique du Sud et l’Algérie[30] » a eu pour seul effet de souligner la « gifle » reçue…

C’est dire aussi que la bataille de l’opinion n’est pas sans effet sur le terrain diplomatique.

Surtout aux États-Unis, notamment dans la communauté juive. À en croire les sondages, l’offensive du nouveau gouvernement contre la Cour suprême, sa remise en cause du statu quo à Jérusalem et la violence des soldats et des colons dans les Territoires occupés ont un peu plus abîmé l’image d’Israël parmi les juifs américains – auxquels elle rappelle la tentative de putsch trumpiste du 6 janvier 2021 au Capitole. Or, depuis une dizaine d’années, la majorité d’entre eux prend ses distances avec Tel-Aviv. Du coup, le « lobby pro-israélien » – comme il se désigne lui-même – perd de son influence jusqu’au sein du Congrès. Le tournant, selon Piotr Smolar, le correspondant du Monde outre-Atlantique, est désormais « historique[31] ». Au-delà des juifs, c’est toute une partie de l’opinion américaine qui bascule : selon un sondage Gallup sans précédent[32], les électeurs démocrates déclarent avoir plus de sympathie pour les Palestiniens que pour les Israéliens, par 49 % contre 38 % – l’écart s’est accru de 11 % en un an…

À terme, cette double évolution, si elle se poursuivait, ne manquerait pas d’avoir des effets à la Maison Blanche, clé s’il en est du conflit israélo-palestinien. Pour l’instant, le président états-unien se contente de manifester de plus en plus nettement son irritation devant les provocations incessantes de la nouvelle équipe de Netanyahou, dont il a reporté sine die le voyage à Washington. Car, à en croire le très sérieux média israélien Al-Monitor, Biden « perd patience[33] » : face aux atteintes majeures à la démocratie israélienne, mais aussi aux violences anti-palestiniennes croissantes et aux ambitions annexionnistes ouvertes, alors même que les États-Unis se concentrent sur les défis russe et chinois. Si Tel-Aviv devient un obstacle à la stratégie globale de Washington, la présidence ne passera-t-elle pas des paroles aux actes ?

Jusqu’à nouvel ordre, il n’en va pas de même en France. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) – qui ne représente qu’une partie des juifs français, mais prétend parler en leur nom à tous – n’a pour l’instant quasiment pas pris de distances avec le nouveau gouvernement Netanyahou. Nos autorités, tout en réaffirmant rituellement leur hostilité à la colonisation et leur appui à la solution des deux États, n’ont pas pris de sanctions contre l’escalade israélienne en cours. Plus : Paris a été la première capitale à accueillir le Premier ministre israélien après sa réélection. Pis : Smotrich, qui a justifié le « pogrom[34] »de la ville palestinienne d’Huwara, a pu venir à Paris s’adresser à une assemblée de l’extrême droite juive, protégé par nos policiers. Et il aura fallu deux jours au Quai d’Orsay pour condamner comme « inacceptables, irresponsables et indignes » les propos du « gouverneur » de la Cisjordanie « qui nie l’existence du peuple palestinien[35] ». Quel contraste avec son étape new-yorkaise où il fut boycotté par les autorités comme par la communauté juive !

Faut-il rappeler la déclaration visionnaire du général De Gaulle dès novembre 1967 ? Israël, avait-il expliqué, « organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions ; et il s’y manifeste contre lui une résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme[36] ».

En attendant, la coalition impose à la Knesset, depuis janvier, l’adoption à marche forcée des lois ou amendements à des législations qu’elle avait annoncés, notamment :

 Interdiction du drapeau palestinien[37], ;

 Légalisation d’avant-postes illégaux jusqu’ici selon le droit israélien[38] ;

 Déchéance de la citoyenneté et expulsion des « terroristes[39] » ;

 Extension de la peine de mort aux « terroristes[40] » ;

 Restriction de la possibilité de destitution du Premier ministre par le Procureur général[41] ;

 Retour au gouvernement du ministre ultra-orthodoxe séfarade Arye Deri, exclu pour corruption[42] ;

 Autorisation du retour des colons dans les implantations du nord de la Cisjordanie évacuées par Ariel Sharon en 2005[43] ;

 Et bien sûr réforme de la nomination des juges de la Cour suprême et suppression du droit de celle-ci de censurer les lois adoptées par la Knesset.

En principe, la Cour suprême conserve son pouvoir de blocage de toutes ces lois, y compris celles qui visent à la rendre elle-même impuissante. Si le gouvernement Netanyahou passait outre son refus, ce serait un véritable coup d’État. Et d’une incroyable brutalité : pour la première fois, Israël, à l’instar des États totalitaires, prétendrait rendre une loi rétroactive.

« Israël est au bord de l’abysse », titre Al-Monitor[44], selon qui, « ces derniers jours, les chefs des Services stratégiques de sécurité ont publié de fortes mises en garde à Netanyahou quant aux effets désastreux des profonds changements constitutionnels qu’il impulse, et notamment la loi donnant au gouvernement le contrôle des nominations à la Cour suprême. »

Ainsi le major général Tomer Bar, commandant de l’aviation, a informé le Premier ministre qu’il avait reçu des centaines de messages de pilotes de chasse réservistes, colonne vertébrale de la force de dissuasion israélienne, annonçant qu’ils mettraient fin à leur engagement et n’entendaient pas risquer leur vie au service d’une dictature.

De même, le chef d’état-major Herzl Halevi a avisé Netanyahou qu’un nombre croissant d’autres réservistes, y compris dans les forces spéciales et le personnel du Renseignement, ne répondraient pas à l’appel et exprimé sa crainte que la désobéissance se développe dans toute l’armée. Le chef du Shin Beth, le service de Renseignement intérieur, a parlé directement avec le chef du gouvernement des menaces pesant sur la cohésion de la société et du risque que les ennemis d’Israël profitent de cette décomposition. Le directeur du Mossad, David Barnea, a exprimé les mêmes inquiétudes.

Quant au ministre de la Défense, Yoav Gallant, Netanyahou l’a démis de ses fonctions pour l’avoir appelé publiquement à renoncer à sa réforme de la justice afin de ne pas mettre en danger la sécurité de l’État[45]. Inquiet que le « phénomène d’insubordination générale puisse nuire à la capacité de l’armée de mener à bien ses missions[46] », il avait déclaré après l’immense manifestation du 25 mars : « J’ai consacré toute ma vie à la sécurité d’Israël. Je n’ai jamais vu une telle colère et une telle douleur. La fracture dans la société s’infiltre dans Tsahal, ce qui représente un danger clair, immédiat et concret pour la sécurité d’Israël[47]. »

Dans tous les pays, et en Israël plus que nulle part ailleurs, les responsables de l’armée et des Services parlent rarement pour ne rien dire… Leur voix a sans doute été déterminante dans le premier recul de Netanyahou[48]. Mais attention : une pause dans la réforme ne signifie pas son retrait. D’autant que, pour amadouer ses alliés suprémacistes, le Premier ministre leur a offert la constitution d’une Garde nationale, autrement dit une milice. À suivre…

Notes

[1] Seule la division de l’opposition a permis à la nouvelle coalition d’obtenir la majorité à la Knesset. Car la première a rassemblé plus de voix que la seconde.

[2] Site du Times of Israel, 1er janvier 2023.

[3] Début mars, il a démissionné de son poste de vice-ministre en raison de son homophobie.

[4] Le Monde, 7 mars 2023.

[5] Site de Haaretz, 25 mars 2023.

[6] Le Monde, 4 janvier 2023.

[7] Site de + 972, 26 mars 2023.

[8] Site de Times of Israel, 17 août 2022.

[9] Dominique Vidal, « Une aspiration croissante à la réalité », Confluences Méditerranée 2021/4, n°119, « Israël : contradictions d’une société coloniale »

[10] Cf. www.nytimes.com/2023/01/09/world/middleeast/israel-ultra-orthodox-parties.html

[11] Lire www.lejdd.fr/International/israel-le-supremaciste-homophobe-itamar-ben-gvir-entre-au-gouvernement-4156604

[12] Où, contrairement à la légende, le Premier ministre Ehoud Barak n’a pas fait d’« offre généreuse ». Lire : Robert Malley, « Quelques légendes sur l’échec de Camp David » Le Monde, 16 juillet 2001.

[13] https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N22/722/16/PDF/N2272216.pdf?OpenElement

[14] www.france24.com/fr/moyen-orient/20221231-l-assemblée-générale-de-l-onu-demande-à-la-cour-de-justice-d-examiner-l-occupation-israélienne

[15] Site du Times of Israel, 17 janvier 2023.

[16] Idem.

[17] Ce sondage du Palestinian Center for Policy and Survey Research a été réalisé du 7 au 10 décembre, avec un échantillon de 1 200 personnes adultes, dont 487 étaient de Gaza et 722 de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Cf. Haaretz, 15 décembre 2022.

[18] Voir le site de Haaretz.

[19] Site du Times of Israel, 10 janvier 2023.

[20] Lire https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/israel-juifs-desabuses-quittent-gouvernement-elections-netanyahou-sionisme-alya Lire aussi Sites de Times of Israel et du Jerusalem Post, 21 mars 2023.

[21] Site de Times of Israel, 21 mars 2023.

[22] La Croix, 29 décembre 2022, et i24 News, 27 mars 2023.

[23] www.dohainstitute.org/en/Lists/ACRPS-PDFDocumentLibrary/the-2022-arab-opinion-index-in-brief.pdf

[24] Site Mondoweiss, 18 mars 2023. Voir aussi la chronique d’Alain Frachon dans Le Monde, 16 mars 2023. Lire aussi « Between Huwara and Abu Dhabi : A growing Challenge to Normalization”, sur le site de l’Institute for National Security Studies israelien, 22 mars 2023.

[25] https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230104-quelle-réaction-des-palestiniens-après-la-visite-de-ben-gvir-sur-l-esplanade-des-mosquées

[26] Site du Jerusalem Post, 22 mars 2023.

[27] Site de Haaretz, 24 mars 2023.

[28] Le Figaro, 20 janvier 2023.

[29] Site de Arab News, 20 mars 2023.

[30] Le Monde, 20 février 2023.

[31] Le Monde, 26 mars 2023.

[32] https://news.gallup.com/poll/472070/democrats-sympathies-middle-east-shift-palestinians.aspx

[33] Site de Al-Monitor, 21 mars 2023.

[34] La plupart des médias israéliens ont repris ce terme, utilisé pour désigner les violences meurtrières récurrentes contre les juifs dans l’Empire tsariste. Le général Yehuda Fuchs a lui-même parlé de « pogrom » : cf. le site de L’Observateur, 22 mars 2023.

[35] Libération, 21 mars 2023. Négationniste, Smotrich a affirmé : « Après 2 000 ans d’exil, les prophéties [de la Bible] commencent à se réaliser et le peuple d’Israël retourne chez lui. Il y a des Arabes autour qui n’aiment pas cela, alors que font-ils ? Ils inventent un peuple fictif et prétendent à des droits fictifs sur la terre d’Israël ».

[36] Le Monde, 29 novembre 1967.

[37] Le Monde, 9 janvier 2023.

[38] Site de Times of Israel 14 février 2023.

[39] Site de i24 News, 15 février 2023.

[40] I24 News, 1er mars 2023 ;

[41] Site de Haaretz, 22 mars 2023.

[42] Site de Times of Israel, 21 mars 2023.

[43] Site de Mondoweiss, 21 mars 2023.

[44] Site d’Al-Monitor, 24 mars 2023.

[45] Site de Haaretz, 27 mars 2023.

[46] Site de Times of Israel, 21 mars 2023. Lire aussi, dans Haaretz du 20 mars, l’article de l’expert militaire Amos Harel selon qui « les Forces de défense d’Israël deviennent le principal champ de bataille entre supporters et opposants du coup ».

[47] Site de LPH, 25 mars 2023.

[48] Voir l’excellent article de René Backmann dans Mediapart, 27 mars 2023.

Dominique Vidal

Né en 1950, Dominique Vidal a étudié la philosophie et l’histoire. Journaliste depuis 1968, professionnel depuis 1973, il a notamment travaillé dans les rédactions des hebdomadaires "France Nouvelle" et "Révolution", puis du quotidien "La Croix". Après avoir coordonné les activités internationales du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), il a fait partie, de 1995 à 2010, de l’équipe permanente du "Monde diplomatique", dont il a en particulier créé le réseau d’éditions internationales et coordonné les Atlas. Spécialisé dans les questions internationales et notamment le Proche-Orient, il vient de publier "Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron" (Libertalia, 2018). Auparavant, il avait sorti "Comment Israël expulsa les Palestiniens 1947-1949" (Éditions de l’Atelier, 2007, avec une postface de Sébastien Boussois) ; "Israël, une société bousculée. Vingt-cinq années de reportage" (Editions du Cygne, 2007) ; et "Le Mal-être juif" (Agone, 2003). Dominique Vidal a écrit en collaboration avec Alain Gresh : "Les 100 Clés du Proche-Orient" (dernière édition avec Emmanuelle Pauly chez Fayard, 2011) ; ; "Palestine 47 : un partage avorté" (dernière édition chez André Versaille, 2007) ; "Golfe : clefs pour une guerre annoncée" (Le Monde Éditions, 1991) ; et "Proche-Orient : une guerre de cent ans" (Messidor, 1984). Depuis 2010, il dirige avec Bertrand Badie l’annuel collectif "L’état du monde", chez La Découverte. Le dernier en date, paru en 2018, s’intitule "Le Retour des populisme". Autres ouvrages : "L’Opinion, ça se travaille… Les médias, l’OTAN et la guerre du Kosovo" (Agone, Marseille, dernière édition 2015 avec Serge Halimi, Henri Maler et Mathias Reymond) ; "Le Proche-Orient, les banlieues et nous" ( Éditions de l’Atelier, 2006 avec Leila Shahid, Michel Warschawski et Isabelle Avran) ; "Le Mal-être arabe. Enfants de la colonisation" (Agone, 2005 avec Karim Bourtel) ; "Les historiens allemands relisent la Shoah" (Complexe, 2002) ; " Promenades historiques dans Paris" (Liana Levi, 1991 et 1994, avec Christine Queralt) ; "Portraits de China Town, le ghetto imaginaire" (Autrement, 1987, avec Éric Venturini). Chez Sindbad/Actes Sud, Dominique Vidal a coordonné "Palestine-Israël : un Etat, deux Etats ?" (2011) et "Palestine : le jeu des puissants" (2014). Chez Demopolis, il vient de diriger "Les Nationalistes à l’assaut de l’Europe".

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