Édition du 23 avril 2024

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Québec solidaire

La propriété publique : pierre angulaire de l’économie solidaire

Contributions pour les débats programmatiques de Québec solidaire

Le XXIe siècle est à peine commencé que déjà deux crises majeures secouent le monde. La crise économique et la crise écologique ont toutes les deux une cause commune : le capitalisme. Système économique qui, selon le Petit Robert, est : un « régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenus, n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail. »

L’écosocialisme nous semble être l’une des alternatives les plus porteuses nous permettant d’amorcer efficacement l’acte de rupture avec le capitalisme, pour enfin venir à bout des aléas chaotiques du marché et le pillage et la destruction de nos écosystèmes. Le socialisme et l’écologie doivent aujourd’hui être indissociables. Car une société écologiste n’est pas souhaitable si elle mène à une persistance des inégalités économiques et sociales. De même, toute production économique, aussi socialisée et autogérée qu’elle soit, est inutile si elle mène à l’accélération de la destruction de la planète.

Pour rendre réalisables ces objectifs, nous devons nous attaquer à un système, plutôt qu’à des individus. La pierre angulaire de ce système, c’est la propriété privée des moyens de production et d’échange. Nous ne parlons pas de la petite propriété, tout le monde a droit à son intimité et à un certain nombre d’objets personnels. Nous parlons de la grande propriété, celle que les classes populaires peuvent à peine concevoir tellement l’esprit vorace d’accaparement des riches lui est étranger. Ce sont ces classes que Québec solidaire doit rassembler, ce sont pour elles et avec elles qu’il doit élaborer son projet de société.

La crise écologique n’autorise plus le compromis avec le grand capital comme l’a fait la social-démocratie au siècle passé et comme elle tente de le faire encore aujourd’hui. Les mesures les plus énergiques s’imposent pour enfin briser l’élan intrinsèquement destructeur du capitalisme.

Le capitalisme, c’est la planification économique pour les riches !

Le capitalisme est présenté par ses défenseurs comme le type d’économie la plus efficace et rationnel possible. Dans les théories visant à justifier son existence, il semble néanmoins particulier de remarquer qu’on y soutient que ce système ne suppose aucune planification. Selon sa prétention principale, la poursuite des intérêts égoïstes dispersés, par l’intermédiaire du marché, serait la meilleure voie, voire la seule possible, pour atteindre l’intérêt général. Mais contrairement à ce discours de légitimation, la réalité est tout autre. Les gouvernements tentent par tous les moyens de « stimuler la croissance », donnent un ensemble de mesures fiscales favorisant la grande entreprise auxquelles les petits entrepreneurs et le commun des mortels ne pourraient même pas espérer. Les grandes institutions économiques internationales comme le FMI dictent quotidiennement l’agenda économique.

Si le capitalisme, sous le couvert de laisser-faire et de laisser-aller, planifie, cette planification est par contre soumise à un seul critère fondamental : la croissance du capital à court terme et sans limites. Ainsi, que cette économie mène à la destruction de la planète, au chômage, aux inégalités hommes-femmes, à la hiérarchie du pouvoir économique, à l’augmentation de la contrainte au travail, à l’obsolescence planifiée des produits, le plan de « soutien à la croissance » peut néanmoins continuer. Le capitalisme a un programme, malgré les soi-disant promoteurs de la « fin des idéologies », et ses élites doivent planifier sa réalisation.

Une économie pour le peuple, pas pour les privilégiés !

Pour contrer cela, il importe de rendre possible une autre perspective, par la réalisation de diverses mesures transitoires, par exemple, la nationalisation sous contrôle démocratique [1] (avec participation des salariés, des représentants des consommateurs et des syndicats, à la gestion de ces entreprises) dans certains secteurs stratégiques (les ressources énergétiques, les transports publics, les banques, la production pharmaceutique). La clé pour que ces nationalisations ne soient pas simplement des mesures de gestion capitaliste “améliorée” mais bien des formes transitoires menant au dépassement éventuel du capitalisme, est bien leur aspect démocratique. Car c’est ainsi qu’elles peuvent contribuer à améliorer le rapport de force en faveur des classes populaires et devenir des facteurs de progrès.

Une société basant sa prospérité sur la quête de profits à court terme ne peut prétendre travailler pour le bien des générations futures. Les capitalistes ont eu leurs chances et nous voyons ce que ça donne…essayons autre chose. L’autre monde possible passe, selon nous, obligatoirement par une refonte du droit de propriété.


Cercle pour le Bien commun
cercle.bien.commun@gmail.com


[1La nationalisation se réfère à la prise de contrôle par l’État de certains secteurs économiques ou entreprises. Alors que la socialisation se réfère à l’objectif mis de l’avant par la tradition socialiste qui est de remplacer la propriété privée des grands moyens de production et d’échanges par des formes de propriétés collectives qui permettraient le contrôle par la société des grands secteurs économiques. Il y a donc deux aspects à la socialisation : la transformation des formes de propriété et la transformation des rapports sociaux.

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