Prenons, par exemple, l’attaque récente contre la Flottille de la Liberté : aucun média canadien ne l’a rapportée, ni n’a donné la parole aux activistes à bord. En revanche, les médias espagnols, arabes, britanniques et même américains ont consacré un temps d’antenne considérable à couvrir l’attaque, la situation dramatique de famine à Gaza, et à relayer les témoignages des personnes directement concernées.
Les médias ont un pouvoir immense dans la façon dont nous percevons le monde, et dans la formation du débat public. Dans les pays souvent qualifiés d’autoritaires, le contrôle des médias par l’État est évident : l’information est soigneusement filtrée pour maintenir les discussions dans des cadres acceptables pour le pouvoir en place. Au Canada, les mécanismes sont plus discrets, mais l’effet est tout aussi préoccupant.
Nous sommes habitués à critiquer les chaînes comme RT en Russie, Al Jazeera au Qatar ou Telesur au Venezuela pour leur proximité avec les gouvernements. Mais nous refusons trop souvent de nous regarder dans le miroir et d’analyser nos propres médias, leur silence, et les intérêts qu’ils protègent. Ce manque d’autocritique est un danger pour toute démocratie.
Sous la dictature franquiste en Espagne, de nombreux citoyens se tournaient vers les médias étrangers pour savoir ce qui se passait réellement dans leur propre pays. Ironiquement, aujourd’hui au Canada, beaucoup d’entre nous, attentifs à ce qui se passe dans le monde — voire ici même — en viennent à faire la même chose. Nous dépendons de médias étrangers pour rester informés, face à un black-out quasi total ou à une couverture biaisée, dénuée de neutralité et de sensibilité.
Dans les années à venir, il est inévitable que de nouveaux médias indépendants voient le jour — par nécessité. Pour continuer à être humains. Pour servir les communautés que les grands médias ne représentent plus. Des médias qui oseront dénoncer le génocide en Palestine, les attaques contre les bateaux humanitaires à destination de Gaza, le vol des terres des Premières Nations au Canada, les disparitions de leurs membres, et les innombrables actes de solidarité que les médias ignorent systématiquement sur notre propre territoire.
Un pays où les médias ne parlent que de ce qui arrange les élites — en ignorant les victimes et en renonçant à leur rôle de contre-pouvoir — est un pays dangereux pour ses citoyens.
Se taire n’est jamais neutre. Se taire, c’est choisir un camp.
Manuel Tapial, membre du Conseil d’administration de Palestine Vivra
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