Édition du 16 avril 2024

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Élections fédérales 2015

Les femmes et les élections fédérales

Madame Francine Pelletier dans son article au Devoir du 23 septembre 2015 (p. A7) posait bien le problème de la place des femmes dans les élections. Nous sommes la moitié et un peu plus de l’humanité (54 %) et 47 % de la force de travail, pourquoi devons-nous toujours « quémander notre espace sur la place publique ? »

Pourtant les partis politiques devraient tenir compte de nous puisqu’en plus de former un peu plus que la moitié de l’humanité nous votons plus que les hommes. « ½ millions de votes excédentaires féminins en 2011 » selon madame Pelletier.

Mais le patriarco-capitaliste est fort, les femmes gagnent moins que les hommes, sont plus pauvres à la retraite et vivent plus longtemps et forment la majorité des familles monoparentales sur l’aide sociale. Alors pourquoi tenir compte de ces démunies de la société ? De toute façon, elles vont voter comme leur mari, leur père, leur frère, leur conjoint !!!

C’est sûr qu’aborder les thèmes politiques demande un certain courage. Les leaders vont davantage compétitioner sur leur plan économique proposé à la population que d’expliquer les enjeux. En plus pour les femmes, les préoccupations des femmes sont absentes de la scène : pas question d’équité salariale, de création d’emplois pour les femmes, de conciliation famille-travail, de retour aux études, de violence et de harcèlement, des femmes autochtones, de la place des femmes dans les sphères de pouvoir.
En 1984, s’est tenu au Canada, le premier débat de deux heures sur les revendications des femmes. Depuis rien. Cette année, 175 groupes de femmes ont lancé l’initiative « Up for debat » mais monsieur Harper n’a pas daigné accepter la discussion. Évidemment monsieur Mulcair s’en est tenu à sa position de principe : pas de débat sans Harper. Pourtant sur les sensibilités des femmes, cela auraient été intéressant. Finalement, les organisatrices ont opté pour un plan B d’entrevues individuelles diffusées sur le web. C’est un début mais ce n’est pas un débat.

D’autant plus que les députations des partis ont développé des sensibilités particulières.

Hélène Buzetti dans Le Devoir du 24 sept 15 (p. A6) annonce que le quart des candidats conservateurs sont pro-vie soit 83 personnes les autres candidatures viennent du Parti de l’Héritage Chrétien. Ce qui donne un total de 109 candidatures selon le sondage de Campaign Life Coalition (organisation pro-vie). Mais pas toutes les personnes candidates ont répondu à ce recensement surtout au Québec. Les personnes candidates pour le NPD et le PLC n’auront le droit de voter contre le droit des femmes, selon monsieur Mulcair et Trudeau même si elles sont pro-vie.

De même pour les violences faites aux femmes. Selon madame Pelletier du Devoir, la violence faite aux femmes coûte 12 milliards de dollars. Ce ne serait pas une bonne raison d’en tenir compte, vu que les finances canadiennes sont si importantes ? Et que dire de la situation des femmes autochtones ! Plus de mille femmes tuées ou disparues mais monsieur Harper refuse de tenir une commission d’enquête sous prétexte que la plupart de ses crimes ont été résolus ! Mais le racisme l’a-t-il été lui ?
Comme on le voit, les enjeux des femmes sont absents de la campagne électorale. Les femmes, elles, sont-elles absentes dans les partis politiques ?

Voici les données que le Devoir sous la signature de Bernard Descôteaux, le 30 août 2015 (p. B4) avait recensées :

 1984 : 27 femmes élues soit 9.6 % de la députation
 1997 : 62 élues pour 20 % de la députation
 2011 : 76 élues pour 24.7% de la députation

Les femmes dans l’ensemble du Canada n’atteignent pas les 30 % de personnes élues. Pour parler d’équité, les échelles retenues sont de l’ordre de 40 à 60 %. Le chemin à parcourir reste immense, d’autant plus que les femmes doivent d’abord passer l’investiture des partis et ensuite, comme elles sont souvent dans des circonscriptions perdues d’avance, tentées d’être élue malgré tout.
Au Québec, malgré la sensibilisation plus grande à la présence des femmes, les chiffres demeurent faibles. Mélanie Marquis dans Le Soleil du 27 sept 15 (p. 6) avance les statistiques suivantes :

 27 % pour le PLC soit 21 femmes sur 78 candidatures
 47,4 % pour le NPD soit 37 femmes
 11, 5 % pour le PCC soit 9 femmes
 27 % pour le Bloc Québécois soit 21 candidatures

La campagne électorale s’achève. Les préoccupations des femmes sont peu mises de l’avant malgré l’initiative de 175 groupes de femmes. Pas étonnant alors que les femmes sont elles-mêmes peu présentes comme candidates. Pourtant nous formons plus de la moitié de l’humanité et nous votons plus que les hommes….quand va-t-on en tenir compte ?

Chloé Matte Gagné

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