Édition du 17 juin 2025

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Québec

Départ de Sabia d’Hydro-Québec

La job est faite, le mercenaire s'en va ailleurs !

Oh là là, à lire les médias il faudrait pleurer le départ de Michael Sabia de la présidence d’Hydro-Québec. À vrai dire, avec une telle réaction, les médias ne font que nous dire à quelle adresse ils logent : celle de grands défenseurs des privatisations au bénéfice du grand capital. Plus que jamais, ils méritent lequalificatif qu’Arruda leur avait donné au début de la pandémie : pigeons voyageurs. Pourtant l’historique de Michael Sabia est plus qu’étoffé. Un bref rappel des faits saillants de sa carrière permet d’en dégager clairement le sens.

Sabia commence sa carrière là où il pourrait la terminer : au gouvernement fédéral. À l’époque, il est un des architectes principaux de la mise en place de la TPS, ce prélèvement régressif qui a pour vocation de remplacer les impôts qui ont le défaut pour le grand capital d’être trop progressifs. Vont suivre dans les années et les décennies suivantes de multiples baisses d’impôt en même temps que la diminution de paliers d’imposition.

Par la suite, c’est la privatisation du CN que Sabia met en œuvre. Regardez le CN aujourd’hui : un champ de ruine alors que le train pourrait prendre une place importante dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Au début des années 2000, on le retrouve à la tête de Bell ou il a présidé à son passage de société publique à machine à profits jouissant de la rente phénoménale que représente son infrastructure historique.

Après Bell, c’est au tour de la Caisse de dépôt de subir le traitement-choc Sabia. Pendant son séjour, il a l’insigne honneur d’orchestrer l’enterrement de la vocation de la Caisse à privilégier le développement économique du Québec. L’exemple parfait : alors qu’il aurait pu bloquer la vente de Rona à Lowes, il ferme les yeux et laisse le libre marché suivre son cours. Aujourd’hui, Rona racheté pour une bouchée de pain par un fond spécialisé dans les démantèlements est en voie de disparition. Sous la gouverne de Sabia, la Caisse est devenu un grand fond d’investissement avec comme objectif le rendement maximum. De 2009 à 2019 la part des investissements étrangers de la Caisse est passée de 36 à 68%.

Pendant son séjour à la Caisse, il a orchestré à la construction du REM, ce gigantesque monument à l’incompétence qui invente toujours un moyen de faire faux bond à ses usagers tout en ne manquant pas de remplir les poches de son actionnaire qui bénéficie d’un rendement annuel garanti de 8% sur un contrat de 100 ans qui coûtera au contribuable trois fois le prix de la construction de cette infrastructure.

Ayant fait ses preuves, on retrouve ensuite Sabia dans ce qu’on pourrait appeler son alma mater : le ministère des finances à Ottawa où il aide à mettre en place de généreux crédits d’impôt de 25 à 35% pour les producteurs d’énergie renouvelable. Déjà, on sent venir la présidence d’Hydro-Québec mais il manque une pièce au puzzle : le financement. C’est ce à quoi il remédie en contribuant à la mise sur pied de Banque de l’Infrastructure du Canada (BIC) où il applique le modèle du REM. Essentiellement, la BIC sert d’intermédiaire entre des projets d’infrastructure et des grands fonds d’investissement comme Black Rock avec à la clé un rendement annuel garanti de 8%. C’est comme l’œuf de Christophe Colomb, il fallait y penser et Michael Sabia y a pensé : des infrastructures publiques avec clientèle captive source de profits généreux et garantis pour nos grands capitalistes.

Tout était en place pour s’attaquer à ce géant des services publics qu’est Hydro-Québec et c’est ce qu’il a fait en prenant la direction de ce joyau aimé des Québécois et symbole d’un nationalisme à détruire avec l’aide de François Legault et surtout l’ancien super ministre Fricgibbon qui partage avec Sabia l’habitude de faire ses mauvais coups et de partir en courant avant que tout le monde s’en aperçoive. Est arrivé ce qui devait arriver, Sabia à quitté la direction d’Hydro-Québec quelques jours après l’adoption par bâillon de la loi 69 qui accélère la privatisation de la production, de la distribution et de la vente d’électricité au Québec. Deux jours aussi après que le Journal de Montréal nous ait appris que, suite à l’effondrement du château de cartes créé par Fricgibbon, le Québec se dirige lentement mais sûrement vers un surplus d’électricité. Tout ça au détriment des citoyens québécois mais au grand bénéfice des p’tits copains de Sabia.

La suite de l’histoire s’écrira à Ottawa où notre marin au long cours est allé rejoindre le bleu peinturé en rouge Carney pour continuer son sale travail. Alerte de tempête à l’horizon !

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