Édition du 17 juin 2025

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Libération de l'ancien Député Antoine ALFREDO Junior : un signe inquiétant pour la justice haïtienne

Par Smith PRINVIL

Port-au-Prince, Haïti, 9 mai 2025-Dans un tournant qui suscite confusion et indignation, l’ex-député de la commune de Kenscoff, Antoine ALFREDO Junior, arrêté le 4 avril 2025 pour des accusations graves telles que complot contre la sûreté de l’État et financement de groupes criminels, a été libéré ce vendredi 9 mai 2025 après seulement un mois de détention. Malgré la lourdeur des charges pesant contre lui, la décision de son relâchement a laissé un goût amer dans la bouche des Haïtiens qui se battent quotidiennement contre l’impunité.

L’arrestation d’ALFREDO, un homme politique influent et ancien parlementaire, avait mis en lumière la grave situation sécuritaire qui frappe Haïti, marquée par l’implication présumée de certains acteurs politiques dans le financement de gangs armés. Au moment de son arrestation, de nombreux observateurs espéraient que la justice haïtienne allait enfin frapper un grand coup contre ceux qui nourrissent le chaos dans le pays.

Mais ce vendredi, contre toute attente, l’ex-député a été libéré. Pas de procès, pas de verdict, mais un simple contrôle judiciaire. Son passeport a été retenu par le Parquet, et il lui a été interdit de quitter le pays, une mesure qui semble plus symbolique que réelle. Le contraste avec la situation des milliers de détenus en attente de jugement est frappant. Ce genre de traitement réservé à un homme politique, au cœur d’un scandale d’une telle ampleur, soulève de nombreuses interrogations.
Dans les rues de Port-au-Prince, et au-delà, la décision a été accueillie avec une grande perplexité. Les citoyens, souvent pris au piège entre l’aspiration à un changement radical et l’inertie du système judiciaire, voient dans cette libération une nouvelle preuve de l’impunité qui sévit dans le pays. "C’est un choc. Comment un homme accusé de financer des gangs, de conspirer contre l’État, peut-il être remis en liberté si vite ? Cela donne l’impression que la justice n’est là que pour protéger les puissants", confie Jean-Marie, un citoyen de la capitale.

D’autres, plus désabusés, y voient la confirmation de ce qu’ils appellent la "loi du plus fort", où les hommes de pouvoir et leurs alliés échappent aux conséquences de leurs actions. "Ce n’est pas étonnant", ajoute Mireille, une militante des droits humains. "Cela arrive tout le temps, les politiciens ont toujours des routes secrètes pour sortir de la justice."

La rapidité avec laquelle ALFREDO a retrouvé sa liberté ne fait qu’accentuer le sentiment d’impunité qui gangrène les institutions haïtiennes. Alors que le pays est plongé dans une violence incontrôlable, les Haïtiens attendent des réponses fermes et des actions concrètes. Mais au lieu de cela, ils sont témoins de décisions qui font l’impasse sur les principes de justice. L’absence d’un véritable procès pour un homme accusé de tels crimes laisse un vide inquiétant dans la structure même de l’État de droit.

La décision du Parquet de libérer ALFREDO sans explication claire est d’autant plus préoccupante que cette affaire expose des failles béantes dans la transparence des procédures judiciaires. Où sont les garanties que cette affaire sera pleinement examinée ? Pourquoi aucune information détaillée n’a été donnée sur les enquêtes menées ?

Les observateurs internationaux et les organisations de défense des droits humains suivent avec attention cette affaire, car elle pourrait avoir des répercussions sur la perception du pays à l’échelle mondiale. Un Haïti où la justice est perçue comme biaisée et manipulée par des intérêts politiques ne peut espérer renouer avec une stabilité durable.

La libération d’Antoine ALFREDO Junior est plus qu’une simple décision judiciaire : elle est le symptôme d’un mal profond qui ronge la nation haïtienne. Alors que le pays continue de sombrer dans l’insécurité, le système judiciaire semble se soumettre aux pressions politiques et économiques, sacrifiant ainsi la confiance du peuple.

Les Haïtiens ne doivent pas accepter cette situation comme une fatalité. La mobilisation populaire doit être renforcée pour réclamer une justice équitable et indépendante, capable de traiter tous les citoyens de manière égale, qu’ils soient puissants ou démunis. Car tant que l’impunité régnera, Haïti restera enchaînée à un système qui ne sert que ceux qui ont déjà tout.

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