Équiterre occupe une place importante dans notre société. C’est un mouvement qui a des racines et qui en plus, sait être innovateur. Sans endosser Québec Solidaire, Équiterre peut articuler un discours cohérent sur ce qui se passe dans le domaine et surtout critiquer les programmes et les propositions des partis, à commencer par le parti du gouvernement. Dans la « plateforme environnementale – élections provinciales 2012 » qu’on retrouve sur le site d’Équiterre, on ne retrouve pas un mot sur les « performances » de Charest. C’est un document qui aurait pu être écrit n’importe quand et qui sera sans doute valable l’an prochain, car il rappelle les grandes problématiques environnementales. Mais aujourd’hui, la question est différente : dans quelle direction le Québec doit-il aller ?
Il faut faire exploser le mythe que le gouvernement Charest a mieux fait que les autres. Certes en se comparant avec Harper, ce n’est pas difficile. Mais sur le fonds, qu’en est-il ? En quoi la gestion du gouvernement libéral a protégé les environnements et les ressources ? N’est-ce pas à Québec qu’on est censés réguler des dossiers comme les gaz de schistes, l’extraction du pétrole, les grands projets hydro-électriques ? Au lieu de dire platement qu’on ne fait pas de politique, on s’attendrait d’un mouvement comme Équiterre des analyses décapantes sur tout cela. Pas plus et pas moins que ce font les mouvements populaires et les syndicats qui affirment (au moins) la nécessité de battre la droite (PLQ + CAQ).
Le cas d’Équiterre n’est pas unique. Des groupes sont quelque fois victimes de ses succès. Ils deviennent l’« interlocuteur » de gouvernements, mais plusieurs se demandent souvent : pourquoi eux ? Il ne s’agit pas d’enlever la parole, mais il faut faire attention qu’un groupe ne devienne l’« élu » du gouvernement au détriment d’autres. Par ailleurs, c’est le cas d’Équiterre mais aussi de plusieurs organismes non-gouvernementaux, le choix a été d’entrer sur le « marché » des subventions et donc de disposer de moyens sans équivalent ailleurs. Il ne faut pas être naïf : quand on transige avec le gouvernement à une grande échelle, il y a des conséquences. Ce qui ne veut pas du tout dire qu’on devient automatiquement des larbins. Mais il faut faire attention, et éviter d’être instrumentalisés.
Pour cela, les groupes subventionnés doivent faire preuve d’une certaine réserve et surtout éviter de se présenter comme des « porte-parole » des autres mouvements. Les médias ont souvent des effets pervers dans ces situations, car ce sont eux qui décident qui prend la parole et alors on aboutit à une sorte de star system qui ne reflète pas la réalité sur le terrain.
Les organisations à la base, qui mobilisent les citoyens et les citoyennes « en première ligne » si on peut dire, ont plus de légitimité, et très souvent beaucoup plus d’ancrage, que des ONG comme Équiterre dont le rôle en fin de compte devrait être d’alimenter ces mouvements, et non de prendre leur place.
Pour revenir à la « neutralité » : le Québec est à la croisée des chemins et tous et toutes que nous sommes prenons part à la décision. Le PLQ et son clone de la CAQ nous amènent dans une direction très claire qu’aucun écologiste ne peut ignorer à moins d’être intellectuellement malhonnête. Dire cela ne contredit pas le mandat des mouvements et des organisations qui ne sont pas en mesure, par choix ou par nécessité, d’être directement partisans.