Édition du 3 décembre 2024

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Le blogue de Michel Lambert

Nos résolutions pour… 2015

Il y a près d’un an, le journal Le Devoir présentait son bilan de l’année qui se terminait alors et titrait : 2011, l’année de l’indigné. Des références étaient faites aux nouveaux mouvements sociaux : Occupy/Occupons, mais bien sûr aussi aux révolutions du printemps arabe et aux mouvements des Indignados de partout en Europe.

Tiré du site d’Alternatives : http://journal.alternatives.ca/spip.php?auteur90

Pour lancer 2012 dans la même veine, Alternatives proposait au même moment le site Web www.indignez-vous.ca qui recueillait en quelques semaines plus de 1500 indignations en direction du gouvernement fédéral de Stephen Harper. 1500 personnes qui décriaient les politiques guerrières de ce gouvernement, les compressions dans les groupes de femmes, dans la culture, dans la coopération, mais surtout dans les secteurs de la protection de l’environnement, sur les questions des changements climatiques et au profit des grands des industries pétrolières et minières.

Les réveils de 2012

Mais bien au-delà de cette petite expérience, 2012 aura été pour tout le Québec l’année de la grande prise de conscience. La réalisation toute simple et gigantesque à la fois du fait que l’indignation et la mobilisation ne sont pas qu’ailleurs. Après l’indignation de 2011, 2012 a permis une mobilisation très large, initialement étudiante puis rapidement portant sur le public, sur l’orientation des politiques du gouvernement, sur la gestion du politique, sur les biens communs.

Et de façon plus particulière, 2012 aura aussi été l’année pour les progressistes du Québec de constater leurs propres capacités d’influer sur ces enjeux. Car quelle que soit notre évaluation des derniers mois, il n’en reste pas moins que les forces progressistes sont parvenues à prendre la parole, à modifier l’agenda libéral, à forcer le report des élections, à mettre le PLQ dans les bancs de l’opposition, à rejeter la hausse, la loi 78. À peu de choses près il faut le dire, et ce même si tous les négationnistes de droite le diront, les forces progressistes sont parvenues à inscrire en lettres rouges le fait qu’il faudra dorénavant compter sur eux et prendre en considérations leur capacité réelle d’influencer les politiques.

2013 : les alliances

Bien évidemment, les « chroniqueurs » et « analystes » politiques pullulent déjà pour réécrire l’histoire. Ils présentent ce printemps érable comme un « soubresaut » ou une « aventure » un peu déconnectée de notre réalité d’ordinaire toute « tranquille ». Ils relativisent en proposant que les mobilisations de la jeunesse se passent tous les 50 ans. En fin de compte, tout pourrait se poursuivre comme avant, Madame la marquise.

Mais les dés sont jetés

S’il est impossible de prédire ce que sera 2013, il n’en reste pas moins qu’il est aussi impossible d’imaginer que l’approfondissement des crises sociales, politiques, environnementales ne fournissent pas un terreau à davantage d’indignations et davantage de mobilisations des populations. Est-ce qu’en retour, il y aura davantage d’ouverture de l’autre côté, ça reste à voir.

En 2013, le prochain Forum social mondial permettra la rencontre de militants, de mouvements, d’individus, des indignés, des printemps érable et arabe, des mouvements écologiques et contre les changements climatiques. Tout ce beau monde se retrouvera à Tunis en mars. Cette rencontre sera la confirmation qu’il est possible, nécessaire pour tous mouvements jeunes et moins jeunes, formels et informels, de travailler ensemble pour défaire les idées et les forces négatives qui pour l’instant s’imposent à la direction de nos sociétés et véhiculent des idées de populations et d’écosystèmes jetables.

En 2013, les indignés de notre monde continueront de crier haut et fort que nous ne sommes pas des économies bâties pour le bénéfice unique d’une minorité et que nous devons gérer nos sociétés autrement. Que les gens et les populations, les plus pauvres, les plus frappés, mais aussi tous les autres veulent pouvoir vivre ensemble mieux dans des sociétés qui ne soient pas que basées sur la production et la consommation et au détriment de la seule planète que nous ayons sous la main.

Un printemps canadien en 2014-2015 ?

Déjà au Canada, le printemps érable inspire. Les échanges se sont multiplié dans les dernières semaines entre les représentants étudiants, les jeunes, les autochtones notamment autour des enjeux écologiques, sur les questions pétrolières et minières, sur les questions de bien commun. Ces mêmes enjeux qui, le 22 avril dernier, ont rassemblé plus de 300 000 personnes sur le Mont-Royal à Montréal pour dire alors aux gouvernements de Jean Charest et de Stephen Harper que, d’une part, nos ressources appartiennent à tous et toutes et que, d’autre part, nous tenons à les préserver et à préserver nos écosystèmes maintenant et pour les générations futures. Et soyons-en certains, en 2013 et 2014, ces mouvements seront plus forts encore et surtout, ils auront appris à travailler ensemble dans le cadre d’un important processus de Forum social Québec/Canada/Peuples autochtones.

En 2015, le Canada tiendra sa prochaine élection fédérale. Le Québec ne sera alors pas seul à dire non aux politiques que nous impose le Parti Conservateur du Canada.

Tout de suite

En 2012-2013, je n’aurai qu’une résolution. En fait, pas pour moi... Mais j’aurai une résolution à offrir pour cette partie de nos décideurs et commentateurs qui professent à tout vent qu’il faut rendre plus sévère, plus globale encore l’application de toutes les vielles idées et solutions néolibérales. Albert Einstein disait : "il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour créer les solutions". Il ne faut pas compter sur un problème pour en être la solution.

Il est clair que le système dans lequel nous évoluons est la problématique et que la solution ne peut être rapidement que d’explorer de nouvelles alternatives durables.

La jeunesse d’aujourd’hui souhaite proposer des alternatives, de nouvelles idées, de nouvelles solutions. Ma proposition de résolution pour 2013, pour tous ces autres qui rêvent de pareil au même : c’est l’ouverture.

Après l’indignation de 2011 et la mobilisation de 2012. Il est temps pour la société en 2013 et dorénavant d’être plus ouverte aux nouvelles solutions et idées, à l’ailleurs et à l’autre, à la solidarité, au bien commun. Pensons-y

Michel Lambert

Directeur général d’Alternatives.

http://journal.alternatives.ca

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