Hebdo L’Anticapitaliste - 721 (19/09/2024)
Par Commission nationale écologie
Au mois d’août, plus de 6 % de la surface de l’île de Madère ont brûlé pendant plus d’une semaine.
Les incendies, qui ont détruit plus de 10 000 hectares, causé la mort d’une femme et des dizaines de blesséEs, menaçaient la banlieue d’Athènes.
Le Brésil, déjà durement touché les années précédentes, connaît des records. En Amazonie, 38 226 incendies ont été détectés au cours du mois d’août. Le Cerrado, près de São Paulo, et le Pantanal, la plus importante zone humide du monde, située à l’ouest du pays, ont subi des feux très nombreux et importants.
Sécheresse et agrobusiness
Ces incendies sont directement liés à la sécheresse et aux chaleurs extrêmes. L’Amazonie paye le prix des records historiques de chaleur et de sécheresse de l’été 2023 qui ont fragilisé les écosystèmes forestiers (perte de verdure, stress hydrique…) Mais le changement climatique n’est pas le seul en cause. L’autre grand fléau au Brésil n’a rien de « naturel », il a pour nom l’agrobusiness. Les grands éleveurs industriels de bovins déclenchent volontairement des incendies pour transformer la forêt en zone de pâturage. Avec la chaleur et la sécheresse, ces incendies peuvent rapidement devenir incontrôlables. Les mêmes, qui sont de fervents partisans de Bolsonaro, sont aussi soupçonnés d’incendies criminels volontaires pour décrédibiliser la politique de protection de la forêt du gouvernement Lula. Une politique « zéro déforestation » qui n’est pas sans contradictions, puisque Lula prétend toujours concilier l’agriculture industrielle, productiviste et le « développement durable ».
Déforestation et consommation de CO2
La déforestation est la deuxième grande cause du basculement climatique — après les émissions dues à la combustion des énergies fossiles. Mais localement, elle est aussi directement responsable de l’asséchement, donc des incendies. Un cercle infernal qui rend de plus en plus menaçant le scénario de la savanisation de l’Amazonie qui aurait des conséquences sur la globalité du système climatique mondial.
L’inquiétude vient aussi de l’état des forêts boréales ravagées par les mégafeux de l’été 2023. 4 % de la surface forestière du Canada ont brûlé, faisant passer le Canada du 11e au 4e rang des pays les plus émetteurs de CO2. Pourtant comme l’indique une étude parue en mars 2024 dans la revue Science « même les modèles climatiques les plus avancés utilisés par le Giec ne prennent pas en compte les feux extrêmes ni leurs rétroactions. Cela nous pousse à surestimer le budget carbone restant dont nous disposons ».
Avec les incendies et les sécheresses, ce sont aussi les capacités d’absorption du CO2 par les puits de carbone que constituent les sols et les forêts, qui s’effondrent, de trois à cinq fois moindres en 2023.
Manifestations spectaculaires du bouleversement climatique, les mégafeux sont aussi au cœur des menaces de basculements irréversibles.
Commission nationale écologie
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