Édition du 16 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Sur la mobilisation des travailleurs pétroliers en Argentine

(tiré de La Jornada - 6 mai 2016 - Traduction Luiz Maria Olguin)
Stella Calloni est correspondante du journal La Jornada - Mexique

“Quand le travail de nous tous sera menacé, nous ferons la grève générale” a assuré le dirigeant d’un syndicat du pétrole, Jorge Ávila au moment d’une grande manifestation à la ville de Comodoro Rivadavia, (province de Chubut) tenue lors d’une grève des travailleurs du secteur pétrolier et d’une mobilisation qui a réuni plus de 60 000 travailleurs et divers syndicats de la région.

Selon des informations du journal local, El Patagónico, depuis vendredi matin, les syndicats des travailleurs pétroliers des provinces de Chubut et de Santa Cruz se sont donné rendez-vous pour participer à cette mobilisation. José Llugdar, secrétaire général de la Asociación de Jerárquicos Petroleros, a dénoncé dans son discours le traitement dont lui et son collègue, le secrétaire du syndicat des compagnies de pétrole privées, Jorge Ávila, ont été victimes. On les a traité de « déstabilisateurs » pour avoir accepté le modèle actuel du gouvernement.

L’ Unión de Transportes automotores, des syndicats des enseignants, de la métallurgie, de la construction, la Confédération générale du travail (CGT) locale, les chambres des entrepreneurs et même le gouverneur, Mario Das Neves, ont participé à cette manifestation.

La grande manifestation, qu’ils ont qualifié d’historique avec un arrêt complet de toute activité, avait comme objectif d’exiger aux entreprises pétrolières la reprise des activités, paralysées depuis presque deux mois, en janvier de cette année et de donner « le congé annuel en avance à tout le personnel ».

Carlos Linares, gouverneur de Comodoro Rivadavia, participant aussi de la manifestation, a signalé que celle-ci est une mobilisation de toute la ville pour défendre les postes de travail menacés par la fermeture que les entreprises ont l’habitude de faire depuis 30 ou 40 ans. D’autres entreprises, depuis l’avènement du gouvernement de Mauricio Macri licencient peu à peu des travailleurs.

Parallèlement à ce contexte de conflit social qui va en augmentant, l’entrepreneur Lázaro Báez, accusé d’un présumé lavage d’argent, a présenté, ce vendredi au juge Sebastián Casanello, un document attestant qu’il a reçu un prêt de 209 millions, de l’Helvetic Group, pour cofonder une société avec une entreprise appartenant à l’un des cousins du président Macri.

En même temps, le juge Claudio Bonadío, récusé par l’ex-présidente Cristina Fernández de Kirchner pour « franche hostilité », a émis un mandat de perquisition chez un syndic gérant l’administration de trois appartements de la société immobilière Los Sauces dans le quartier Puerto Madero de la capitale et appartenant supposément à Fernández. Même si cette situation avait auparavant fait objet d’une investigation, hier soir les immeubles ont été violemment perquisitionnés par la Police métropolitaine, cassant des portes.

Dans ce contexte, transformé en une véritable guerre judiciaire, le député de l’opposition, Darío Martínez, a demandé, cette semaine, d’élargir l’accusation contre Macri pour sa participation aux conseil d’administration des entreprises offshore des paradis fiscaux. Il a aussi demandé à être informé si, dans les derniers jours, des preuves ont été effacées ou si le président s’est vendu à lui-même une entreprise pour éviter de payer des impôts.

Martínez, qui avait déjà logé une dénonciation au (Ministère public - Procureur) le 6 avril dernier contre Macri, a de nouveau présenté un document chez le Procureur Federico Delgado. Le président apparaît mentionné dans le Panama Papers, documents détenus par la ICIJ (Centre pour l’intégrité publique), comme faisant partie du conseil d’administration de la société offshore Fleg Trading au Bahamas. Martinez affirme que « le président a omis de déclarer qu’il faisait partie du conseil d’administration de Kagemusha S.A, entreprise toujours active en avril de cette année ».

Martínez, du Frente para la Victoria (Front pour la victoire FpV) signale dans sa dénonciation que « c’est clair que les Macri forment un groupe économique familial qui a créé plusieurs sociétés dans des paradis fiscaux même l’une d’elles similaire à celle dont le siège est en Argentine, Macri Investment Group. Ces sociétés contrôlent ou sont sous contrôle d’autres avec les mêmes caractéristiques, (…) Cette stratégie classique, de créer des entreprises fictives, sert à cacher des noms, des activités et des patrimoines ».

Le député a aussi mentionné que Macri avait nié le fonctionnement de Fleg Trading LTD, dont il était son directeur jusqu’à 2008. Mais en 2001, il a été constaté que le groupe Macri avait ouvert au Brésil, 15 succursales de l’entreprise Pago Fácil avait engagé des employés, des cadres et signé des accords incluant l’ouverture d’autres 200 succursales avec service de paiement. Pour ce faire, il a enregistré au Brésil la société Fleg Trading, tel que mentionné dans les documents de la Junta Comercial del Estado de San Pablo (Registre de commerce de l’état de Sao Paulo).

Martinez a demandé que le ICIJ remette la documentation et l’information qu’elle détient sur les citoyens argentins, qu’on approfondisse l’investigation sur la société Kagemusha et qu’on investigue aussi sur la vente d’actions de la firme Yacylec S.A, réalisée par Macri, qu’on suspecte d’être une vente fictive.

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