Il reste beaucoup à apprendre à propos de la tuerie de masse qui a eu lieu le 5 courant dans un temple sikh du Wisconsin. Sept personnes y sont mortes dont le tireur et trois autres ont été gravement blessées. Mais une chose est claire, le tireur était très impliqué dans le mouvement suprématiste blanc et dans les cercles néo nazis depuis longtemps.

Ce que nous savons des sympathies fascistes de Wade Michael Page nous provient des grands médias, de leurs commentaires généraux sur leur recherche « de motivations » et des représentantEs du gouvernement américain. Mais il y a des preuves qui indiquent fortement que le geste de M. Page contre des gens d’origine indienne était animé par son combat politique fasciste et raciste. On peut donc interpréter son crime comme un acte de terrorisme intérieur de droite.

Cet ancien combattant de 40 ans a utilisé une arme automatique de 9 millimètres pour tuer 6 fidèles du temple sikh de Oak Creek, une banlieue de Milwaukee en plus d’en blesser gravement 2 autres ainsi qu’un policier dont la vie n’est pas assurée à ce moment-ci. Il a ensuite été atteint par un tir des policiers.i

(…) La police et le FBI affirment que M. Page a agi seul. Toutefois, il y a des raisons de mettre cette version en doute. Les premières nouvelles diffusées le dimanche matin faisaient état, sur la base des déclarations de témoins oculaires, qu’il y avait plusieurs tireurs. Une de ces personnes parle de 4 tireurs blancs. D’autres affirment qu’il y avait plus d’un tireur. La direction du temple dit avoir vu des personnes suspectes qui recevaient de curieux coups de téléphone la veille de l’attaque.

Au cours d’une conférence de presse dimanche matin à Oak Creek, les autorités disaient vouloir identifier une autre personne, un homme blanc. Ils le qualifiaient de « personne représentant un certain intérêt ». Les reporters du Milwaukee Journal Sentinel parlaient d’un homme correspondant à des photos divulguées par les policiers et qui avait été vu au temple dimanche. Il n’en a pourtant plus été question dans les bulletins de nouvelles plus tard dans la journée.

Dimanche et lundi, le président Obama a émis des messages de condoléances laconiques aux et victimes et à leurs familles. Il n’affichait aucun intérêt pour la recherche des racines sociales de cette nouvelle tuerie deux semaines à peine après celle du cinéma au Colorado où 12 personnes ont été tuées et 59 blessées. Son adversaire, Mitt Romney n’a fait que répéter la phrase usée : « un autre acte de violence insensée ».

W.M. Page est né au Colorado en 1971. Il s’est engagé dans l’armée en 1992 et en est sorti en 1998. On lui a refusé le statut d’« honorable retour à la vie civile ». En fait, il a été renvoyé suite à de multiples accusations d’usage d’alcool en cours de manœuvres.

(Il est passé par plusieurs bases de l’armée) dont, finalement, Fort Bragg en Caroline du Nord. Il y a fait partie de l’unité des opérations psychologiques qui appartient aux Forces spéciales. Il était parachutiste et (il a reçu plusieurs médailles dont) celle pour Service humanitaire.

Après son retour à la vie civile, il a vécu à Lafayette en Caroline du Nord. Il y aurait travaillé comme chauffeur de camion (…) de 2006 à 2010. Il aurait été congédié (…) selon un témoin. Il a déménagé au sud de Milwaukee avant de s’installer il y a un mois près de Oak Creek. Il travaillait en soirée dans une usine.

Son dossier judiciaire révèle de multiples arrestations dans quatre États pour conduite avec les facultés affaiblies. Il a passé 60 jours en prison au Texas et au Colorado.

Le Southern Poverty Law Center, (SPLC) un organisme qui surveille les mouvements d’extrême droite, racistes et fascistes disait, lundi connaître M. Page depuis 2000. Cette année-là il avait tenté d’acheter du matériel à la National Alliance, un groupe néo nazi dirigé par William Pierce, l’auteur de « The Turner Diaries ». Ce livre raconte le renversement du gouvernement américain par des fascistes suivi d’une guerre raciste. Il est devenu une sorte de bible pour les éléments suprématistes blancs. On a trouvé une partie de ce bouquin dans la voiture de Timothy McVeigh, l’ancien combattant de la guerre du Golfe et membre d’une milice d’extrême droite, responsable de l’explosion d’un édifice fédéral à Oklahoma en 1995. 168 personnes y sont mortes.

En 2010, M. Page a donné une entrevue à Label 56, une compagnie d’enregistrement d’extrême droite et y a déclaré être allé à la Hammerfest en Georgie en 2000 pour y rejoindre le groupe de rock suprématiste blanc Youngland. En 2005 il fondait son propre groupe, End Apathy.

Lundi, le groupe Responsible for Equality and Liberty (REAL) qui lutte pour la défense des droits humains, disait que quelqu’un utilisant le nom « End Apathy » avait commencé à afficher des messages sur le site des suprématistes Sormfront en 2008. Ce site faisait la promotion des spectacles du groupe de musique de M. Page dont celui donné au rassemblement suprématistes de Richmond, en Virginie en mars dernier.

Ni le gouvernement ni les médias ne veulent examiner les liens de M. Page avec les groupes fascistes parce que cela soulèverait le problème plus vaste du déclin politique des États-Unis. Il faudrait alors parler de la promotion, par les dirigeantEs du pays, du militarisme et de l’entretient des sentiments antimusulmans et de la xénophobie qui font partie de la soi-disant « guerre au terrorisme », spécialement dans certaines couches obscures de la société.

Depuis le 9 septembre 2001, 700 attaques contre la communauté sikhe ont été rapportées. Les sikhs ne sont 350,000 aux États-Unis. (…) ils sont souvent confondus avec les musulmans ce qui explique l’augmentation des attaques d’extrême droite contre eux. Ces attaques ont augmenté au point où, en avril dernier, le représentant de New York, Joseph Crowley, coprésident du Caucus du Congrès pour les Indiens et Indiens américains, a écrit à l’attorney général, M. Éric Holder pour lui demander d’engager le FBI dans une recherche sur les crimes commis contre les sikhs. Il signalait qu’au cours de la seule dernière année, un sikh avait été tué à Sacramento, qu’un temple avait été vandalisé au Michigan et qu’un autre homme avait été battu à New York.

Le passage de M. Page dans l’unité des opérations psychologiques de l’armée met aussi en lumière ses pratiques de recrutement et de sélection d’éléments mentalement fragiles prêts à accomplir des massacres contre des populations visées par l’impérialisme américain.

Il a été affirmé par les autorités policières qu’il s’était tiré une balle dans la tête après ce tir par les policiers. N.D.T.