Édition du 12 novembre 2024

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Analyse politique

12 janvier 2010 : Devoir de mémoire

La terreur a régné sur notre pays. J’ai vécu des heures de douleur, à l’instar des autres victimes du séisme, mon mari était sous les décombres pendant plusieurs heures.
Le gardien de son cabinet a pu finalement l’extirper de là où il était coincé à la ruelle Rivière. J’étais là seule sans personne pour m’aider, sans voiture. Ma voix résonnait dans le vide. Puis un des fils de Me Coffy s’amena, il s’est heureusement rappelé qu’ il avait la clef de la voiture de son père en main et voilà …

Je me souviens encore comme si c’était aujourd’hui. J’ai passé la nuit dans la rue, aucun médecin n’était disponible pour lui donner des points de soutures aux endroits qui laissaient sortir du sang jusqu’à ce que le Dr Débussy Damier décrocha son téléphone et nous demanda de passer chez lui. Nous sommes rentrés à la maison vers 4 h du matin. Sur la route, ce que j’ai vu m’a fait à dire à Robert : bay dèyèw de tap monchè, met gason sou w, peyi a kraze , anpil kò san vi bò lari a (ti moun kou granmoun, elèv lekòl …)

C ‘est lors des échanges, le 13 au matin, que j’ai été informée des dégâts que ce séisme a causés. Des collègues sénateurs tués, des membres de ma famille et des amis disparus (cousines/cousins). Hélas un moment inoubliable dans notre vie de peuple. Et puis la mort de Micha !

Ce que je retiens notamment dans tout ça, c’est notre impuissance devant les catastrophes naturelles, mais surtout notre volonté d‘oublier les méfaits qu’elles ont entraînés pour ensuite profiter des fonds mobilisés en la circonstance à des fins d’enrichissement.
Voilà pourquoi certains continuent de croire que les dégâts causés par l’humain sont de loin plus importants que ceux causés par la nature.

Qu’avons nous fait des fonds de la CIRH, des fonds de Petrocaribe ? Qui pis est, quelqu’un eut à me dire un jour : il faut que les politiques cessent de parler petrocaribe s’ils veulent être partie de la solution à la crise multidimensionnelle.

En plus, des parlementaires ont accepté de voter pour la cogestion étrangère des fonds de la reconstruction, et on oublie . Comment voyez vous Port-au-Prince après 13 ans ? Les fonds mobilisés sont passés où ? Haiti continue de payer une dette qui n’a pas servi à améliorer les conditions de vie des sinistrés physiques et psychologiques.

Nous ne devons pas continuer à nous plaindre, mais les rappels ont leur importance . Les autres générations ne doivent pas commettre les mêmes erreurs, les mêmes bêtises.
Le PFSDH etait le premier parti politique à interpeller la société . Le texte était titré « Où est passé l’argent de la dette ? ». Ce cri continue sa route et l ‘echo nous revient avec beaucoup de désespoirs.

Plus le temps passe mieux les voleurs mentent et prennent de l’espace. Ils se font oublier, ils ont de l’argent, ils crient fort . Ceux qui n’ont pas connu leur histoire rentrent vite das leur jeu de discours simpliste et populiste, les réseaux sociaux , la révolution du numérique aidant. Hélas, dommage pour Haïti , le système judiciaire n’a pas trouvé les professionnels du droit pour tracer des exemples, pas de la même manière que le fameux procès des timbres , mais ensemble se dire plus jamais, divorçons avec nos mauvaises pratiques, pour qu’Haïti puisse respirer et revivre.

Edmonde Supplice Beauzile

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