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Climat. “Effrayant” : sécheresses et vagues de chaleur ont fait de 2022 une année historique en Europe

Le continent européen est l’une des zones du monde, avec les pôles, qui se réchauffent le plus rapidement. L’augmentation des températures moyennes a même dépassé les 2 °C par rapport aux températures enregistrées avant l’ère industrielle.

20 avril 2023 | tiré de Courrier international | Photo : Le sol fissuré du réservoir de Baélls, alors que l’approvisionnement en eau potable a plongé à son plus bas niveau depuis 1990 en raison de la sécheresse extrême en Catalogne, dans le village de Cersc, dans la région de Bergueda, en Espagne, le 14 mars 2023. NACHO DOCE/REUTERS
https://www.courrierinternational.com/article/climat-effrayant-secheresses-et-vagues-de-chaleur-ont-fait-de-2022-une-annee-historique-en-europe

L’Europe se réchauffe à grande vitesse. “Les températures sur le Vieux Continent augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale”, reprend le quotidien La Libre d’après le nouveau rapport du Copernicus Climate Change Service (C3S), un programme de l’Union européenne qui collecte des données utilisées autant pour la sécurité en mer que pour le suivi des effets du changement climatique.

Les vagues de chaleur qui ont sévi l’été dernier sur le continent ont été meurtrières, quelque 20 000 personnes en seraient mortes. Mais elles ont aussi provoqué de sérieux dégâts dans les cultures de céréales, ainsi que des sécheresses et une fonte massive des glaciers alpins.

“Un tiers du continent européen aurait été affecté par les sécheresses, la chaleur et de faibles précipitations, selon le rapport, ce qui fait de 2022 l’année la plus sèche jamais enregistrée”, écrit The Guardian. L’été dernier détient le triste record de “l’été le plus chaud jamais enregistré avec des températures supérieures de 1,4 °C à la moyenne par rapport aux trente dernières années”, souligne La Vanguardia.

Stress thermique

C’est simple, “sur les cinq dernières années, la température moyenne en Europe se trouve 2,2 °C au-dessus des températures de l’ère préindustrielle”, renchérit le quotidien britannique. Le rapport du C3S n’est qu’une longue liste des conséquences d’un dérèglement climatique difficile à atténuer, auquel on cherche encore à s’adapter. Mauro Facchini, directeur de l’Observation de la Terre auprès de la Commission Européenne, déclare dans le Guardian :

“Ces conclusions sont effrayantes, mais il est important que l’on sache la vérité. De plus en plus d’événements extrêmes se déroulent en Europe, et tout le monde peut en témoigner.”
Ces températures anormalement hautes induisent un stress thermique dans l’ensemble de la population européenne, avec des conséquences désastreuses notamment dans les pays d’Europe du Sud, qui se trouvent en première ligne. “Certaines de ces régions ont compté jusqu’à cent jours où le stress thermique a été ressenti”, relève Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S, dans La Libre, avec des températures dépassant les 32 °C, limite à partir de laquelle le stress thermique est considéré comme fort.

“Les températures au Royaume-Uni ont même dépassé les 40 °C pour la première fois”, note le Guardian. Pour Daniela Schmidt, chercheuse en sciences de la Terre à l’université de Bristol, “nous ne sommes pas préparés à des sécheresses comme celles que nous avons connues l’année dernière, compte tenu des pertes dans l’agriculture, des plantes brûlées et des poissons qui s’amenuisent dans les rivières. Nous devons investir pour nous adapter”, confie-t-elle au Guardian.

Glaciers alpins en perdition
Les deux conséquences majeures de cette élévation importante des températures sont une augmentation du risque d’incendie, associée à une augmentation des émissions de dioxyde de carbone, et la fonte accélérée des glaciers alpins. “La France, l’Espagne, l’Allemagne et la Slovénie ont enregistré les plus fortes émissions [de CO₂] dues aux incendies estivaux de forêts ces vingt dernières années, si ce n’est plus, et c’est aussi au sud-ouest de l’Europe que les plus grands incendies du continent ont été recensés”, précise le quotidien espagnol.

S’agissant des glaciers, les nouvelles sont mauvaises. Dans La Libre, on apprend qu’“en 2022, le manque de neige en hiver et les températures estivales élevées ont entraîné une déperdition record de glace des glaciers des Alpes, qui équivaut à une perte de plus de 5 km³ de glace ou une épaisseur moyenne de plus de 3,5 mètres de glace”. Soit l’équivalent d’un cube avec une arête 3,4 fois plus haute que la tour Eiffel. Dans un autre rapport sorti le même jour, C3S partage aussi son inquiétude face à la fonte accélérée des glaces de l’Antarctique et du Groenland. Dans ces deux régions polaires, “les calottes glaciaires ont perdu de la glace chaque année depuis 1992, et les sept pires années se sont déroulées lors de la dernière décennie”, détaille le Guardian.

Entre 1992 et 2020, c’est l’équivalent d’un cube de 20 kilomètres de côté qui a fondu des calottes glaciaires, soit 7 600 milliards de tonnes. Selon Andrew Shepherd, géographe de l’université de Northumbria (Royaume-Uni), “nous sommes arrivés à un stade où nous pouvons actualiser en permanence nos évaluations de la [perte] des calottes glaciaires, car il y a suffisamment de satellites dans l’espace pour les surveiller. Ce qui signifie que les gens peuvent utiliser nos résultats immédiatement.” Les rapports s’enchaînent et s’accumulent sur les bureaux des décideurs et décideuses du monde entier et, comme diraient certains, il n’y a plus qu’à…

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