Édition du 26 mars 2024

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Québec

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Vendredi le 30 août dernier, le Journal de Montréal nous informait qu’une entente confidentielle de collaboration entre Hydro-Québec et la Israel Electric Corporation prenait fin et qu’elle ne serait pas renouvelée.

Cette entente avait été conclue en mai 2017 sous le gouvernement libéral de Philippe Couillard par le président du conseil d’administration d’Hydro-Québec de l’époque, Michael Penner. L’avocat membre de BDS (Boycott, Sanctions, Désinvestissement) John Philpot a réussi, au prix de maints efforts, à consulter le document.

Rappelons que la Israel Electric Corporation a coupé ou réduit l’accès à l’électricité en Cisjordanie et dans la bande de Gaza à plusieurs reprises au cours des dernières années.

Mais le mal est fait. La Israel Electric Corporation ressort renforcée techniquement de cette collaboration avec « notre Hydro nationale » alors que les Palestiniens et Palestiniennes en sortent affaiblis. D’ailleurs, M. Penner avait avoué sans complexe qu’il s’agissait d’aider la corporation israélienne à contrer d’éventuelles attaques cybernétiques.

Cette collaboration est honteuse ; tout d’abord parce qu’elle contribue à appuyer un État voyou, Israël, lequel opprime sans merci le peuple palestinien. Il se fiche éperdument du droit international ainsi que des résolutions de l’ONU. Dans le dossier délicat et explosif des relations israélo-palestiniennes, il ne peut exister de décision neutre.

Cette initiative de l’ancien gouvernement Couillard doit inciter la gauche québécoise pro-palestinienne à demeurer en état d’alerte constant. Car si Hydro a collaboré avec une institution para-publique israélienne, qu’est-ce qui garantit par exemple que la Sûreté du Québec ne l’imitera pas à un moment donné ? Sait-on jamais ? On doit veiller à ne pas s’en faire passer une autre « p’tite vite ».

Par ailleurs, il faut contester le tourisme en Israël et convaincre les vacanciers d’aller se changer les idées ailleurs. Le tourisme occidental en Israël représente pour ce pays une précieuse rentrée de devises étrangères en plus de banaliser l’expansion territoriale de l’État hébreu en Cisjordanie et Jérusalem-Est.

On objectera que beaucoup de touristes fréquentent des pays non démocratiques (Le Myanmar, la Chine, le Vietnam, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc) sans que ces visites ne soulèvent beaucoup de protestations du côté de la gauche.

C’est vrai. Mais si on ne devait se rendre que dans des pays exemplairement démocratiques, notre choix de destinations serait très restreint. À la limite, on ne pourrait même pas demeurer chez nous, dans nos pays à régime libéralo-électoral où la montée des inégalités sociales affaiblit dangereusement la démocratie.

Toutefois, Israël constitue un cas spécial. Cet État qu’on nous décrit toujours comme « la seule démocratie du Proche-Orient » a été fondé sur la dépossession massive de la population arabe préexistante et il se maintient par l’usage répété de la force contre les Palestiniens. Puisque les classes politiques occidentales affectent de le considérer comme l’unique démocratie de la région, on peut donc se montrer plus exigeants à son endroit. Du reste, elles appuient l’État hébreu bien plus pour son nationalisme que pour son régime politique, mais elles sont trop hypocrites pour l’admettre.

Il importe donc de court-circuiter la coupable complaisance dont il bénéficie en Occident.

Jean-François Delisle

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