13 octobre 2021 | tiré du site d’Alternative socialiste
Alternative socialiste (AS). Rosalie, qui es-tu et qu’est-ce qui te motive à militer pour le droit au logement dans Verdun ?
Rosalie Bélanger-Rioux (RBR). J’enseigne les mathématiques à l’Université McGill et je travaille sur la diversité et l’inclusion dans la communauté mathématique. Je suis militante socialiste depuis plusieurs années, et j’ai déjà travaillé sur la problématique du logement dans la région de Boston, aux États-Unis, où j’ai habité plusieurs années. J’avais une idée de quoi faire pour mener une campagne logement à Verdun et dans le Sud-Ouest de Montréal.
Comme membre d’Alternative socialiste, j’ai commencé à collaborer avec quelques groupes locaux tels Verdun Ensemble Contre la Gentrification (VECG), le Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV) et le Projet d’organisation populaire, d’information et de regroupement (POPIR). Je trouvais important d’analyser les raisons du phénomène de la gentrification et d’agir sur ces raisons pour amener des changements.
C’est pourquoi, avec d’autres membres d’Alternative socialiste, nous avons mis sur pied une campagne socialiste pour le logement : Nos quartiers ne sont pas à vendre. Je coordonne cette campagne depuis. On a bien sûr continué notre collaboration avec d’autres groupes. Mais on a aussi participé à des manifestations, posé des bannières et distribué des milliers de dépliants à Verdun pour expliquer aux gens le besoin de mettre sur pied un mouvement des locataires composé des travailleurs, des travailleuses et des jeunes du quartier.
AS. Pourquoi es-tu revenue à Verdun ?
RBR. J’ai déjà habité à Verdun trois ans auparavant et je tenais à y revenir. C’est un quartier que j’adore ! Les gens ne sont pas prétentieux. On est proche du fleuve et de belles pistes cyclables. Les gens viennent de partout pour vivre ici. Mais, à mon retour des États-Unis il y a deux ans, j’ai constaté que le quartier avait énormément changé. Les gens, surtout les moins fortunés, étaient constamment victimes de hausses de loyer abusives (ça a été mon cas d’ailleurs) et de rénovictions.
Partout à Montréal, mais spécifiquement à Verdun, le prix des logements n’a fait qu’augmenter dans les dernières années. En militant dans Verdun avec la campagne Nos quartiers ne sont pas à vendre, j’ai rencontré des personnes qui ont vécu des histoires d’horreur. Les comités logement font du gros travail pour défendre les locataires. Maintenant, il faut aller à l’offensive pour éviter que les attaques nous tombent dessus tout le temps. Comment on va à l’offensive ? Eh ben notre force, c’est la force du nombre !
AS. Comment faire le saut dans les élections municipales peut-il aider à cette offensive ?
RBR. Le palier municipal est un levier qu’on peut utiliser pour faire changer les choses. Sous Projet Montréal, il y a eu plein de gentrification partout. D’un côté, il n’y a jamais eu autant de constructions d’unités de logement. En parallèle, le nombre de personnes itinérantes a doublé en 6 mois au début de la pandémie. Les personnes élues sont à la merci des promoteurs et des grands propriétaires. Elles laissent passer des réglementations en leur faveur ou ne mettent pas de réglementations pour les arrêter. Ça permet aux spéculateurs de faire un peu ce qu’ils veulent et de façonner la ville pour leurs besoins, pas les nôtres. Ça prend non seulement des élu⋅es pour se tenir debout contre eux, mais aussi il faut informer les travailleurs et les travailleuses de Verdun des projets qui se trament pour que la lutte s’organise !
AS. En tant que candidate socialiste indépendante, comment te tiendras-tu debout ?
RBR. C’est sûr qu’il va falloir être plusieurs à se tenir debout ! Si je suis élue, le travail de terrain va devoir se poursuivre. Le but n’est pas seulement de se présenter aux élections et de se retrouver au conseil municipal de Verdun pendant quatre ans. La campagne électorale sert d’occasion pour parler de l’enjeu du logement, développer une campagne de terrain et organiser les travailleurs et les travailleuses, les étudiants et les étudiantes qui paient leur loyer trop cher. Si je gagne, je m’engage à défendre les locataires. Si je ne gagne pas, et bien je m’engage à défendre les locataires ! Mais aussi à continuer d’exercer une pression sur le conseil municipal. Les luttes actuelles contre les rénovictions et pour un réel contrôle des loyers sont essentielles..
À Seattle, en Suède ou à Berlin, il y a eu des victoires importantes pour les locataires pendant les derniers mois. Mais elles n’ont pas été gagnées uniquement parce qu’une personne s’est tenue debout contre Amazon et les grosses compagnies. Dans l’exemple de Kshama Sawant à Seattle, oui, elle est la seule élue socialiste du conseil municipal. Mais, il y a toute une mobilisation de travailleurs et de travailleuses sur le terrain qui est à la base de son rapport de force contre les autres élu⋅es. C’est cette dynamique qui les force à adopter des projets de loi qui défendent réellement la majorité du monde.
Il faut qu’il y ait du monde ordinaire au conseil municipal pour que le terme « logement abordable » veuille vraiment dire quelque chose ! Ce qu’ils nomment « abordable », c’est un loyer à 90% du prix du marché. Ça n’a aucun sens ! Le prix du marché a tellement augmenté que même 90% n’a plus rien d’abordable pour la majorité des gens. Visiblement, c’est ben correct d’après eux et elles. Faut croire que les élu⋅es de Projet Montréal n’ont pas les budgets personnels qu’on a, nous autres !
AS. Qu’est-ce que ça prendrait alors ?
RBR. Les promoteurs immobiliers menacent de ne rien construire si on augmente les ratios de logement abordables ou si on leur met d’autres contraintes. Mais, ils construisent des grosses tours à condos de luxe pour faire un maximum de profit, même si ces logements restent inoccupés. On pourrait en loger du monde là-dedans !
Ce que ça prend, c’est de la construction massive de logements publics à prix modique et c’est la ville qui devra gérer ça. Pas les promoteurs et les entrepreneurs privés ! C’est nous autres, les travailleurs et les travailleuses qui devons décider de quoi on a besoin, quand on en a de besoin et de la façon qu’on veut que ça se construise. Planifier ce qu’il nous faut. Reprendre le contrôle politique de la ville. Pas attendre que les promoteurs et les grands propriétaires fassent des projets qu’ils trouvent rentables.
Qu’on exproprie les immeubles insalubres, abandonnés ou inoccupés ! C’est insensé que du monde fasse du profit sur l’offre d’un service d’habitation alors que se loger est un droit et que le privé est incapable de le combler !
Donc, il faut aussi penser plus large que le logement. Penser comment on intègre les services essentiels dans l’aménagement urbain, comme le transport en commun, les espaces verts, les garderies, les cliniques, etc. Il faut que le développement des quartiers soit pensé démocratiquement, selon les besoins des gens, pas ceux des promoteurs et des élites politiques qui les protègent. Et ça nous prend un mouvement large et combatif pour transformer ces idées en réalité !
Depuis le début de la pandémie, il y a eu une hausse du nombre de personnes sans domicile fixe, une hausse des loyers, une hausse des tarifs de transport en commun, une hausse des violences conjugales, etc. La lutte pour le droit de se loger décemment est devenue centrale. Nous croyons qu’en nous organisant autour d’un programme socialiste dans nos milieux de vie, nous pourrons mettre fin à l’exploitation, aux oppressions et aux injustices inhérentes au système capitaliste pourri. Cette lutte se passera dans Verdun cet automne, mais elle est solidaire de celle de tous les quartiers, de toutes les villes au-delà des frontières. Alternative socialiste est fière d’endosser Rosalie Bélanger-Rioux, candidate socialiste indépendante dans Verdun !
Pour en savoir plus sur la campagne de Rosalie : Rosalie2021.info
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