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Etat espagnol. Une radiographie de Vox. Un parti militariste, raciste, clérical, pro-impérialiste, antiféministe et néolibéral

Publié par Alencontre le 27 - avril - 2019 | traduction À l’encontre

Quelles sont les racines de Vox ? [Voir aussi l’article publié sur ce site en date 7 décembre 2018.] Si nous prenons comme point de départ journalistique un article bien documenté d’El País Semanal, publié le 14 avril 2019, la réponse serait la suivante :

r Daniel Pereyra

Le Parti populaire, duquel ont surgi la Fondation FAES, fondée par Aznar [président du gouvernement espagnol (Parti populaire – PP) entre 1996 et 2004], et des activistes du PP basques, tels que Santiago Abascal (aujourd’hui secrétaire général de Vox), sans oublier de nombreux notables venus du franquisme ; la Fondation pour la défense de la nation espagnole (DENAES), fondée en 2006, proche de Basta Ya ! et le Forum de Ermua, soutenus par Esperanza Aguirre [présidente de la Communauté de Madrid d’octobre 203 à septembre 2012] et d’autres dirigeants du PP, y compris l’ancien chef de la Maison du roi Juan Carlos, à l’époque parrain d’honneur de la Fondation ; des secteurs fondamentalistes catholiques, dont plusieurs évêques, le cardinal Antonio María Rouco Varela, à la tête du catholicisme madrilène, ainsi que la Fondation Hazte Oír [Fais-toi entendre] et le Forum espagnol de la famille ; des militaires de premier plan, dont des généraux, opposés aux politiques de promotion ; des groupes d’opinion tels qu’Intereconomía, Libertad Digital, Cadena Cope ainsi que des adversaires de l’indépendantisme [catalan] [1].

D’autres racines ne sont pas mentionnées par El País Semanal, parmi lesquelles les noyaux du patronat influencés par l’ultra-néolibéral Rubén Manson, rédacteur du programme économique de Vox ; les liens internationaux de la formation (les exilés cubains de Miami et de l’Etat espagnol), la droite nord-américaine du Parti républicain, la National Rifle Association of America [fondée en 1871, milite pour le droit de porter des armes, lobby très influent ; a soutenu la candidature de Trump avant même qu’elle ne soit officialisée], des sionistes et anti-islamistes ; des groupes opposés à l’avortement ; des négationnistes du judéocide ; des aficionados des taureaux, de la chasse et de la pêche.

L’apparition récente de Vox dans le panorama politique espagnol, incorporé avec force dans le processus électoral de 2019, et son important résultat lors des élections andalouses du 2 décembre 2018, où la formation a remporté 12 sièges de députés [avec près de 400’000 voix] au législatif de la Communauté autonome, sont autant de raisons qui obligent à une évaluation politique de la signification politique de ses propositions.

Elles sont très claires en ce qui concerne la politique et l’économie. Elles s’inscrivent dans le courant néofasciste des États-Unis et d’Europe pour ce qui a trait à la politique ; dans le domaine économique et social, sa posture est néolibérale. C’est plus dans l’attitude de ses dirigeants et dans les propositions formulées face aux grands problèmes nationaux et internationaux que dans ses documents programmatiques qu’il convient de juger Vox.

• Dans le cadre de cet article, nous avons choisi de tirer des médias quelques exemples de son attitude autour de certaines questions, qui font ressortir clairement les positions de Vox.

1° Un parti militariste

L’apparition de chefs militaires de haut rang, à la retraite, sur ses listes est particulièrement frappante. Même s’il s’agit de généraux à la retraite, leur nombre est supérieur à ceux qui se présentent sur les listes de tous les autres partis qui se présentent aux élections.

Voici une première liste, incomplète :

Manuel Mestre Barea, lieutenant-général de l’armée de l’air, tête de liste pour la province d’Alicante. Il est accusé de plagiat lors du concours pour devenir général.

Alberto Asarte Cuevas, général de division, numéro deux pour la province de Castellón [Pays valencien].

Agustín Rosety Fernández de Castro, général de brigade d’infanterie de marine, tête de liste pour la province de Cadix. C’est l’un des signataires du manifeste signés par 177 militaires à la retraite en soutien au régime franquiste et au coup d’État militaire de juillet 1936 [2]. Il est membre de l’Académie royale hispano-américaine [basée à Cadix, fondée en 1909 et dont l’objectif est de « promouvoir les liens culturels entre l’Espagne et les nations sœurs de l’Amérique hispanique »] et de l’Association catholique de propagandistes [fondée en 1909, se bat pour la « liberté de l’enseignement », en d’autres termes les écoles confessionnelles ; cet organisme, très influent et dont les ramifications sont multiples dans de nombreux domaines, occupait une place de choix comme l’un des centres de pouvoir du régime franquiste].

Fulgencio Coll, général, ancien chef d’état-major de l’armée de terre, candidat à la mairie de Palma.

Antonio Budiño Carballo, général de division du Corps d’intendance de l’armée de terre, tête de liste pour la province de Pontevedra. Il a participé à des opérations multinationales en Croatie, Albanie et Irak.

José Antonio Herraiz, colonel, depuis juillet 2018 de réserve, pendant 11 ans de l’infanterie de la Légion à Melilla.

La présence d’officiers de haut rang sur les listes de Vox pour les prochaines élections implique un degré élevé de complicité entre la formation et le haut commandement des forces armées qui s’étend aux thèmes politiques les plus sensibles du moment. Il y a là un objectif visant à influencer l’opinion publique, démontrant un soutien militaire au parti d’extrême droite.

Cette complicité du haut commandement revêt une signification accrue si l’on prend en compte les actions de différentes personnes ou secteurs des forces armées proches ou favorables à Vox, qui ont été rendues publiques en mars ou avril 2019, alors même que les différents processus électoraux étaient déjà convoqués, et qui font référence à des thèmes sensibles liés à des revendications militaires ou proches de celles-ci.

Le caporal Jenner Lóopez, par exemple, président de l’Association profession 45 Sin Despidos, s’oppose à la sortie contrainte des forces armées des militaires disposant d’un contrat temporaire une fois achevé leurs 45 ans de service. Lors d’un rassemblement d’organisations militaires et policières qui s’est tenu à Madrid en mars 2018, des dirigeants de Vox, ainsi que le caporal López, se sont exprimés et ont réclamé une mise à égalité du salaire de tous les corps militaires et de sécurité. Dans son intervention, López a critiqué le fait qu’Abascal défendait le rétablissement du service militaire obligatoire en Espagne alors même qu’il s’était libéré du service au moyen d’une succession de dérogations. Il a aussi revendiqué que les nombreux soldats musulmans puissent avoir le droit légitime de pouvoir choisir leur religion. A la suite de ces interventions, López a été condamné à 12 jours d’amende pour manquement grave à la discipline.

Un autre exemple : la défense du droit à porter des armes. Santiago Abascal, secrétaire général du parti, plaide pour « un changement radical urgent » de la loi sur le port d’armes afin que les citoyens puissent disposer d’une arme à domicile et qu’ils puissent l’utiliser « sans devoir faire face à un enfer juridique, à des peines de prison voire même à devoir indemniser les proches des personnes agressées ». 

L’alliance de Vox avec l’extrême droite en matière de politique internationale est manifeste. La formation maintient des relations étroites avec la droite du Parti républicain des États-Unis ainsi qu’avec les personnalités les plus extrémistes du pays, comme Steve Bannon, « l’analyste » de Trump qui dirigea sa campagne à la présidence, porte-drapeau de la peine de mort, du libre-accès des armes et du combat contre l’immigration.

Dans le reste du monde, il y a proximité de Vox avec les droits les plus extrêmes, comme les partis fascistes en Europe, en particulier en France, en Italie, en Hongrie, le soutien inconditionnel à l’État d’Israël pour l’établissement de la capitale à Jérusalem et la souveraineté israélienne sur le Plateau du Golan, sa solidarité avec la politique pro-sioniste et contre la Palestine et son peuple de la part des États-Unis.

La visite du responsable international de Vox au parti ultra de Pologne ainsi que son rapprochement d’autres pays d’Europe de l’Est avec une présence d’extrême-droite, comme la Hongrie, constituent d’autres exemples.

2° La vieille et la nouvelle ultradroite

• La présence d’anciens membres de l’ultradroite espagnole est particulièrement visible dans ses rangs. Parmi ceux-ci, des membres historiques de Fuerza Nueva, le parti d’extrême droite fondé par Blas Piñar au cours de la Transition.

Un exemple notable est celui de Kiko Méndez Monasterio qui, aux côtés de Marcos Calera, a été condamné le 26 avril 1999 par le Tribunal d’instruction n° 8 de Plaza Castilla, à Madrid, à verser une indemnisation pour lésions et menace contre Pablo Iglesias [alors âgé de 19 ans, dirigeant des Étudiants progressistes et de gauche de la faculté de droit de l’Université Complutense de Madrid]. Kiko était membre du groupe fasciste Alianza por la Unidad Nacional, organisation pour laquelle il a commis les actes mentionnés. Cette organisation était dirigée par le fasciste connu Sáez de Inestrillas. Kiko est actuellement conseiller d’Abascal au sein de Vox.

Sur les listes de Vox se trouvent également des membres des associations de victimes du terrorisme, significatifs dans leur opposition à ETA, tels que José Alcaraz, qui a été nommé sénateur d’Andalousie pour Vox. Ce dernier est l’un des fondateurs de l’Association des victimes du terrorisme (AVT).

• Pour ce qui est d’Abascal, son histoire politique débute à l’âge de 29 ans, lorsqu’il fut président des jeunesses du PP (Nuevas Generaciones) au pays basque et député au législatif de la Communauté autonome. En 2011, Aznar assista au cinquième anniversaire de la création de la Fondation DENAES, présidée par Abascal. DENAES et FAES, la fondation dirigée par Aznar, sont des jumelles, à tel point que la concurrence des deux fondations pour diriger la droite espagnole a fait émerger des frictions et des différences entre les deux courants de droite.

De son côté, le dirigeant de Vox à Lleida, en Catalogne, José Antonio Ortiz Cambray, a été arrêté le 5 mars par les Mossos d’Escuadra [la police autonome catalane] car il est accusé d’avoir abusé sexuellement des hommes handicapés. Des éducateurs de la Fondation Alosa, à laquelle la tutelle de plusieurs handicapés a été confiée, ont déposé plainte auprès des Mossos qui suspectent qu’il y a 4 victimes. Ortiz s’est présenté aux élections communales de Lleida en 2011 pour la Plataforma per Catalunya avant de passer pour Vox, qui compte près d’une centaine de membres dans la province. En 2016, il s’est présenté comme candidat au Sénat pour Vox. Ce parti, néamoins, nie qu’Ortiz soit président ou détienne une quelconque charge en son sein.

Javier Ortega Smith, numéro 2 de Vox, est l’objet d’une enquête pénale pour délit de haine pour ses déclarations lors d’un meeting à Valence, le 16 septembre 2018. La plainte a été déposée par l’organisation Musulmans contre l’islamophobie contre Smith qui aurait affirmé : « notre ennemi commun, l’ennemi de l’Europe, l’ennemi de la liberté, l’ennemi de la famille, s’appelle l’invasion islamiste […] toujours plus d’Européens se dressent et refusent que l’on reverse leurs cathédrales pour les remplacer par des mosquées ».

La direction de Vox, à Albacete, a décidé de débarquer son candidat au Congrès en raison de ses déclarations polémiques. Fernando Paz a fait des déclarations offensives sur les homosexuels ainsi que des déclarations négationnistes sur le judéocide, ces dernières sont à l’origine d’un communiqué de la Fédération des communautés juives d’Espagne appelant à « rejeter la candidature de Paz sur les listes de Vox » dans la mesure où « il est inadmissible qu’une personne défendant de telles pensées puisse postuler à une charge de représentation publique ». Paz était auparavant membre de l’organisation d’extrême droite Alianza Nacional. Lors d’une réunion publique, il a affirmé que la faim et les maladies ont joué un rôle énorme dans la mortalité présente dans les camps de concentration et d’extermination ; lors d’une réunion de la Phalange, en 2016, il a attribué la cause de la destruction des juifs d’Europe « en de très nombreux cas à l’état absolument chaotique, à l’absence de nourriture, au typhus présents dans les camps de concentration ». En résumé, il remettait en cause l’existence de la destruction des juifs d’Europe (voir El Mundo, 22 mars 2019).

Une autre source importante de soutien est celle qui provient du secteur le plus à droite du Vatican : Abascal a pris ses distances avec les déclarations du pape François, celles qu’il a faites en tant que personne sur l’immigration. Sans l’attaquer directement, il lui a opposé les propos du cardinal Robert Sarah de Guinée Conarky, dont il a diffusé sur twitter la phrase suivante : « L’Église ne peut pas collaborer à cette nouvelle forme d’esclavage en laquelle s’est transformée l’immigration de masse ». Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, que le pape a désavoué à plusieurs reprises, est à la tête du secteur le plus ultramontain du Vatican. Sarah compare « l’idéologie du genre » avec l’État islamique et qualifie celle-ci de « démoniaque ».

3° Un programme économique néolibéral

Rubén Manso a été chargé par Vox de présenter le programme économique de la formation. Manso est inspecteur en disponibilité de la Banque d’Espagne, docteur en sciences économiques et d’entreprise, président du conseil d’administration d’Eurobank de la Méditerranée entre 2003 et 2004 et lieutenant de réserve de l’armée de terre. En 2012, lors d’un événement aux côtés de Santiago Abascal, Alejo Vidal Quadras et José Antonio Ortega Lara, tous fondateurs de Vox, il a dit « la répartition des impôts doit abandonner le principe absurde de la progressivité » selon lequel « ceux qui possèdent plus doivent contribuer proportionnellement plus. Discriminer les individus en fonction de leurs revenus (en d’autres termes, faire payer plus les plus riches) conduit à ce que l’inégalité des degrés d’effort et de mérite produit une égalité des niveaux de consommation et d’épargne ».

Evolution des sondages. Autre chose est le nombre de sièges acquis dans le législatif par chaque formation, d’autant plus qu’il faut intégrer les formations indépendantistes. Le type de coalition gouvernementale en dépendra suite aux élections de ce week-end (Source : Sin Permiso)

Manso défend « un État réduit à son expression la plus minime : la Défense, la sécurité intérieure et la justice criminelle. Ce sont là les services que doit fournir l’État alors que les soins, l’éducation et même une partie de la justice civile doivent rester dans des mains privées ». Manso admet que certaines personnes ne pourront pas payer pour la santé, raison pour laquelle l’État devra « aider les citoyens en payant ces services au secteur privé ». Mais « par cette intervention, il ne faudra pas tout payer, seulement jusqu’au niveau que le citoyen aidé ne peut atteindre »… l’État devra seulement financer la part « nécessaire » en partant « d’une définition austère du concept de nécessité ». Tous les autres services doivent rester aux mains du privé et « il ne semble pas raisonnable de subventionner les loisirs et la culture »

Un critère semblable devra être adopté pour les retraites. On peut déduire de ses propos l’intention de démanteler le système des retraites pour le remplacer par un autre, privé. Les individus doivent tenter de financer eux-mêmes les coûts actuels et à venir, y compris ceux de la retraite. Que se passe-t-il pour ceux qui ne peuvent pas se payer un fonds privé de pension ? Ce qu’il « ne faut pas faire, c’est assurer la couverture d’une pension car alors les gens n’auront pas d’intérêt à épargner, ni assurer une pension minimale, égale pour tous ».

Il faut exiger à celui qui travaille une épargne minimale afin d’assurer son avenir et « des moyens d’existence suffisants à ceux qui décident de venir prendre leur retraite en Espagne ». Ces consignes semblent calquées sur la doctrine de Trump et d’autres néolibéraux de la pire espèce. (Article publié le 23 avril 2019 sur le site VientoSur.info ; traduction A L’Encontre) 


Notes

[1] FAES : Fundación para el Análisis y los Estudios Sociales, think tank lié au Parti populaire, fondé en 2002. L’ancien président du gouvernement espagnol José María Aznar en est le président.
DENAES : Fundación par la Defensa de la Nación Española se fixe l’objectif « de la défense de la Nation Espagnole, de récupérer et d’impulser à partir de la société civile la connaissance et la revendication de la Nation Espagnole ; sa réalité historique, politique, sociale et culturelle. » Les objectifs suivants sont détaillés : cultiver le patriotisme et l’affirmation de l’Espagne comme nation ; favoriser la cohésion de la société espagnole ainsi qu’un vaste accord des grands partis espagnols sur la question de l’unité de l’Espagne et le renforcement de l’État espagnol ; la mobilisation sociale des Espagnols en défense de la dignité de la Nation espagnole et de son unité territoriale et sociale inébranlable ; la vigilance sur l’accomplissement de la légalité en ce qui concerne les symboles nationaux, ainsi que le droit de tous les citoyens espagnols à ne pas être discriminés en raison de leur langue sur tout le territoire national ; la défense du droit des Espagnols à ce que soient scrupuleusement respectés les principes constitutionnels, sans que les résidents d’aucune communauté autonome puissent supplanter la souveraineté nationale usurpant des décisions qui sont de la seule compétence de l’ensemble des Espagnols ; la défense et la promotion de l’espagnol, langue commune de toute la Nation, comme élément de cohésion sociale et garantie d’égalité parmi tous les Espagnols dans leurs rapports avec l’administration ; la promotion et le développement d’études et d’enquêtes sur l’histoire d’Espagne, la langue espagnole et la réalité de la Nation espagnole (Traduction par alencontre.org des différents objectifs de la DENAES).

Il faudrait apporter quelques informations sur l’ensemble des sites internet et organisations mentionnées dans ce paragraphe. Cela reviendrait à dresser une cartographie de la constellation de l’extrême droite espagnole. Ce qui reste une tâche à accomplir. (Réd. A L’Encontre)

[2] Le manifeste, en date du 31 juillet 2018, est publié sur le site de l’Asociación de militares españoles. Son titre : Déclaration de respect et de réparation [de l’atteinte à la mémoire] au général D. Francisco Franco Bahamonde. « Soldat d’Espagne ». Le texte débute ainsi : « Suite aux attaques permanentes dirigées contre la personne du général Franco depuis sa mort, effaçant lentement mais sans repos tout vestige de son œuvre en faveur de l’Espagne aux moments historiques qu’il lui a échu de vivre, la gauche politique et les médias qui lui sont proches ont déclenché une campagne sans mesure et difficilement compréhensible, si l’on excepte son désir viscéral de revanche visant à effacer un demi-siècle de notre Histoire, au moyen de la tentative finale de faire disparaître définitivement l’artisan principal faisant que cette Histoire ne puisse disparaître. »

Le texte se poursuit ainsi, encourageant les militaires à la retraite, en active ou à venir, à fonder leur jugement sur les états de service de Franco, documents clés pour comprendre ce grand militaire, toujours discipliné, aux premiers rangs et animés de l’amour de l’Espagne. Le texte ressort à l’anticommunisme de mise dans ces milieux. Il surfe sur les grands axes d’une historiographie d’extrême-droite, dont l’un des chefs de file est « l’historien », ancien maoïste, Pío Moa et ses best-sellers sur les « mythes de la guerre civile ». L’idée clé : Franco et les conjurés de juillet 1936 n’ont fait qu’engager une action préventive contre le communisme dont la victoire du Front populaire, lors des élections de février 1936, était le signe avant-coureur en Espagne. Cette idée est bien ancienne. Le lecteur suisse sera intéressé d’apprendre qu’une telle idée se cristallisait notamment dans un bulletin auquel l’armée espagnole avait souscrit un abonnement pour ses cadres : il était publié à Genève, par l’Entente internationale anticommuniste animée par l’avocat réactionnaire Théodore Aubert, auteur lui-même. Mais M. Caillat lui-même souligne que le Bureau permanent de l’organisme de Théodore Aubert « ne semble pas avoir accordé une importance à la demande d’abonnement du général Franco ». (p. 485), in Michel Caillat, L’entente internationale anticommuniste de Théodore Aubert, SHSR, Lausanne, 2016. (Réd. A L’Encontre)

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