Édition du 16 avril 2024

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Greenpeace dévoile des coûts cachés de la centrale Gentilly-2

Dans un rapport publié aujourd’hui, Greenpeace estime qu’Hydro-Québec cache aux Québécois le prix réel de Gentilly-2. La publication montre que si la société d’État prenait en compte dans ses estimations les coûts liés à un accident nucléaire comme Fukushima, la décision de fermer Gentilly-2 irait de soi.

« Le premier ministre Charest ne doit pas laisser un mauvais calcul d’Hydro-Québec mener à sa mauvaise décision », a affirmé Shawn-Patrick Stensil, analyste nucléaire chez Greenpeace. « Accorder une crédibilité aux recommandations d’Hydro-Québec sur Gentilly-2 alors que les coûts en cas d’accident nucléaire ne font pas partie de l’équation équivaut à tromper les Québécois ».

L’étude, intitulée De Fukushima à Trois-Rivières, examine les biens non assurés et les moyens de production économiques qui seraient perdus dans l’éventualité d’une catastrophe à l’échelle de celle que connaît la ville de Fukushima, au Japon. Le rapport conclut qu’un accident nucléaire de ce type à Gentilly-2 forcerait l’évacuation de 169 000 personnes et entraînerait une perte des biens individuels évaluée à 11 milliards de dollars dans un rayon de 20 km autour du réacteur. Cette étude a été menée par le Centre for Spatial Economics, à la demande de Greenpeace.

Contrairement aux autres exploitants de l’industrie hydroélectrique, éolienne ou même gazière, Hydro-Québec n’est pas tenue d’indemniser les victimes en cas d’accident nucléaire selon une disposition particulière appelée la Loi sur la responsabilité nucléaire. Cette loi existe parce qu’Hydro-Québec et d’autres exploitants de centrales nucléaires savent que de graves accidents nucléaires ne sont pas à écarter. Exempter Hydro-Québec de la nécessité de souscrire à une assurance représente une subvention indirecte de 245 à 549 millions de dollars par an.

« D’un côté, Hydro-Québec prétend que Gentilly-2 est sécuritaire, mais de l’autre, elle refile aux contribuables la facture en cas d’accident nucléaire parce qu’elle reconnait qu’un Fukushima québécois est possible », fait remarquer Shawn-Patrick Stensil, analyste nucléaire chez Greenpeace. « Les Québécois doivent connaître le prix à payer pour Gentilly-2. »

Le gouvernement Charest a déclaré que la décision d’autoriser Hydro-Québec à investir 2 milliards de dollars pour reconstruire la centrale nucléaire Gentilly-2 sera rendue au printemps de cette année après l’étude d’un rapport que lui soumettra la société d’État.

Rappelons qu’en réaction à la catastrophe de Fukushima l’année dernière, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont pris la décision de fermer leurs centrales et d’investir dans les énergies renouvelables afin de protéger leurs citoyens des conséquences d’un accident nucléaire. Selon Greenpeace, il est du devoir de Jean Charest de se rappeler de Fukushima et de fermer Gentilly-2.

Bernard Blainville, spécialiste de l’énergie pour le Parti Québécois, débattra demain à l’Assemblée nationale de l’avenir de Gentilly-2 avec Clément Gignac, ministre des Ressources naturelles. Pour l’occasion, Shawn-Patrick Stensil sera à Québec pour analyser et commenter le débat.

Pour télécharger le rapport : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/report/2012/02/rapport-gentilly-2.PDF

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