Édition du 23 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Haïti : Quand justice sera-t-elle rendue aux victimes de la Minustah ?

N’est-il pas surprenant et ironique que l’ONU qui prétend maintenant consolider la justice dans notre pays par la Minujusth (Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti) refuse même de considérer les sévices infligés à la population par son autre organisme, la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti), comme un problème qui relève du droit international et de la justice ?

Que faut-il attendre d’une telle organisation en termes de justice quand, par sa faute, des milliers d’enfants devenus orphelins, des familles entières décimées par le choléra, des femmes et des enfants victimes de viols, de brutalité par des soldats sous sa propre juridiction, n’ont jusqu’à aujourd’hui obtenu aucune justice, aucun dédommagement ?

Comment l’ONU ose-t-elle prétendre donner des leçons de justice à l’état haïtien, quand toute une partie de la population souffre du déni de justice dont elle-même est à l’origine ?

Ce sont des questions pourtant qu’un gouvernement digne de ce nom, un gouvernement souverain, qui a à cœur la dignité de son peuple et sa protection, devrait se poser.

Mais, on le sait, c’est une vérité de la Palice, pour nos gouvernements (actuel et passés), toutes questions liées à la justice pour le peuple ne sont que le cadet de leurs soucis.

Dès qu’il s’agit, par contre, de claironner, haut et fort, par des tours de passe-passe et de bâton magique, sur le « développement économique » du pays, nos « chefs d’état » s’y prêtent avec un enthousiasme débordant.

Tel est le cas actuellement de Jovenel Moïse qui s’est érigé leader d’une « Caravane du changement », dont l’objectif serait la réhabilitation de l’agriculture dans l’Artibonite. Tout ce tapage autour du rendement agricole aurait au moins un sens si le nouveau président avait eu le courage de montrer du doigt les causes de la déchéance de l’agriculture de notre pays, les raisons qui expliquent sa quasi-disparition : la mise en place depuis les années 1980 du plan d’ajustement structurel qui a ouvert la voie au dumping de produits agricoles étrangers subventionnés (particulièrement le riz américain) et la baisse des tarifs douaniers.

Car il ne s’agit pas simplement d’aller « curer les canaux d’irrigation » et de « construire les routes secondaires » pour relancer l’agriculture, il s’agit surtout de remettre en question la politique néolibérale qui a détruit et continue de détruire notre agriculture et toute possibilité de développer l’autosuffisance alimentaire.

C’est là un choix politique que seul un état national et populaire peut assumer et mettre en application.

À l’instar du char allégorique de Martelly, la Caravane de Moïse ne fait que détourner l’attention sur les véritables problèmes du pays, et vendre des illusions sur les moyens efficaces de développer notre agriculture. C’est un véritable « culte du spectacle » que Martelly et maintenant Moïse offrent comme politique générale dans un pays qui souffre de tous les maux.

Et pendant que le président se pavane dans sa Caravane, des cris assourdissants réclament justice pour ces milliers de personnes victimes de la Minustah, des gens du peuple qui refusent d’accepter comme une fin en soi les excuses insipides de Ban Ki-moon, et qui exigent réparations et dédommagements.

Des cris qui se mêlent à ceux des ouvriers et ouvrières du textile qui revendiquent un salaire minimum décent, qui dénoncent les conditions de travail esclavagistes et l’exploitation outrancière.

C’est un seul et même combat !

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