Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 15 octobre 2019

L’urgence de la victoire nécessite une rupture avec la classe dominante

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine dans Presse-toi à gauche, nous affichons nos couleurs dans le dossier de la Catalogne et des peines infligées aux leaders indépendantistes, Pierrre Mouterde explique les événements en Equateur et André Frappier commente les derniers jours de la campagne électorale fédérale.
 
André Frappier analyse les élections canadiennes à la lumière de l’expérience catalane et de la répression de l’État espagnol contre le mouvement indépendantiste. Les tâches politiques qui sont devant une gauche de transformation ne peuvent esquiver la thèse suivante : « Le Canada n’est pas l’Espagne, mais jamais il ne laissera le Québec réaliser un changement de société aussi important que l’indépendance sans réagir. Le mouvement ouvrier et le mouvement social du Reste du Canada sont des alliés avec lesquels nous devons établir des liens afin d’assurer un rempart contre l’intervention de l’État canadien, mais aussi pour la construction d’une nouvelle société qui dépassera le cadre du Québec. » C’est dans cette optique qu’il analyse les limites et les impasses du camp des partis qui se prétendent progressistes dans les élections fédérales qui viennent.

Presse-toi à gauche condamne le geste ultra-répressif de l’État espagnol vis-à-vis les indépendantistes catalans détenu.e.s qui se voient infliger des peines de prison totalisant 104 ans et 6 mois. Nous voyons cette décision, « digne du franquisme » comme un message affirmant que le gouvernement espagnol et au-delà les classes dirigeantes de toute l’Europe, ne tolèrent pas que l’on conteste leur pouvoir. En ce sens, la complicité canadienne, alors que Justin Trudeau qualifie la situation d’« affaire interne de l’Espagne » apportant ainsi son soutien indirect à Madrid. Nous joignons notre voix à celles qui réclament la libération des prisonniers indépendantistes catalans et nous soutenons les mobilisations qui vont dans ce sens.
 
Pierre Mouterde explique la situation en Equateur par la trahison de ses engagements par le président Moreno qui applique une politique ultra néo-libérale qui appauvrit les classes populaires et les peuples autochtones qui se soulèvent et arrachent le retrait de cette politique. En conséquence, l’auteur déplore la « crise de représentation politique » qui mine la confiance des citoyen.ne.s dans les institutions du pays et aggrave la désorientation de la gauche politique.
 
Gilbert Achcar explique les tenants et aboutissants de l’offensive anti-kurdes menée par la Turquie. Il condamne la désinvolture et le mépris du président Trump envers la cause kurde, ses alliés d’hier dans la lutte contre l’Etat islamique. Ce geste ouvre la porte à une intervention de la Turquie qui veut se débarrasser de la menace autonomiste kurde. L’auteur appelle tous les pays à « cesser leur soutien militaire à Ankara, imposer des sanctions économiques au gouvernement turc jusqu’à ce qu’il retire ses troupes de Syrie et fournir au mouvement national kurde les armes dont il a besoin pour combattre l’invasion de son territoire par la Turquie. »
 
De plus, Elizabeth Leier démontre en quoi Justin Trudeau est « un faux leader climatique », la Fédération des femmes du Québec se demande où sont les enjeux féministes dans cette campagne électorale, Alternative socialiste déplore l’absence d’un « parti de gauche confiant et militant » comme alternative aux vieux partis qui ne sont que des gestionnaires plus ou moins habiles du système actuel, Yvan Perrier poursuit sa série de textes (ici) et (ici) portant sur les prochaines négociations dans le secteur public et un collectif d’auteur.e.s commente la tournée de consultation de la CAQ sur les changements climatiques, tournée qui ressemble davantage à un écran de fumée que d’un véritable exercice démocratique.

Sur la scène internationale

Pour la situation internationale, nous avons cibler les points chauds de l’actualité : Rojava, Catalogne, Équateur, Haïti et Algérie et la course des Démocrates aux États-Unis.

Concernant les Kurdes

La révolution méconnue du Rojava

L’article a été écrit avant l’invasion turque. Nous l’avons sélectionné car il décrit l’importance des villes sous l’invasion turque et les formes démocratiques que les populations kurdes ont mis en place. Dans cette région ce fonctionnement est une « révolution spectaculaire ». « Le confédéralisme démocratique prône la mise en place d’un système décentralisé où les communes, petites unités à l’échelle de deux cents à trois cents familles, sont les principaux organes de décision dans la vie politique. Il ne s’agit plus de construire un État kurde pour les révolutionnaires kurdes, mais une organisation sociale fondée sur la société civile et non sur l’État. »

L’autre aspect important de ce fonctionnement démocratique et la place des femmes...la place que les femmes ont prises. C’est maintenant un fait reconnu que les femmes Kurdes ont combattu férocement contre Daech. Mais elles ont aussi participer à l’organisation sociale malgré les idées patriarcales sur le couples, la place des femmes, les familles nombreuses et le partage des tâches. Elles ont obtenu des droits essentiels pour l’égalité : « Partout ont été bâties des maisons des femmes qui activent dans tous les quartiers la lutte contre les discriminations sexistes, en particulier les violences conjugales ou familiales. Chaque poste électif est coprésidé par une femme. Les assemblées d’élus fonctionnent dans une parité quasi parfaite. »

L’article se poursuit sur les enjeux dans la région. Il faut dire que ce territoire kurde est immense et riche de ressources naturelles. « Elle occupe un territoire correspondant au tiers de la Syrie et s’étendant bien au-delà des territoires à majorité kurde. Ce territoire possède plus de 80% des réserves pétrolières syriennes. Il est aussi le grenier à blé du pays avec 40% de la production agricole avant-guerre, dont 60% de la production céréalière. »

Inutile de préciser que toute cette richesse attise les convoitises. C’est pourquoi, avant même l’invasion turque, l’auteur termine son texte en posant la question suivante « Le sursaut aura-t-il lieu avant qu’il ne soit trop tard ? »

Concernant la Catalogne

L’Espagne contre la démocratie

Nous ne pouvions passer outre aux condamnations des prisonniers catalans en Espagne. Un court article dénonce cette répression et pose la nécessité du libre droit d’un peuple à disposer de lui-même. Mais en plus de l’emprisonnement, ce sont les charges injustes qui sont dénoncées « Mais où cela dépasse toutes les bornes, c’est dans le jugement de la Cour suprême espagnole d’aujourd’hui, qui condamne des dirigeants catalans à de nombreuses années de prison pour le simple fait d’avoir organisé un référendum contre l’avis des autorités espagnoles. »

Concernant l’Équateur

Comment expliquer l’embrasement social en Équateur ?

Cinq pays latino-américains sont en ébullition actuellement. Black out total dans les médias.Pour sortir de ce silence, nous avons retenu la situation en Équateur qui lutte âprement contre les politiques du FMI. 123% d’augmentation pour acheter du gazole ou du carburant, voilà le déclencheur de la crise. En effat, le gouvernement subventionnait pour moitié le prix de la gazoline mais l’État a décidé de ne plus accorder de telles subventions. En plus, l’État a aussi instauré « d’autres mesures : des restrictions salariales, des congés en moins pour les fonctionnaires, et la baisse de certains impôts sur la sortie des capitaux du territoire, donc concernant les groupes sociaux les plus riches. On se retrouve avec un mouvement multisec-toriel, qui met dans la rue les camionneurs, les opposants politiques de Moreno, les partisans de l’ancien président Rafael Correa, les secteurs indigènes… Il y a une coagulation de tous les mécontentements. » Tout le monde se mobilisent contre les mesures d’ajustement structurel du FMI. C’est donc une lutte à suivre.

Concernant Haïti

Haïti : « C’en est assez ! Il faut une rupture avec cette classe dominante qui est dans le mépris total

Autre article intéressant ce sont les mobilisations en Haïti contre la corruption. Ces mobilisations ont été, à l’origine, organisées par les jeunes et les femmes tant dans les villes qu’en régions rurales. Ils et elles, à leurs premiers faits d’armes en terme de luttes sociales, se sont organisées en dehors des partis politiques et ont créé un vaste mouvement les Pétrochallengers avec un certain nombre de principes : « ne pas être corrompu, croire en la justice sociale, avoir une vision du monde et du vivre ensemble qui respecte les droits des personnes, les biens et les vies. » Ces groupes, organisés sur leur propre base dans leur communauté ou leur quartier avec pancartes et mots d’ordres, n’étaient structurés que par le réseaux sociaux. Au fil de la lutte, la nécessité de coordination à vue le jour. « À partir de décembre 2018, cela a commencé à changer car on s’est rendu compte qu’il fallait se mettre ensemble, réfléchir, pour tenir la pression et l’intensité des mobilisations et de la répression. De là est née la décision d’organiser un campement et de passer deux jours et deux nuits devant la Cour des comptes. »

Maintenant les actions s’articulent autour de la lutte à la corruption, la tenue de procès contre l’impunité. Mais la lutte doit « s’inscrire dans un combat plus large contre les mécanismes qui pérennisent et reconduisent ce système, à l’encontre de l’intérêt de la majorité de la population »

Concernant l’Algérie

Algérie. 34e vendredi du hirak : « Une démonstration de force »

34ième semaine de mobilisation et les scélérats en place ne comprennent pas qu’ils doivent quitter le pouvoir. Mais les masses sont vigilantes et ce vendredi 11 octobre a été une mobilisation importante faisant mentir les sceptiques. Le refus des présidentielles du 12 décembre organisées par « des « symboles » de l’ancien système, le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, » sont massivement rejetées et la répression que les étudiants et étudiantes ont connu la semaine dernière sont au coeur des slogans et des revendications. S’ajoute aussi le refus de la nouvelle mouture légale sur les hydrocarbures qui devrait être adoptée dimanche. Et l’article de conclure « Ce qui est certain, c’est que le hirak est toujours là, et ce, 34 semaines après son début. »

Concernant la course à l’investiture des Démocrates aux États-Unis

[Primaire démocrate : entre Warren et Sanders, de vraies différences-]

Cet article est intéressant car les médias ont tendance à amalgamer ensemble les candidatures de Bernie Sanders et Élisabeth Warren. L’article commence par poser les ressemblances : « Tous deux septuagénaires (Sanders a 78 ans, Warren 70 ans), « Liz » et « Bernie » ont en commun de faire partie des grands favoris de la primaire démocrate, tout en remettant en cause par la gauche l’agenda néolibéral du parti d’Obama et des Clinton. D’une façon générale, ils défendent des projets en rupture avec les politiques économiques et sociales défendues par les démocrates depuis trois décennies. »

Il et elle sont donc plus à gauche.Ceci dit l’article poursuit en expliquant ce qui les distingue.D’abord leurs origines et leur vie sociale « Sanders et Warren ont des différences personnelles évidentes. Lui est élu depuis le début des années 1980 (d’abord de Burlington, dans le Vermont, puis à la chambre des représentants et au Sénat). Elle est entrée en politique depuis moins d’une décennie. Elle n’a jamais été candidate à la présidentielle et raconte une autre histoire : celle d’unejuriste née dans une famille républicaine de l’Oklahoma ayant ouvert les yeux sur les ravages de l’hypercapitalisme américain. »

Ensuite le texte aborde les thématiques suivantes en analysant les différences entre Bernie et Élisabeth.

« Organisation : Sanders dispose d’une base solide ; Warren est plus arrangeante avec le parti démocrate ; L’un est « socialiste », l’autre se dit « capitaliste » ; Le « New Deal vert » : Sanders est le plus radical ; Taxer les riches : Sanders plus ambitieux ; La sécurité sociale universelle : Warren reste floue ; La dette étudiante : Warren annule à 95 %, Sanders totalement ; Logement : Warren est opposée au contrôle des loyers ; Institutions : Warren est plus audacieuse ; Politique étrangère : Sanders propose un aggiornamento profond ». Cet article est donc des plus éclairant sur la course des candidatures à gauche à l’investiture Démocrates.

Bonne lecture.

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