Édition du 12 mars 2024

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La panique du Canada à l’égard de la Chine fait craindre un retour de dangereuses politiques dignes de la guerre froide

La campagne artificielle de peur de l’« ingérence étrangère » est susceptible de renforcer le racisme anti-chinois, de refroidir la dissidence et d’accroître les pouvoirs de surveillance.

Tiré de Breach media

Jeudi 6 avril 2023 / PAR : Listen Chen
Traduction Johan Wallengren

Les politiciens de l’opposition s’insurgent, les grands médias font quotidiennement leurs gros titres sur l’« ingérence étrangère » en reprenant à leur compte des fuites provenant d’agences d’espionnage et divers politiciens sont visés par une intense surveillance.
Les accusations d’ingérence à l’endroit de la Chine se sont certes multipliées dans les pays occidentaux ces dernières années, mais les hauts cris poussés par le Canada sont maintenant devenus perçants.

Les tenants de la thèse de l’ingérence étrangère voudraient nous faire penser que le problème se résume à cette simple question : comment défendre la démocratie canadienne contre la menace d’obscurs agents chinois ? Or, leur argumentaire a aussi ses angles morts.
Les services de sécurité canadiens ont déjà commis de graves erreurs dans le passé, ce qui a conduit à la torture de musulmans canadiens accusés à tort de terrorisme. Aujourd’hui, les fuites anonymes ne paraissent guère être étayées par des preuves tangibles, mais les principaux organes d’information semblent prompts à passer par-dessus les incohérences et les ambiguïtés des dénonciations. Et la recrudescence soudaine des examens de loyauté visant des politiciens de descendance chinoise actuels ou antérieurs ont des relents de péril jaune à la sauce contemporaine.

La présence accrue de la Chine dans le monde s’est accompagnée d’une montée des discours alarmistes à son sujet. Les pays qui ont un passé de racisme anti-chinois prononcé et tenace, comme les États-Unis, le Canada et l’Australie, ont été les premiers à attiser l’anxiété concernant l’ingérence chinoise – en gommant souvent les différences entre les activités de l’État chinois et celles des membres de la diaspora chinoise.

Le danger est que cette stigmatisation, si elle n’est pas contrée, jette un sérieux discrédit sur la participation des Chinois et des organisations chinoises à la vie politique canadienne et renforce le soutien populaire à la position de plus en plus dure de l’Occident vis-à-vis de la Chine.

D’autres pays ont tracé des chemins que le Canada pourrait être tenté de suivre. On peut citer, en Australie, une législation empiétant sur la liberté d’expression et, aux États-Unis, le fait de considérer des étudiants chinois comme des boucs émissaires menaçant la sécurité nationale, chemin qu’a lui-même emprunté le directeur du FBI.

Des chercheurs chinois au Canada ont déjà pris la parole pour dénoncer l’étouffement de leurs recherches, et la situation pourrait devenir beaucoup plus critique si un climat de guerre froide exacerbé devait s’installer.

L’actuel premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a contribué à banaliser la tendance consistant à montrer du doigt la communauté chinoise lorsqu’il est question de la crise du logement dans sa province. Photo : Gouvernement de la Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique, laboratoire de la panique anti-chinoise

À Vancouver, Ng Weng Hoong dit qu’il a vu poindre la panique actuelle du Canada à l’égard de la Chine il y a une dizaine d’années.
Monsieur Ng, un journaliste qui se penche sur la Chine et le monde sinophone depuis 20 ans, a déclaré à The Breach que les premiers signes sont apparus lorsque la couverture médiatique des problèmes de logement complexes de Vancouver est devenue « de plus en plus raciale et raciste »

L’idée s’est d’abord mise à circuler que les riches Chinois étaient responsables de la crise du logement, idée que l’actuel premier ministre David Eby a contribué à répandre dans l’opinion publique.

En 2015, alors que M. Eby était porte-parole de l’opposition néo-démocrate de la Colombie-Britannique en matière de logement, il a commandé un rapport sur les noms de famille non anglicisés des acheteurs d’un quartier aisé de Vancouver. Le rapport concluait que « la vaste majorité des maisons du quartier aisé de l’ouest de la ville [avaient été] achetées par de nouveaux immigrants originaires de Chine ».

L’étude a été critiquée pour avoir assimilé nom de famille et statut de citoyen et avoir porté sur un échantillon extraordinairement petit – moins de 200 ventes de maisons réalisées sur une période de six mois. Mais selon M. Ng, « au lieu de s’attarder sur les défauts évidents de l’étude, les médias ont monté celle-ci en épingle ».

Selon l’analyse de M. Ng, le racisme anti-chinois a payé des dividendes sur le plan politique, donnant notamment un coup de pouce au NPD lors des élections de 2017. Mais la rhétorique n’aurait pas eu autant d’effet sans l’aide des médias grand public, qui ont amplifié le narratif, a-t-il précisé.

Toujours selon M. Ng, « lorsque les gens se focalisent sur l’aspect racial, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne transfèrent cette fixation sur d’autres problèmes.  »
Pendant le mandat du NPD, le mécontentement à l’égard des problèmes de logement s’est mué en une vive protestation contre le blanchiment d’argent et l’épidémie d’empoisonnements aux narcotiques. Une enquête publique a alors été ouverte. L’association caritative B.C. Civil Liberties Association a affirmé que le racisme anti-asiatique « jouait un rôle important » dans le discours ambiant, notant qu’une attention excessive était portée à l’argent en provenance de Chine, et a cherché à corriger la perception erronée selon laquelle l’investissement étranger serait un facteur majeur dans les coûts du logement en Colombie-Britannique.

David Eby a par la suite exprimé des regrets par rapport au rôle qu’il a joué relativement à l’étude sur le logement. Mais dans le laboratoire politique de la province, un vent de panique avait déjà commencé à souffler.

« M. Eby a légitimé la racialisation de la crise du logement, selon M. Ng. Il est presque impossible maintenant de sortir de la tête des gens l’idée que les Chinois de souche et leurs capitaux constituent une menace pour le Canada.

En proie à sa propre version de la « sino-panique », l’Australie a mis en place un dispositif législatif d’envergure qui a porté atteinte aux libertés civiles et élargi le champ d’action des forces de l’ordre. Photo : 9 News Australia

À l’Australie de tirer la sonnette d’alarme

En 2017, l’Australie s’est lancée dans sa propre croisade visant à éradiquer ce qui était perçu comme une influence chinoise dans ses affaires intérieures.
David Brophy, un spécialiste de l’histoire de la Chine moderne qui enseigne à l’Université de Sydney et a écrit l’essai China Panic : Australia’s Alternative to Paranoia and Pandering, a vu ce discours s’insinuer dans le paysage politique et ouvrir la voie à un dispositif législatif de grande portée donnant davantage de pouvoir aux agences de sécurité et à la police, ce qui a nui à l’expression de voix dissidentes et conduit à un profilage racial anti-chinois.
De façon remarquablement similaire à ce qui s’est passé au Canada, les médias ont commencé à faire circuler des histoires qui ne pesaient pas lourd et des accusations lestées au sujet de l’« ingérence étrangère ».

Certains commentateurs ont tenté de s’opposer à cette escalade de la rhétorique, a confié Monsieur Brophy à The Breach sur Zoom, rappelant toutefois que l’ingérence et la corruption de lobbies étrangers de toutes sortes et de groupes de pression du monde des affaires entachent le processus de prise de décision démocratique en Australie tel qu’il est.
« Mais aucun des principaux partis [politiques] ne voulait l’entendre, a-t-il ajouté. Au contraire, un projet de loi a été déposé sur la base de la présupposition que les liens potentiels avec la Chine avaient quelque chose de particulièrement dangereux et délétère ».
La loi australienne Foreign Influence Transparency Scheme Act a ainsi été promulguée en 2018, donnant à la police le pouvoir d’inculper un suspect avec comme chef d’accusation l’« intention de commettre une ingérence pour le compte de l’étranger
 ».

Des universitaires chinois en Australie ont vu leurs visas annulés, dans certains cas pour avoir supposément simplement critiqué des mesures politiques australiennes jugées sévères à l’égard de la Chine ou formulé des vues favorables à cette dernière.

« Il en a résulté un climat qui a permis aux agences de sécurité et au personnel politique de concrètement prendre des mesures punitives hors du champ d’application de toute procédure légale », a déclaré M. Brophy.

La grande question est alors devenue celle-ci : « Les personnes dont les opinions politiques vont dans le sens des positions de la [République populaire de Chine] sur certaines questions ont-elles le droit de participer à la vie politique australienne dans les mêmes conditions que les autres membres de la communauté ? La réponse est non, comme on le voit avec cette loi et son application.

Il reste à voir jusqu’à quel point le Canada emboîtera le pas à l’Australie. Si on regarde ce qui s’est passé jusqu’ici, on voit que le gouvernement libéral a annoncé avoir l’intention de mettre en place un registre de transparence des influences étrangères, une initiative qui pourrait bien ressembler à ce qui s’est déjà fait en Australie.

Outre cela, le budget fédéral présenté la semaine dernière a doté la GRC de dizaines de millions de dollars supplémentaires pour lutter contre l’ingérence étrangère, à quoi venait s’ajouter une enveloppe de 13,5 millions de dollars pour la création d’un nouveau Bureau national de lutte contre l’ingérence étrangère.

Il existe déjà des lois régissant la manière dont les élections sont réglementées au Canada. Mais un document de consultation de Sécurité publique Canada publié le mois dernier pour solliciter des commentaires sur la mise en place du registre suggère que les lois existantes n’ont pas assez de mordant pour sévir contre les « influences étrangères malveillantes ».
Le même document offre un exemple imaginaire d’influence étrangère justifiant une intervention. On y prend l’exemple hypothétique d’une personne employée par un gouvernement étranger qui demande à un universitaire canadien « d’écrire un article d’opinion s’opposant à l’approche du gouvernement du Canada sur une question internationale particulière et incitant les Canadiens à se montrer critiques de la même façon ».

Dans cet exemple, malgré l’absence de coercition, d’incitation financière ou de comportement illégal, l’exercice démocratique de la liberté d’expression devient une « influence étrangère malveillante » et un délit.

Trouver la « main de Pékin » dans la dissidence légitime

Certaines organisations, ainsi qu’une poignée de journalistes faisant preuve d’esprit critique, se sont mobilisés pour rejeter la thèse de l’ingérence étrangère.
Canada-China Focus, un groupe lancé par le Canadian Foreign Policy Institute et le Centre for Global Studies de l’Université de Victoria afin de promouvoir une approche antiraciste, a récemment publié une mise en garde dans une lettre ouverte.

« Compte tenu de l’histoire du Canada en matière de racisme, de colonialisme et de dépossession des peuples autochtones, décider quelle personne ou entité est « étrangère » pourrait devenir extrêmement délicat », a écrit le groupe. « Par leurs liens familiaux, leurs activités économiques et leurs parcours académiques, de nombreux Canadiens sont liés à des personnes et à des institutions du monde entier selon des modes multiformes et complexes. Tracer des lignes de démarcation pour déterminer qui et quoi est canadien et qui et quoi est étranger peut engendrer des divisions considérables.

C’est une réalité à laquelle M. Brophy a fait écho, notant qu’à l’exception des peuples indigènes, les Australiens descendent tous de colons et ont une variété de liens avec d’autres parties du monde, que beaucoup manifestent régulièrement dans le cadre de leurs activités politiques en Australie.

Le gouvernement canadien semble incapable d’embrasser pareille complexité. Sécurité publique Canada désigne spécifiquement des groupes ayant des « liens familiaux et culturels étroits » comme des agents potentiels d’ingérence étrangère. Ainsi, une personne ou un groupe de personnes faisant partie d’une diaspora qui « manifeste son appui à des vues géopolitiques de l’étranger pouvant porter ombrage au Canada » devient un acteur suspect.
En outre, dans la période que nous vivons actuellement, le terme « étranger » peut facilement être instrumentalisé pour discréditer des points de vue divergents exprimés par des personnes de descendance chinoise.

Xiaobei Chen est sociologue à l’université de Carleton. Membre du groupe consultatif Canada-China Focus, elle étudie les migrations et diasporas asiatiques ainsi que le racisme anti-chinois. Celle-ci a déclaré à The Breach qu’elle avait régulièrement été confrontée à des réactions négatives à connotation raciale pour avoir dénoncé le racisme anti-chinois ou critiqué les politiques gouvernementales.

En 2020, elle a rédigé une pétition pour protester contre les représentations sinophobes de la diaspora chinoise figurant dans un reportage télévisé de Global News et un article du journaliste Sam Cooper.

On prétend dans le reportage qu’un document du gouvernement chinois contient l’assertion suivante : « Chaque Chinois d’outre-mer est un guerrier. »
Or, voici une traduction correcte de la citation : « Chaque Chinois d’outre-mer est un guerrier contre la pandémie. »

Plus tard, Madame Chen a été choquée d’entendre Monsieur Cooper décrire sa pétition, lors d’une présentation de lancement de son livre intitulé Wilful Blindness : How a network of narcos, tycoons, and CCP agents infiltrated the West, comme un exemple de la manière dont les trois groupes du titre de son ouvrage (les barons de la drogue, les capitaines d’industrie et les agents du PCC) avaient « infiltré » l’Occident.

M. Cooper consacre un passage de son livre à la pétition de Mme Chen ; il y écrit que le reporteur Jeremy Nuttall a immédiatement rejeté la pétition, la considérant comme une «  tactique typique du Parti communiste chinois ». Plus loin, il avance « qu’il n’était pas difficile d’identifier la main de Pékin » dans les « attaques politiquement motivées » contre son article, incluant la pétition. Il cite des « sources dans les communautés chinoises et hongkongaises du Canada » qui ont estimé que « la pétition et de nombreux messages dérivés diffusés dans les médias étaient analogues aux déclarations provenant du gouvernement chinois  ».

M. Cooper, selon les termes de M. Ng, « est le pendant bien canadien de Joe McCarthy », vu à quel point sa carrière a consisté à essayer de faire avaler des scripts qui attribuent à la Chine et aux Chinois les problèmes sociaux et économiques rencontrés en Colombie-Britannique.
 
Global News a initialement publié cette image dans un reportage en 2020, mais l’a retirée à la suite de plaintes dénonçant son caractère raciste.

Les voix qui manquent dans le discours public

Mme Chen estime que la politique étrangère du Canada devrait s’inspirer de la diversité des points de vue que l’on peut trouver dans la diaspora sino-canadienne, mais constate qu’on néglige cela au profit de propos de dissidents politiques qui adoptent la ligne dure face à la Chine.

Ce qui, selon elle, ne fait rien pour arranger les choses est que les Canadiens d’origine chinoise qui critiquent la Chine mais ne sont pas d’accord avec les interventions, les sanctions et la politique étrangère expansionniste de l’Occident « sont confrontés à des risques d’intimidation et de censure de la part tant de la Chine que du Canada »
En Colombie-Britannique, le groupe Canadian Friends of Hong Kong, basé à Vancouver, est l’un de ces regroupements de dissidents de la diaspora qui soutiennent fréquemment des politiques chinoises agressives.

Récemment, la cofondatrice du groupe en question, Fenella Sung, a fait la déclaration suivante à l’émission Power & Politics de la CBC : « En tant que Canadiens d’origine chinoise, je pense qu’il est vraiment important que nous sachions quelles personnes de notre communauté sont fautives, le cas échéant... sinon tout ce voile de suspicion retombera sur l’ensemble de la communauté chinoise ». Elle a affirmé du même souffle que si on parvient à « enlever ces gens de l’équation », on sera en mesure mettre la communauté chinoise à l’abri des réactions négatives.

Malheureusement, l’histoire prouve le contraire. Pendant la guerre de Corée, les organisations communautaires chinoises de droite aux États-Unis ont aidé à surveiller les gauchistes chinois et les associations de travailleurs, mais ont quand même été la cible d’une « enquête maccarthyste » de la part du ministère de la Justice. Leur loyauté n’a pas non plus empêché une loi de 1952 de considérablement limiter l’immigration chinoise.

Lors d’un rassemblement en 2019, Mme Sung a affirmé que le Parti communiste chinois procédait à un « lavage de cerveau » des élèves de l’école publique de Richmond, en Colombie-Britannique. Elle faisait allusion à un incident au cours duquel un professeur de mandarin, dans le cadre d’un devoir, avait projeté la bande-annonce d’un film produit par l’État chinois. Les élèves devaient discuter des raisons pour lesquelles le film avait été produit et de ce qu’il cherchait à transmettre - ce qui n’est guère révélateur d’un « lavage de cerveau », et encore moins de l’implication de l’État chinois.

Bien que des groupes tels que Canadian Friends of Hong Kong aient des préoccupations légitimes concernant les pratiques d’intimidation et de répression de l’État chinois à l’égard des dissidents et des membres de leur famille, leurs commentaires peuvent virer à l’hyperbole.

M. Ng, qui en tant que journaliste a régulièrement dénoncé la couverture anti-chinoise dans les grands médias, estime que les groupes dissidents « ont une cause légitime ».
« Mais ils sapent leur message en faveur de la justice et des droits humains en ne condamnant pas le racisme sinophobe des médias grand public et du Parti conservateur du Canada », a-t-il renchéri.

The Breach a contacté les groupes Canadian Friends of Hong Kong et Vancouver Society in Support of Democratic Movement pour obtenir des commentaires, mais n’a reçu aucune réponse de leur part.

L’ancien député libéral Han Dong poursuit Global News pour des articles alléguant qu’il a « sciemment » participé à un réseau d’ingérence étrangère soutenu par Pékin.

Une approche différente et antiraciste

L’un des appels les plus pressants de Canada-China Focus est en faveur d’une approche diplomatique avec la Chine qui réduise les tensions internationales - une approche qui désamorcerait l’une des principales causes du racisme anti-chinois au Canada.
M. Brophy a abondé dans ce sens lorsqu’on lui a demandé quelles politiques étrangères, selon lui, s’imposent à l’heure actuelle. En parlant des violations des droits de l’homme commises par la Chine au Xinjiang, il a déclaré : « Nous sommes sans aucun doute dans une position où, selon moi, avant de parler de solidarité, nous devons assumer la responsabilité des politiques qui, de notre côté, contribuent à la montée des tensions. Nous devons appeler à des politiques de désescalade du conflit, de démilitarisation de la situation ».
Pour Mme Chen, le bellicisme occidental n’est pas seulement une voie erronée à suivre pour lutter contre les violations des droits et les injustices au Xinjiang et dans le reste de la Chine, et la manière dont il renforce la sinophobie au sein du Canada constitue une autre raison de s’y opposer.

« Le racisme, a déclaré Mme Chen, remplit toujours une fonction idéologique — il n’a en lui rien d’essentiel, il ne va pas de soi. On y fait appel pour justifier, pour naturaliser, certaines positions et certaines stratégies  ».

Selon elle, les paniques morales liées à la peur de l’ingérence chinoise ont gagné du terrain au Canada en raison de la campagne en plein essor pilotée par les États-Unis qui vise à affaiblir et à isoler la Chine sur les plans économique et politique. De son point de vue, il faut insister sur le fait que le racisme ne peut être compris que dans son contexte historique et géopolitique.

Les réponses paniquées des nations occidentales face aux activités de la Chine à l’étranger ont plus à voir avec la défense de la légitimité de leurs propres interventions et avec les impératifs compétitifs du capitalisme mondial qu’avec une préoccupation bienveillante envers le Sud.

C’est pourquoi dans les dénonciations officielles du racisme anti-chinois, on est incapable de nommer le principal moteur et argument en faveur de la sinophobie contemporaine, soit la défense croissante par le Canada des intérêts impériaux occidentaux et des politiques antagonistes à l’égard de la Chine.

Ce dont le Canada a besoin aujourd’hui, c’est d’un mouvement inébranlablement engagé dans la lutte contre l’impérialisme, un mouvement suffisamment fort pour amener le gouvernement à changer de cap et à adopter une politique étrangère à l’égard de la Chine qui mette l’accent sur la paix et la diplomatie. Aucun autre antiracisme ne fera l’affaire.

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