Selon le dernier sondage Léger du 14 mai, le Parti québécois gagnerait les élections par 33% des voix, le Parti libéral du Québec irait chercher 21% des votes, la Coalition avenir Québec atteindrait à peine 20%, le Parti conservateur d’Éric Duhaime récolterait 13% et Québec solidaire fermerait la marche avec 12%.
Le sondage Léger met aussi en lumière le nombre élevé de citoyens et citoyennes qui souhaitent changer de gouvernement (63%) contre seulement 18% qui optent pour la stabilité gouvernementale, incarnée par la Coalition avenir Québec (CAQ).
Le Parti québécois de Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP) semble se diriger vers une victoire électorale, à moins que les libéraux ne réussissent une remontée-surprise, surtout si Pablo Rodriguez remplace le chef intérimaire Marc Tanguay. Mais cet éventuel regain de vigueur reste hypothétique pour l’instant.
Ironiquement, si une majorité de Québécois est prête à accorder sa confiance au Parti québécois, elle refuse son option fondamentale, sa raison d’exister : faire la souveraineté. Il s’agit là du dilemme cruel et frustrant pour les militants et militantes indépendantistes : leur parti peut aspirer au pouvoir, mais pas réaliser leur rêve souverainiste.
De ces chiffres, il ressort que si les Québécois et Québécoises aspirent à un remplacement de la CAQ par le PQ, l’option fondamentale de celui-ci, l’indépendance demeure très minoritaire. Bien entendu, le prochain scrutin se tiendra seulement en octobre 2026 au plus tard, ce qui laisse au cabinet caquiste de François Legault une certaine marge de manoeuvre temporelle, comme les libéraux fédéraux ont remplacé Justin Trudeau par Mark Carney ce qui lui a permis de remporter la mise électorale. Mais il y avait la menace trumpiste, ce qui joue beaucoup moins en faveur de François Legault, les relations internationales relevant avant tout d’Ottawa.
Si un référendum se tenait maintenant, et si on se fie aux résultats des sondages tels que mentionnés plus haut, le résultat serait à peu près le même qu’en mai 1980 : environ 40% de citoyens soutiendraient la souveraineté-association et 60% s’y opposeraient. En 1995,les chiffres avaient été beaucoup plus serrés en raison de la conjoncture particulière de l’époque mais dans l’ensemble, lis ne bougent guère. Les récents sondages mentionnés dans le texte en apportent une confirmation sans équivoque.
Pour organiser un référendum et accéder enfin à la souveraineté tant désirée, le Parti québécois doit conquérir le pouvoir, mais il ne peut y arriver qu’en remisant son option. Il compte sur un référendum pour rendre le Québec indépendant, mais jusqu’à présent, il a perdu les deux mis sur pied (quoique de peu dans le second cas). Une majorité de Québécois veut d’un parti autonomiste au pouvoir à Québec, mais pas "séparatiste".
Les péquistes peuvent bénéficier des avantages du pouvoir, certes, mais dans dans un cadre provincial qu’ils rejettent. La distinction entre "bon gouvernement" d’une part, et accession à l’indépendance d’autre part remonte à novembre 1974 lorsque la direction du parti a introduit la notion de référendum.
Tel est le paradoxe québécois : élire un parti indépendantiste à condition qu’il ne réalise pas sa raison d’exister. Peut-on le briser ? Cette responsabilité relève avant tout de la population elle-même. Jusqu’à maintenant, la majorité de celle-ci paraît bien s’accommoder de ce paradoxe. Mais les souverainistes sont tout de même assez nombreux pour teinter de leurs aspirations toute une partie de la culture politique québécoise et inquiéter Ottawa. La partie n’est peut-être pas encore définitivement jouée.
Jean-François Delisle
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?