Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Pour ouvrir le débat : QS et la question nationale (2016-2018)

Aller de l’avant de manière positive et entreprenante

Tout de la conjoncture politique du Québec nous le montre, depuis les récentes déclarations d’Option Nationale lors de son congrès de fin janvier 2016, en passant par les volontés de « convergence » des Organisations unies pour l’Indépendance animée par Claudette Carbonneau, jusqu’aux appels du pied de Pierre Karl Péladeau : Québec solidaire se trouve sommer de développer des propositions concrètes quant à la question de l’accession à l’indépendance du Québec et des chemins à privilégier pour y parvenir. Or c’est là une question qui est loin d’être simple et dont on ne pourra pas se débarrasser en se contentant de dénigrer vertement le leadership du chef du PQ.

Tout de la conjoncture politique du Québec nous le montre, depuis les récentes déclarations d’Option Nationale lors de son congrès de fin janvier 2016, en passant par les volontés de « convergence » des Organisations unies pour l’Indépendance animée par Claudette Carbonneau, jusqu’aux appels du pied de Pierre Karl Péladeau : Québec solidaire se trouve sommer de développer des propositions concrètes quant à la question de l’accession à l’indépendance du Québec et des chemins à privilégier pour y parvenir. Or c’est là une question qui est loin d’être simple et dont on ne pourra pas se débarrasser en se contentant de dénigrer vertement le leadership du chef du PQ.

C’est en ce sens que nous avons pensé utile à Presse-toi à gauche d’initier un vaste chantier de débats et de réflexion sur cette question. Histoire de se clarifier les idées, de se faire une tête « un peu mieux éclairée » à ce propos. En ce sens nous appelons tous ceux et celles qui le désirent, à réagir, à écrire, à participer à cet échange que nous lançons aujourd’hui avec ce texte d’envoi : Aller de l’avant de manière positive et entreprenante. En nous, en vous souhaitant un échange/débat le plus fécond et le plus convivial qui soit.

Il ne s’agit ici que de lancer le débat, à travers quelques propositions de fond. Manière de les tester auprès des militants de QS et de commencer à les lancer, pour discussions, dans l’arêne publique. Aussi l’idée centrale qui guidera ce court texte est-elle passablement simple : montrer qu’il serait possible d’ores et déjà de penser à une stratégie d’accession à l’indépendance du Québec qui correspondrait parfaitement aux particularités de QS et qui éviterait tout à la fois deux embûches problématiques : (1) le refus à priori d’unité d’action avec le PQ (ou les Organisations unies pour l’indépendance) ; (2) l’acceptation d’une alliance de facto avec le PQ dans la seule perspective électorale de 2018. En somme il y a un chemin intermédiaire que l’on pourrait choisir de tracer et qui permettrait –ici et maintenant, en ce début 2016— de faire non seulement avancer les idées de QS sur l’indépendance du Québec, mais encore de participer à leur mise en œuvre dans la société toute entière.

De quoi s’agirait-il ?

Un mouvement citoyen pour l’indépendance

De tout simplement mettre toutes les énergies dont nous disposons dans la stimulation d’un véritable « mouvement citoyen pour l’indépendance » ; un mouvement qui pourrait prendre appui –dans la convergence— sur les efforts initiés par les Organisations unies pour l’indépendance, mais qui chercherait à aller plus loin. En s’employant à élargir ses bases et à rendre son fonctionnement plus démocratique, mais aussi en lui définissant un programme de luttes et de mobilisations citoyennes, pensées de manière très concrètes autour de quelques grands axes définis par l’actualité politique qu’affronte le Québec ici et maintenant.

On pourrait par exemple dessiner au moins déjà 4 axes importants renvoyant directement à la question de la souveraineté du Québec et autour desquels pourraient se concrétiser des mobilisation citoyennes grandissantes qu’il s’agira d’animer et de faire croître dans les mois à venir, et cela dans la perspective d’aider à la recomposition d’un large mouvements social indépendantiste : (1) la lutte contre le pipe line Énergie est ; (2) la lutte pour la préservation d’Anticosti ; (3) la lutte contre le traité de libre-échange Asie\Pacifique1 ; (4) la lutte contre l’agrandissement du Port de vrac de Québec2. Ces 4 thèmes touchent tous en effet, chacun à leur manière, à la négation du droit à l’auto-détermination du Québec et mettent particulièrement bien en relief les intromissions sans égards du « fédéral » dans les conditions d’existence et de vie des Québécois, notamment en termes environnementaux.

On pourrait même faire accompagner ces 4 possibles axes par un cinquième –plus global et plus politique— qui semble faire de plus en plus écho à de larges secteurs du mouvement indépendantiste : (5) celui de la lutte pour le droit d’élire une assemblée constituante par le biais de laquelle le peuple du Québec pourra activement affirmer la souveraineté qu’il commencera ainsi à mettre en œuvre.

Travailler d’ores et déjà à l’indépendance

L’intérêt d’une telle approche résiderait pour QS dans le fait qu’il ne se trouverait pas acculer à agir dans le seul cadre de la scène électorale appréhendée de 2018. Et qu’il pourrait développer une intervention sociopolitique originale (en pleine conformité avec ses aspirations profondes) et aucunement sectaire, lui permettant de travailler d’ores et déjà avec tous ceux et celles qui le veulent au développement des luttes pour l’indépendance.

Elle permettrait aussi de voir venir avec plus de sérénité et aussi peut-être dans une meilleure position politique, la campagne électorale annoncée de 2018. Il ne faut pas oublier en effet –et là je pense à tous ceux et celles qui ont dans la tête l’exemple de la Catalogne— que le scrutin uninominal à un tour dont nous pâtissons au Québec et au Canada, ne favorise aucunement un parti comme QS et tend au contraire à dramatiquement « périphériser » le poids qu’il pourrait avoir comme les propositions qu’il pourrait faire. Aussi reste-t-il avant toute chose à QS d’occuper la place qu’il peut le plus facilement prendre ici et maintenant et qui lui permettrait par la suite de se trouver, sans aucun doute, en meilleure position.

N’y-a-t-il pas déjà là une manière de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, et de travailler d’ores et déjà activement pour l’accession à l’indépendance, en allant de l’avant de manière positive et entreprenante ?

Qu’en pensez-vous ?

Pierre Mouterde

Pierre Mouterde

Sociologue, philosophe et essayiste, Pierre Mouterde est spécialiste des mouvements sociaux en Amérique latine et des enjeux relatifs à la démocratie et aux droits humains. Il est l’auteur de nombreux livres dont, aux Éditions Écosociété, Quand l’utopie ne désarme pas (2002), Repenser l’action politique de gauche (2005) et Pour une philosophie de l’action et de l’émancipation (2009).

Messages

  • Une réponse de Jean-Marie Coen

    Bonjour Amir, Pierre et les autres,

    Une fois n’est pas coutume, la direction proposée par Pierre me laisse (en partie) sceptique.

    Les luttes qu’il mentionne sont bel et bien pertinentes pour parler de souveraineté au sens classique du terme, au sens institutionnel que lui attribue la science politique. Et il y a certainement là un terreau fertile pour aller vers, et parler de, l’indépendance du Québec. Donc oui, branchons-nous sur ces luttes.

    Mais pour reprendre une expression de son texte, je me demande si on ne met pas là la charrue avant les bœufs. D’après moi, ce qui nous manque vraiment à QS, dans le débat sur l’indépendance, c’est une vision pour la nation. Nation prise au sens de collectivité, de vivre ensemble. Au sens de l’endroit où vivent ensemble les gens qui vivent les un-e-s à côté des autres, de la société comme lieu où interagissent ensemble les gens qui vivent et interagissent les un-e-s avec les autres.

    Cela m’apparaît prioritaire, d’autant que si QS veut à un moment donné grandir et escamoter le PQ (plutôt que l’inverse !), il faudra parvenir à prendre le leadership sur la question nationale ; c’est-à-dire incarner la question nationale aux yeux de la majorité populaire. Et cette majorité populaire, elle devra être conforme à nos valeurs : ne pas seulement concerner les francophones mais aussi les anglophones,les autochtones, les immigrant-e-s, les pauvres et même, mais oui, les riches.

    Pourquoi "aussi les riches" ? Parce que quand on parle de "vivre ensemble", on parle d’un modèle pour toute la société, dans son ensemble, sans exception. C’est la règle commune, et par définition une règle commune ça s’applique à tout le monde. Même si dans son application on trouvera sûrement des degrés de liberté (que les riches seront peut-être plus habiles à exploiter que d’autres, mais même là ce n’est pas certain, sur ce genre d’enjeu).

    Fidèles à ces principes, il nous faut donc proposer une vision de la nation-collectivité, de cette collectivité-nationale-qui-vit-ensemble-au-sein-d’une-seule-société. (Le groupe ’une-seule’ est le plus important dans cette expression. Nos vivons toutes et tous dans le même monde.)

    Je sais bien qu’avec la proposition d’Assemblée constituante, nous nous interdisons en partie de mettre trop de l’avant une vision particulière. Mais dans le débat politique, il faut pourtant dire ce vers quoi on veut aller.

    Le modèle, la vision que QS peut proposer s’entrevoit déjà en partie au travers de notre programme presque complet. Mais plusieurs points doivent encore être tranchés, et non des moindres.

    Je pense en particulier à la très délicate question de proposer une vision "rassembleuse", "inclusive", de la nation-collectivité. Le fait de mettre ces mots entre guillemets indique bien qu’on n’a pas encore de concept précis pour les définir.

    En pratique, il nous faut développer et définir une forme nouvelle, originale, de vivre-ensemble. C’est-à-dire une forme de "multi-poly-inter-pluri-whatever-culturalisme". Ou encore, une vision de la nation qui puisse inclure et convaincre autant la majorité francophone que les anglophones, les autochtones et les personnes issues de toutes les immigrations.

    À cela se greffe le débat tout aussi épineux de la laïcité, qu’on en choisisse une version soft ou dure. Ce ne sera pas simple, même en interne (on en a pour preuve les événements malheureux survenus lors de la réunion du 21 janvier consacrée à l’antiracisme de QS).

    Tout ceci est complexe et prendra beaucoup de temps, c’est sûr. Mais quand quelque chose est susceptible de prendre longtemps pour aboutir, la meilleure solution est en général de commencer au plus vite. (En vérité le débat est déjà en cours, et c’est tant mieux.)

    Il peut être tentant de balayer ça par en avant. Je suis cependant persuadé que nous devons avancer sur cette vision de la nation-collectivité. Notre projet souverainiste ne peut pas seulement se baser sur une défense de la souveraineté institutionnelle (suggestions de Pierre), qui reste pertinente par ailleurs.

    En outre, il reste malgré tout l’enjeu électoral. Je suis persuadé que face à l’impasse nationaliste-identitaire dans laquelle se coince le PQ, il y a une opportunité pour nous de présenter une vision positive de l’avenir national. Sachons pourtant reconnaître que nous avons du mal à exprimer cette vision en termes positifs et clairs.

    L’enjeu électoral est où là-dedans : hé bien, celui de nos deux partis – trois peut-être avec la CAQ, qui tente de rejouer la carte autonomiste – qui proposera la vision la plus largement rassembleuse sur la question nationale, celui-là pourrait bien réussir à escamoter l’autre, en plus peut-être de forger un avenir indépendant à la collectivité québécoise. (Ce n’était pas une boutade quand j’ai utilisé le mot « escamoter » plus haut. Je pense que c’est bel et bien de ça dont il s’agit. Ça ne se fera pas en un jour, bien sûr.)

    Ceci dit, je reconnais qu’en allant sur le terrain des luttes de la souveraineté institutionnelle, nous arriverons peut-être, en chemin, à dégager quelque chose de nouveau sur les autres questions, plus épineuses que pose la collectivité nationale. C’est possible, on apprend en marchant, et dans les luttes il y a des gens, pas seulement des concepts.

    J’ai cependant l’impression qu’une démarche proactive de QS, un chantier de réflexion sur la vision de la nation inclusive que nous avons, devrait être lancé en parallèle.

    En vérité, c’est ce que fait Pierre et je l’en remercie.

    Je m’excuse d’avoir été si long. Finalement, je vais proposer ce texte à Presse toi à gauche. Ce sera une première. :-)

    P.S. : Quant au mode de scrutin, je pense que c’est une fausse piste, très carrément. Je ne crois pas qu’une réforme du mode de scrutin soit un sujet mobilisateur pour la majorité populaire. Ce n’est pas ça qui constitue une vision pour le Québec.

    Par ailleurs, c’est une erreur très (trop) répandue de croire que nos difficultés de progression électorale sont dues au mode de scrutin actuel. Je n’élaborerai pas plus sur le sujet parce que ce n’est pas l’endroit, mais je suis très catégorique : il y a tout simplement une erreur de méthodologie scientifique derrière cette croyance, qui nous emmène sans cesse sur de fausses pistes.

    Ceci dit, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas réformer le mode scrutin par ailleurs ! Mais je doute du potentiel mobilisateur d’une réforme du mode de scrutin. C’est de l’avenir dont il faut parler, donc du vivre-ensemble, de la vision qu’on a pour les gens de la nation-collectivité.

    Au plaisir,
    Jean-Marie Coen

  • J’ignore comment sera reçu cette lettre par la direction de Québec Solidaire (QS). Par une indifférence hautaine et méprisante comme la précédente ? Par un silence de censeurs ? En refusant la critique de la dissidence dont on se prétend pourtant les défenseurs ? Je verrai bien.

    Mais comme j’ai été jeté par terre par l’annonce si rapide de leur refus soudain et catégorique de toute alliance avec le Parti Québécois, je souhaite au moins qu’ils sachent comment cela a été reçu par un de leurs membres ayant travaillé très fort, non seulement pour le parti, mais aussi pour matérialiser le souffle politique nouveau que représentait l’apparition d’un parti clairement identifié à la gauche politique.

    En lisant Le Devoir matinal sur le sujet, la rage m’a submergé. Je me suis dit : « J’en ai assez. Vaut sans doute mieux les laisser renoncer à un des objectif premier ayant présidé à l’unité de la gauche : « sortir de la marginalité », que de me voir considéré comme la cinquième colonne du PQ, « manipulé », (sans rire, c’est Amir Khadir lui-même qui me l’a dit un jour) sans que l’on ne me serve la moindre explication logique de cette abandon du combat pour l’unité politique du plus grand nombre chez les Québécois. Je n’y perdrai plus mon temps ».

    Tant pis pour eux. S’ils veulent isoler QS, je n’en serai pas l’artisan dévoué. L’aveuglement a assez duré. S’ils souhaitent voir QS réduit à la limite de quatre ou cinq députés dans les dix prochaines années, qu’ils aient à en répondre. Et surtout, s’ils veulent servir à leurs membres, qui sont en faveur de l’unité des souverainistes, le plus profond mépris en leur fermant la porte au nez pour éviter tout dialogue sur le sujet, qu’ils le fassent sans moi. Ils n’auront plus qu’à gérer la concurrence du NPD-Québec.

    J’aime mieux tourner la page quitte à voir anéantis tous mes efforts pour édifier ce parti. J’ai déjà un parti communiste à construire. Pourquoi perdre mon temps dans une organisation dont les dirigeants n’ont même pas le courage politique d’expliquer ouvertement à leurs membres leur propre travail unitaire à l’Assemblée Nationale ? Ils sont souvent en conférence de presse avec le PQ tout en niant toute forme d’alliance.

    Pourquoi créer des attentes dans le sens d’une intelligence politique qui voudrait que dans notre engagement nous cherchions les progrès pour notre cause tout en rejetant du revers de la main toute possibilité réelle que ceux-ci se réalisent, sans les raccourcis appréhendés, mais avec d’autres et comme participant singulier ?

    Car dans l’unité des souverainistes, il a y de véritables gains pour tout le monde. Surtout pour notre peuple qui subi maintenant Couillard, mais en affichant la même hâte qu’il a manifesté pour se débarrasser d’un Harper.

    En effet quelle logique y a t-il derrière les ambiguïtés entretenues sur ce qui serait, au minimum, une opportunité de battre Couillard et, au plus, une façon rationnelle d’offrir aux Québécois des pas de géants vers leur indépendance ?

    On se pousse tellement à gauche qu’on finit par ne voir autour de soi que des « forces de droite ». Sans même le souci de riposter à leurs discours adéquatement, comme s’il ne s’agissait pas dans le même élan de gagner une population qui y consent en la faisant changer d’idées. Ce qui n’est qu’une démarcation factice qui cache le manque de courage qu’il faudrait pour s’expliquer avec les membres sur ce que signifiait le gauchisme sectaire des marxistes-léninistes. Maintenant reprise par mes amis trotskistes. Madame David l’a bien connu. Après l’échec de l’expérience elle même a uni tout un pan du mouvement féministe international. Pourquoi refuse-t-elle ses talents de rassembleuse au mouvement indépendantiste ?

    Personne ne veut servir de valet au PQ. Mais quelle aspiration honnête manifestons-nous autour de cette chance de faire jouer sa pleine mesure à notre parti que de lui nier ce potentiel énorme à faire valoir l’unité ?

    Je doute parfois des capacités de jugement de quelques amis trotskistes aussi solidaires. Mais j’ai appris à faire avec les talentueuses qualités de tous ces membres que j’ai côtoyés dans les instances, au cours de campagnes électorales ou en organisant des activités politiques entre les campagnes. Je croyais acquise la sympathie pour les ouvriers de la Davie devant la grande injustice du fédéralisme, qui appelle à une urgente indépendance, après la visite des Chantiers Davie par Amir et Madame David. Et la résolution commune de l’Assemblée Nationale pour un partage équitable du travail au Canada. J’en suis encore tout fier. Mais je ne comprends vraiment pas : être à ce point habile à unir et chercher avec tant de fiel une démarcation si nuisible. Comme si l’unité ne devait pas s’accommoder de quelques divergences ou concessions.

    Pourquoi museler ainsi alors que le débat sur les alliances, leur portée et leurs promesses pour le parti, n’a jamais été entrepris sérieusement ? On va même jusqu’à en nier totalement la pertinence comme si tout cela avait déjà été tranché par la direction. Ou par quelques têtes brulées fanatisés assoyant leurs certitudes sur les idées reçus propagées par des fédéralistes sur le PQ.

    C’est l’heure des bilans, autour du 10e anniversaire de QS. Mais qu’en a-t-on vraiment tiré comme leçon ? On étale tout simplement quelques victoires, quelques faiblesses. Et cela tient lieu d’évaluation. Sans l’audace que les débuts de QS avaient demandée, e. i. se donner de grands objectifs, dont l’indépendance du Québec, et se battre conséquemment pour les réaliser.

    La vraie réussite de QS aura été d’avoir donné un support politique à toutes ces ambitions d’une jeunesse qui, formée en citoyens engagés par l’école publique, s’est réunie autour de plusieurs têtes blanches. cela s’est fait en même temps sans vraiment que la qualité de cette sagesse acquise par les plus âgés et la fougue enthousiaste des jeunes ne soient l’occasion de se poser vraiment la question de l’avenir de la gauche à voir grand tout en déployant ses forces là où elles sont vraiment essentielles à la future conquête démocratique de notre peuple, son indépendance.

    On serait en droit de se demander comment arriver à cet espoir maintenu à bout de bras par plusieurs péquistes qui n’ont pas lâché malgré les embuches que le fédéralisme et certains leaders péquistes ont mis sur leur chemin ? Les appels de QS à changer de parti sont de mesquines tactiques ressemblant au maraudage qui nuit tellement à la force du nombre chez les syndicats. Tenter de leur faire croire que tous leurs engagements n’ont mené qu’à la vacuité du projet rejoint maintenant les pires attaques des fédéralistes comme si le mouvement indépendantiste devait s’assoupir sereinement devant la menace.

    Les membres du PQ sont d’aussi honnêtes souverainistes que nous. C’est aussi eux qu’on répudie en niant les ajouts du nombre et de la qualité militante à la force de leur courage historique. Sont-ils vraiment ces abusés d’une oligarchie qui les trahira dans un Québec libre ? C’est faire bien peu de cas de leur autonomie de jugement politique.

    Il faut afficher un mépris hautain pour les militants de tous âges du PQ que de leur refuser d’additionner leur expérience de longue date à cette soif d’action et d’apprentissage chez les plus jeunes. Car QS est bien une oeuvre de jeunesse.

    Ce parti puise son énergie du dévouement de ces membres à qui la direction refuse carrément la riche expérience d’un mouvement national uni qui reprendrait son souffle une nouvelle fois et s’engagerait dans la lutte de ce que plusieurs admettent être le préalable de presque tous les progrès de société au Québec, notre indépendance. Associée à des institutions neuves où notre peuple décuplerait tout le potentiel annoncé par cette nouvelle révolution à laquelle il adhérera bien plus facilement si ceux qui prétendent le représenter se rassemblaient autour des débuts d’un nouveau Québec. Cela passe concrètement par la chute des Libéraux et de Couillard.

    Finalement, la lettre écrite, je me retrouve des arguments pour rester solidaire. On verra bien évoluer le débat ... s’il n’est pas censuré en partant.

  • S’il y a une question nationale au Québec et si un parti ou des partis proposent des réponses, il importe de préciser en quoi consiste le problème, quel est le problème ?
    Depuis l’époque Duplessis, l’accent a toujours été mis pour parler de la question nationale sur l’inégalité :
    1- Duplessis reproche à Ottawa d’empiéter sur les pouvoirs des provinces et, sur le plan économique et politique de favoriser l’Ontario, les anglais et les protestants. Le parti national de Duplessis, en alliance avec la hiérarchie catholique, se présente comme le défenseur du monde rural, des canadiens français et de la religion.
    2- Pour les élites des années 40 aux années 60, la question nationale se pose en terme a)- politique ( obtenir du poids politique par rapport à Ottawa) ; b)- culturel-religieux (maintenir les traditions et le folklore canadien-français face à la domination canadienne-anglaise)
    D’un point de vue populaire, la question nationale était perçu comme étant le fait du pouvoir des "Anglais" sur les canadiens français !

    Les données changeront dans les années 60, lorsque les élites économiques et politiques du Québec propulseront le Québec dans la modernité grâce aux réformes institutionnelles qu’on a nommé la révolution tranquille.
    Une série de facteurs se sont alors combinés et ont transformé le perfil socio-économique, socio-culturel, de division de classes et sociologique du Québec. La population jeune des campagnes émigre vers les centres hubains pour travailler dans la fonction publique, dans le secteur de la construction, dans les petites et grande industries aonsi que le commerce au détail qui.Ce jeune prolétariat se politise et se mobilise sur des revendications pour se syndiquer, et améliorer les conditions de vie. Alors que le jeune parti libéral et les élites s’essoufflent, la jeunesse urbaine poursuit son élan d’émancipation. C’est dans ce contexte des années soixante qu’émerge la lutte pour la reconnnaissance de la langue et de la culture "québécoise".
    La suite est connu. L’élite culturelle et politique des francophones du Québec, la même qui avait donné son premier souffle aux réformes au sein du parti libéral de Jean Lesage, se divise en deux ailles. L’une, au Québec, chevauchant les aspirations sociales et culturelles des mouvements sociaux donnera naissance au Parti Québécois en 1970, revendiquant la souveraineté du Québec. L’autre aille, dirigée l’équipe de Pierre Trudeau, prendra le pouvoir à Ottawa pour défendre la Confédération et l’unité canadienne.
    C’est ainsi qu’au cours des années 70 jusqu’au début des années 80, la question nationale devient carrément un enjeu politique où le PQ présente fondamentalement l’indépendance du Québec comme moyen pour sauvegarder le français et la culture des francophones. D’autre part, craignant une scission sur des bases linguistique et économique, le PQ propose dans son reférendum de 80 la formule de souveraineté (culturelle) et d’association économique avec le Canada. Le projet de René Levesque est battu et Trudeau repatrie la Constitution sans l’accord du Québec.

    Depuis ce temps, les perspectives du PQ concernant la résolution de la Question Nationale sont pratiquement demeuré celles de la souveraineté linguistique et culturelle. Fait notable, plus ce parti s’est détaché de ses racines populaires et des revendications sociales pour défendre le néolibéralisme, plus ses appuis diminuent dans la population francophone... malgré une campagne chauvisme à l’endroit des "non-francophones de souche".

    On en revient à la définition de la question nationale située au 21ième siècle. Un Québec majoritairement urbain où continue de s’établir un nombre croissant d’immigrant qui sont en apprentissage de la langue et dont une forte proportion se retrouve à gagner des salaires minables et sans de grandes possibilités de travailler en accord à leurs dîplômes. Et tout à côté, partageant le même territoire, les population autochtones.

    Tenant compte de ces données, il est devenu évident que les arguments jadis mobilisant d’ordre linguistique et culturel sont devenus insuffisants pour entrependre collectivement une lutte pour se séparer du Canada et former un nouvel État-nation. L’argumentaire jadis du PQ était dirigé à une jeunesse francophone qui sortait des campagnes et qui était invité au pojet de former une nation où on parlerait et travaillerait en français et qui serait dirigé par des entreprises "du Québec. Ce discours n’a pas changé chez le PQ alors que la réalité sociologique et politique n’est plus la même.

    Jusqu’ici les dirigeants du mouvement souverainiste se sont dirigés aux élites pour convaincre les bourgeois que la souveraineté du Québec ne dérangerait pas leurs plans d’affaire et élu au gouvernement les péquistes se sont efforcé de démontrer aux maîtres de l’économie et de la finance qu’ils savaient gouverner en faveur des intérêts financiers des capitalistes si fédéralistes fussent-ils ! C’est pourquoi, QS, s’il ouvre un débat pour inviter la société québécoise - dans toute sa diversité - à se mobiliser cela doit être pour donner la voie aux sans voix pour que ceux-ci exprime leurs besoins, pour celles et ceux-ci soient inclus non seulement dans l’exposition du problème mais aussi dans la solution. C’est donc à QS de démontrer que c’est réalisable et que une prise du pouvoir du peuple par le peuple dans toute sa diversité est possible et souhaitable en formant un État souverain, en se séparant du Canada. Non pas à l’aveuglette mais avec un plan et avec des réponses et des solutions alternatives à celle du statut quo capitaliste !

    En ce sens, inscrit dans une stratégie politique d’ensemble, les axes de mobilisation proposés par Pierre Mouterde me semble intéressant pour accrocher le discours à des luttes et des enjeux auxquels on ne peux échapper.

    Quant aux alliances avec les partis souverainistes. Ce serait une perte de temps de le faire sur des bases programmatiques, si le discours de l’un ou l’autre pense la souveraineté dans le but principal de renforcir le pouvoir existant des élites... ce serait une alliance dans le but de donner encore plus de prise à la démagogie et au populisme déja présent. Donc, non à la convergence. Qu’il y ait unité d’action sur des lignes de piquetage, pour appuyer des actions et des revendications des mouvements sociaux dans le but de renforcir l’action démocratique ou pour défendre des droits opprimés ! Évidemment oui.

    Jean-Jacques Roy
    Indépendantiste en sympathie avec le programme de QS

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