Je note qu’un nouveau terme est à la mode : « radicalisation ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Des jeunes se « radicalisent » et deviennent dangereux. À preuve, on parle de la poignée de désespérés qui veulent rejoindre l’État islamique. Ou quelque chose du genre. Des personnes, religieuses ou non, font du « recrutement » et « radicalisent » ces jeunes. Mais rassurez, on nous protège. Une petite armée d’agents du SCRS et de policiers, sans compter les vigilants maires comme Coderre, sont là pour les bloquer. Passant par-dessus toutes les lois, Coderre décide d’empêcher l’ouverture d’un centre islamique parce qu’on pense qu’il y a des « radicaux » dans cela.

C’est certain que les bouffons des médias-poubelles, les Richard Martineau et Éric Duhaime de ce monde, vont en rajouter en montrant des photos de Djihadistes. Ils vont dire et redire que l’islam est contre les femmes. Ils vont citer quelques excités qui appellent au meurtre sans prendre la peine de dire que 99% des meurtres et des atrocités dans le monde ne viennent pas de soi-disant Djihadistes, mais de la violence systémique (entre autres contre les femmes) et de la guerre sans fin amorcée et orchestrée par les États-Unis. Et ainsi, on va avoir l’impression que Montréal ou Québec ou Ottawa est à la veille de tomber aux mains d’Al-Qaida.

Les jeunes qui n’ont pas connu cela doivent savoir qu’au Québec, on fermait des locaux il y a quelques décennies parce qu’on les soupçonnait d’être utilisés par les méchants communistes. Des Témoins de Jéhovah étaient pourchassés d’un coin à l’autre du pays. Des Juifs étaient interdits d’entrée dans des facultés universitaires. Des tas de vie ont été brisées jusqu’à temps que des années plus tard, on se dise, « wow, pourquoi on a fait cela ?!?!?! »
En vérité, il y avait une raison. À l’époque au Québec, communistes, Témoins, Juifs et autres indésirables étaient très peu nombreux. La répression contre eux, c’était un message pour les autres, pour la majorité. « Ne vous aventurez pas à sortir du rang », « suivez les instructions de vos chefs et curés »…

Je pense qu’il est extrêmement dangereux de donner à Coderre, Harper ou Couillard le « droit » de décider ce qui est « radical » ou pas. Je ne pense pas que c’est exagéré de dire que cela nous menace tous, à commencer par les mouvements populaires. En 2012, on a tenté de criminaliser les carrés rouges et les étudian-tes. Les poursuites criminelles ont presque toutes été abandonnées parce qu’elles ne tenaient pas la route juridiquement parlant, mais pendant des mois, on a essayé de bloquer le mouvement qui était trop « radical » aux yeux des décideurs et de leurs mercenaires médiatiques.

Vous voyez où je veux en venir… On ne peut pas avoir un droit de parole à deux vitesses, bon pour les uns, mauvais pour les autres. S’il n’existe pas pour les uns, il n’existera pas pour les autres. Un jour on viendra chez vous ou à votre réunion pour vous dire que vous êtes trop « radical » parce que vous parlez de grève ou que vous portez un T-shirt avec l’image du Che Guevara…