Édition du 16 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Blocus de Gaza - Flottille de la liberté : attention, ce n'est pas une simple question humanitaire

Pour aider à faire voir au peuple québécois et aux élu-es fédéraux le coeur du problème quant au blocus de Gaza, je vous pose la question suivante : si Israël permettait la libre circulation de l’aide humanitaire (uniquement), est-ce que le blocus deviendrait tout à coup acceptable ?

Dans le contexte actuel, où le Bateau canadien et québécois pour Gaza (Flottille de la liberté II) vogue dans les jours qui suivent [1], je sens le besoin de communiquer urgemment le message que l’objectif n’est PAS uniquement humanitaire : il ne s’agit pas d’apporter une cargaison humanitaire, il s’agit de faire tomber un blocus imposé à l’encontre d’une population civile tout entière.

Cela n’empêche pas nos messages de dénoncer les blocages à l’aide humanitaire, chose extrêmement grave et urgente certes, mais il faut dénoncer le blocus dans son ensemble. Je vous propose ici, en très bref, de bien vouloir parler aux gens du fait qu’il s’agit d’un blocus, par définition imposé par la force armée, contre une population civile à qui on retire le droit d’importer/d’exporter et où on interdit même à des ambulances de se rendre à des hôpitaux spécialisés hors de la bande de Gaza...

L’UNICEF, par exemple, arrive à faire entrer des denrées alimentaires ou des médicaments, du moins en partie, mais l’UNICEF dénonce qu’Israël bloque l’entrée de matériaux de construction et de développement. Ainsi, pendant quatre années, après des bombardements importants et avoir évidemment provoqué une crise économique à Gaza, on empêche la population et les agences onusiennes de reconstruire et de maintenir les infrastructures civiles.

La Croix-Rouge internationale et Médecin sans frontières n’utilisent pas l’expression « crise humanitaire », mais la question est plus large. Les organismes humanitaires dénoncent les souffrances, les problèmes de santé et le désespoir qu’un tel blocus provoque. La question n’est pas simplement à savoir si une aide humanitaire peut traverser le blocus. Le focus, que je vous suggère, est de dire aux gens du Québec l’illégalité profonde d’un blocus tout court [2] —avec ou sans aide humanitaire— et le fait que l’ONU doit assurer le droit de la population civile d’importer/exporter et donc doit laisser les navires passer.

Souvenons-nous que le peuple irakien a aussi été soumis à un blocus de 1990 à 2003. Les gouvernements australien, britannique, canadien, étasunien, néo-zélandais et israélien prétendaient que le programme Pétrole-contre-nourriture rendait acceptable et vivable ce blocus. Les aviez-vous crus ? [3]

Je vous supplie de communiquer qu’il s’agit du fait...

* que, selon le droit international, un blocus imposé par la force armée à l’encontre d’une POPULATION CIVILE est un CRIME international, au sens propre ;

* qu’un navire civil se rendant vers le port maritime de Gaza, à l’invitation de la population concernée, est une chose 100 % légale en vertu de nombreux traités du droit international [4]. La communauté internationale dénonce l’illégalité du blocus, mais n’ose pas agir et commet l’erreur tragique de ne pas assurer le droit des gens d’importer/exporter et de naviguer vers Gaza ;

* que les gens doivent avoir le droit de sortir pour, par exemple, se rendre à des hôpitaux spécialisés ou pour d’autres raisons ;

* que la population civile de Gaza, qui n’est pas en Israël, a le droit d’utiliser son port maritime et d’importer/exporter comme tout peuple de ce monde. Le droit d’avoir une économie est aussi important que la libre circulation d’une aide humanitaire. De plus, la droite ne peut pas contredire le droit de commercer sans se contredire ;

* attention à l’argument un peu manipulateur de « l’aide humanitaire », car les détracteurs nous répondent que nous pourrions envoyer l’aide par les agences onusiennes, ce qui est en partie vrai. Le but de la Flottille de la liberté II n’est PAS une aide spéciale d’urgence, mais clairement plutôt de faire voir que des denrées civiles, dont du courrier postal, ne peuvent entrer ni sortir de Gaza et qu’il s’agit donc d’un réel blocus totalement inadmissible.

 Michaël Lessard
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(1) Bateau canadien pour Gaza
http://www.tahrir.ca/

(2) Définition d’un blocus sur Wikipédia (ne pas confondre avec un embargo ou des sanctions)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Blocus

(3) Les sanctions économiques globales contre l’Irak (1990-2003) étaient-elles compatibles avec le respect effectif de la Charte de l’ONU, des droits humains et du droit international humanitaire ?, Essai pour la Maîtrise en Relations internationales (Université Laval)
 Michaël Lessard, mai 2004.
http://www.siriel.info/node/view/247

(4) Le blocus est illégal quoiqu’en dise Israël
 ambassadeur Craig Murray, juin 2011.
http://www.tahrir.ca/fr/content/le-blocus-est-ill%C3%A9gal-quoi-quen-dise-isra%C3%ABl

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