Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Opinion

Des solutions violentes toujours questionnables

Loin de moi l’idée de considérer les USA comme une puissance bienveillante. À mes yeux, c’est plutôt la Chine qui le serait et ce, en dépit des violences au Tibet.

Mao était très explicite : les contradictions ou les problèmes au sein du peuple devaient être résolus par des moyens démocratiques d’éducation et de persuasion, pas par la violence, après qu’aient été clarifiés les problèmes entre cette capacité et cette sagesse du peuple et la mise sur la défensive de ses adversaires. Est-ce que le pouvoir étatique, que Mao a exercé lui-même en utopiste selon les communistes actuels, y changerait quelque chose ?

Il reste que l’appel à la retenue des USA est particulièrement hypocrite quand on pense à la manière dont la guerre au terrorisme a abouti à ces conflits dévastateurs en Irak et en Afghanistan. Cet appel, menaçant et hostile, est conforté par un réseau de bases militaires disséminées dans le monde entier. La poutre dans l’oeil des USA, qui décrètent et chargent par la suite, est particulièrement évidente. Le bellicisme n’origine pas des pays du Tiers-Monde, dont la Chine fait partie. Ni de Cuba d’ailleurs. C’est ça le résultat des gouvernements revanchards de droite élues dans le monde. Rappelez-vous de Thatcher qui a laissé mourir de faim une vingtaine de jeunes irlandais de l’IRA, traités comme des bandits et des prisonniers de droit commun, plutôt que de reconnaître leur statut de prisonniers politiques.

Et si la Chine d’après Mao était celle du moins pire, celle du réformisme réaliste après des années de fatigantes tentatives infructueuses reconnues par le pouvoir présent. Et celle qui fait mieux dans bien des domaines, autres que l’économie et la retenue dans la répression pour faire respecter ses lois. Des lois qu’invoque ici même la police de Montréal pour réprimer et embarquer 32 jeunes insurgés pressés de mettre un terme à cette violence institutionnelle et légalisée dans le cadre de la journée contre la brutalité policière. Même en occident, ce qu’on appelle la Bataille de Seattle, n’a pas été gagnée par des bisous-bisous. De plus, au nom de la loi, on assume bien des choses questionnables, y compris dans nos sociétés citées comme exemple dans le monde. Les lois répressives sont votées dans les mêmes parlements qui accréditent, contre la volonté populaire majoritaire, à coup de milliards et selon les vœux de l’OTAN, alliance militaire agressive s’il en est une, une guerre d’occupation qui s’épuise, espérons-le, en Afghanistan.

Et si la Chine cherchait une voie originale pour innover elle aussi dans ce monde troublé par le spectre du retour de la Bête immonde. Pourquoi la Chine devrait-elle priver son peuple d’un accès à la prospérité mondiale et ne pas se prémunir contre l’hostilité manifeste de l’impérialisme pour lui assurer au moins, à ce peuple pauvre, un avenir pacifique fondé sur le développement de ses forces productives.

Je le concède, une question demeure : quelle quête a-t-elle entreprise la Chine de 1949 pour résoudre pacifiquement ses problèmes internes très complexes ? Nourrir le cinquième de l’humanité, le loger, le soigner, l’éduquer, ... Quelles ont été ses contributions, sinon celles d’une recherche patiente, durable et permanente de solutions innovatrices … ou toutes copiées sur les nôtres ?

La gauche chinoise et les communistes s’attardent encore à en faire un bilan. Le parti communiste s’y consacre en cherchant à apprendre de nos propres expériences. L’organisme Droits et Démocratie, fondé par Ed Broadbend du NPD et financé par le fédéral, travaille avec le Centre des droits humains de l’École du Comité centrale du Parti communiste chinois. Assez singulier, non, comme recherche d’innovation sous un régime que les Chinois eux-mêmes prétendent socialiste ? Il reste à la gauche chinoise à jouir de toute l’influence requise pour y contribuer elle aussi et mettre toutes les bonnes volontés à l’œuvre comme ose le faire ici Québec solidaire au cœur de notre nation.

Terre d’espoir, la Chine cherche et trouve peut-être plus que ne le laisse entendre la propagande d’une guerre dont l’ombre plane à nouveau sur le monde. Il y a aussi cela à prendre en considération. Les Chinois ont mis en garde contre un nouveau Munich il y a plusieurs années pour endiguer la périlleuse course des deux géants du monde dans l’armement conventionnel et nucléaire. Ce Munich qui a annoncé en 1939, après la capitulation des pays capitalistes avancés devant l’agressivité d’Hitler, la Deuxième Guerre Mondiale. En est-on revenu là ? Chose certaine, de ces géants, il n’en reste plus qu’un, et belliqueux, parce que l’autre, plutôt que de maintenir l’escalade militariste, a cédé sous une direction communiste déjà gagnée idéologiquement aux idéaux de la paix mondiale ou, à tout le moins, à ceux de la voie pacifique pour l’avènement du socialisme.

Nous pouvons dire que nous l’avons échappé belle grâce à la pondération d’un des deux camps. Et pas celui de Reagan ! Sommes-nous à nouveau devant la menace ? La guerre au terrorisme de Bush ne révèle-t-elle pas la pointe de l’iceberg d’un nouveau Munich face aux USA auquel nos gouvernements ont acquiescé sans broncher et bien plus sérieux et dangereux encore parce que justifié par la vieille et prégnante idéologie capitaliste et raciste envers les peuples des nouvelles colonies. Ne parle-t-on pas de ce « peuple étasunien élu » appelé à « sauver le monde » du chaos par la mondialisation du mode de production salarial fondé, lui, sur la bien instable situation de la mise en esclavage de la majorité de l’humanité ?

J’ai plus de questions que de réponses faciles sur cette forte Chine. Notre point de vue devrait cependant se raffiner à l’aulne de ce que les Chinois mettent eux-mêmes à l’ordre du jour des discussions planétaires dans la recherche d’une issue pour une humanité sur la route difficile de la "démocratie avec justice sociale", de solutions à ses immenses contradictions et de son développement harmonieux prenant en compte les risques pour notre petite planète.

Mots-clés : Opinion
Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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