Édition du 28 octobre 2025

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Féminisme

Féminicides : aux grands maux, les grands moyens

Chaque femme tuée par un partenaire intime devrait être un signal d’alarme suffisant pour faire de la violence conjugale une priorité du gouvernement. À l’heure actuelle, le Québec dénombre 10 féminicides, 6 en contexte de violence conjugale, et 5 en moins d’un mois. Le seuil d’alerte est largement dépassé. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. La crise qui sévit est bien plus profonde.

Ce matin, interrogé par les députées solidaires Ruba Ghazal et Christine Labrie, le premier ministre François Legault affirmait : « On s’occupe de chaque femme qui appelle ». Nous aimerions tellement que ce soit vrai. Mais la réalité est toute autre.

Une réalité accablante

 Dans la dernière année, SOS violence conjugale a reçu 19 306 demandes d’hébergement. Elles en ont dû refuser plus d’une demande sur deux.

 Dans le réseau de maisons d’aide et d’hébergement, 60 maisons ont des listes d’attente pour les services externes qui peuvent notamment leur offrir un accompagnement pour les aider à préparer une rupture de façon sécuritaire – du jamais vu pour des organismes qui se sont toujours refusées à faire attendre des femmes au moment où elles en ont le plus besoin.

 Au niveau de l’hébergement, les maisons d’aide et d’hébergement et les maisons de 2e étape, sont à pleine capacité. La durée de séjour s’allonge – notamment en raison de la crise du logement.

 Les trois derniers budgets du Québec ne comportaient aucun argent neuf pour les maisons d’aide et d’hébergement.

 Les travaux du comité mis sur pied par le ministère de la Santé et des services sociaux pour évaluer le manque de place et de services stagnent.

Certes, le gouvernement de Monsieur Legault a procédé à un rattrapage important depuis 2020. Mais les solutions amenées à ce moment-là sont déjà largement insuffisantes, face à l’explosion des demandes qui fait suite à la sensibilisation du grand public et à la mobilisation croissante de partenaires.

Les 4 nouvelles maisons d’aide et d’hébergement financées offriront un total de 57 places supplémentaires, permettant d’héberger annuellement quelques 350 femmes de plus. C’est un pas en avant significatif, mais c’est bien trop peu.

Les 190 unités prévues dans la trentaine de maisons de 2e étape, elles, permettront d’accueillir quelques 250 femmes par an en moyenne, après leur passage en maison d’aide et d’hébergement. Encore une fois, c’est une avancée notoire… mais insuffisante face à l’ampleur des besoins.

Pour répondre au débordement, le gouvernement a mis sur pied, malgré les réticences des associations de maisons, un mécanisme d’urgence pour héberger à l’hôtel les femmes qui ne trouvent pas de place en maison et qui sont face à un danger imminent. Cette solution n’est qu’un pansement sur une plaie béante, en plus d’être dangereuse, laissant les femmes isolées à l’hôtel dans un des moments où elles sont le plus fragiles.

Une cellule de crise réclamée

Nous avons su réagir rapidement en 2021, face à une vague de féminicides. Aujourd’hui, il faut faire plus.

Nous demandons la création immédiate d’une cellule de crise nationale pour répondre à l’urgence des besoins en violence conjugale, à l’image des cellules d’intervention rapide déployées autour des femmes en danger.

Tout comme il l’a fait en 2021, lorsque 9 femmes avaient été tuées par un partenaire intime en autant de semaines, nous demandons au Premier ministre François Legault de donner un mandat fort pour remettre la violence conjugale au coeur des priorités de son gouvernement.

Nous devons continuer de mieux informer la population pour que chacune et chacun puisse prendre action à son échelle. Mais en contrepartie, nous devons avoir les moyens de répondre aux demandes d’aide qui continueront d’affluer de plus belle.

Nous n’avons pas le luxe de s’asseoir sur des décisions prises en 2021, malheureusement déjà désuètes.

Nous n’avons pas le luxe d’attendre et de voir mourir nos soeurs.

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Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale regroupe 44 maisons d’aide et d’hébergement réparties sur le territoire québécois. Cet organisme a pour but de sensibiliser à la problématique de la violence conjugale, de défendre les droits des femmes et des enfants violentés, de représenter leurs membres auprès des instances publiques et gouvernementales.

Fédération des maisons d’hébergement pour femme (FMHF)

La Fédération est issue d’un désir de concertation et a été mise sur pied en 1987 par diverses ressources d’hébergement pour femmes, soucieuses de se doter d’une association représentative de l’ensemble des problématiques sociales liées aux nombreuses violences faites aux femmes incluant la violence conjugale.

Ainsi, dans une perspective féministe de lutte contre les violences faites aux femmes, la Fédération regroupe, soutient et représente des maisons d’hébergement dans un but de promotion et de défense des droits des femmes et de leurs enfants vivant de multiples problématiques sociales.

Pour mieux comprendre comment la violence et les multiples problématiques sociales affectent les femmes, le contexte socio-politico-économique dans lequel elles vivent doit être pris en compte. Les différentes formes d’oppression qui existent dans notre société doivent également être considérées. Les multiples problématiques sociales sont comprises comme des stratégies de survie visant à faire face, pour la majorité des femmes, aux violences subies (incluant les iniquités sociales, économiques et politiques) et aux impacts émergeant à la suite de ces violences.

Les diverses problématiques vécues par les femmes Autochtones, par les femmes immigrantes et racisées ou en situation de handicap constituent autant de sujets de préoccupations pour la FMHF.

Ainsi, la Fédération entend-elle promouvoir et défendre les intérêts des maisons d’hébergement pour femmes en tenant compte de leur autonomie, de leurs particularités, de leurs similitudes ainsi que de leurs différences, et ce, dans un esprit de partenariat et de concertation.

https://www.fmhf.ca/

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