Édition du 26 mars 2024

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Élections québécoises 2022

Le Parti québécois : À pas de tortue

Le Journal de Montréal, par l’intermédiaire de certains de ses commentateurs et commentatrices essaie de gonfler l’importance du Parti québécois. Ces scribouilleurs et scribouilleuses soulignent la remontée du parti dans les intentions de vote : de 9% au début de la campagne électorale, il a réussi à se hisser à la force du poignet à 13 % au dernier sondage.

Les "analystes" à la solde de Québecor mettent l’accent sur la bonne performance générale du chef péquiste, Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP, pour les intimes). Ils font ressortir son calme olympien et la campagne impeccable qu’il mène. Richard Martineau s’étonne même qu’en dépit de la bonne performance du chef, les intentions de vote en faveur du Parti québécois ne lèvent pas vraiment.

D’Ici la journée du vote, le 3 octobre prochain, le Parti québécois peut encore gagner du terrain, mais aucun indice ne permet de prévoir qu’il atteindra les 20% du vote Les astres ne sont pas alignés dans cette direction.

La position du Journal de Montréal ne surprend guère lorsqu’on sait que son fondateur, Pierre Péladeau était connu pour ses opinions très nationalistes. Son fils et successeur, Pierre-Karl fut même élu député péquiste le 7 avril 2014 et chef du parti le 15 mai 2015, poste qu’il quitta le 2 mai 2016. En un sens, il continue son oeuvre de propagande péquiste à travers ses journaux.

On s’entend pour dire que l’issue du prochain scrutin, imminent, va décider de l’avenir du Parti québécois, lequel mise sur sa raison d’être:essentiellement la défense de l’indépendance du Québec et celle de la langue française, celle-ci en recul à Montréal, et aussi la discrète mise en valeur d’une forme très modérée de social-démocratie.

Après avoir obtenu 25% du vote sous Pauline Marois aux générales de 2014, il a subi une glissade prononcée à celles de 2018 en raflant seulement 17,1% des suffrages. Depuis, il a continué à perdre des plumes, oscillant entre 8% et 10% du vote. Il faut convenir que l’arrivée à sa tête de Paul Saint-Pierre Plamondon lui a redonné un certain tonus. Au déclenchement de la présente campagne électorale, il allait chercher 9% du vote et il a atteint 13% depuis. Le mouvement vers le haut se continuera-t-il ?

En fait, cette progression est arithmétique et non exponentielle. Contrairement à la Coalition Avenir Québec (la CAQ) qui, entre le scrutin de 2014 et celui de 2018 a réalisé un bond de 14% (de 23.5% à 37.4%) des suffrages, le Parti québécois fait plutôt du surplace. Il est encore loin du 20% des votes qui représentent, si l’on peut dire le seuil d’accès aux ligues majeures en termes d’appuis populaires. Les records électoraux du passé sous René Lévesque, Jacques Parizeau et même Pauline Marois en septembre 2012 (31.9% des suffrages) ne sont plus qu’un lointain souvenir.
Aussi, les péquistes ne doivent pas se laisser séduire par les rêves en couleurs de Québecor : en étant optimiste, on peut croire qu’il n’atteindra le 3 octobre que 15% du vote. Mais le prochain (et dernier sondage avant le jour du scrutin) peut aussi bien révéler un recul dans les intentions de vote en sa faveur.

Graduer de 9% de celles-ci à 13% n’a rien de bien impressionnant. Cette très modeste progression n’annonce pas nécessairement une résurrection.

Alors, quelle serait la planche de salut pour le Parti québécois ? Vaste question ! En existe-t-il seulement une ? Beaucoup de cadres péquistes l’ont déserté entre 2014 et 2018. Ils ne reviendront pas tous au bercail, loin de là.

Aucun rapprochement n’est envisageable avec les libéraux pour des motifs évidents d’incompatibilité constitutionnelle, pas davantage avec le Parti conservateur d’Éric Duhaime, réactionnaire et d’ailleurs fédéraliste.

Il reste dans l’avenir un hypothétique rapprochement avec Québec solidaire, lui aussi souverainiste. Mais ce dernier donne la priorité à l’axe gauche-droite sur celui indépendance-fédéralisme. De plus, son programme social est beaucoup plus radical que son équivalent péquiste.

Pourtant, il me semble que ce sont les deux partis d’opposition les moins éloignés l’un de l’autre sur certains plans ; et à eux deux, ils totalisent 29% du vote. Mais la volonté forcenée de Gabriel Nadeau-Dubois et de sa garde rapprochée de se poser en principal parti d’opposition officielle exclut l’hypothèse d’une alliance entre les deux formations politiques.

Mais si elles se rapprochaient, chacune y trouverait peut-être son compte. D’un côté, Québec solidaire pourrait profiter de l’expérience d’un parti à longue tradition de pouvoir et redonner une certaine vigueur au courant souverainiste freiné par une aile multiculturaliste qui lui aliène une partie non négligeable de l’électorat ; de l’autre, le Parti québécois renouerait avec une authentique orientation de gauche, un socialisme démocratique que ses directions successives ont jeté par-dessus bord depuis 1981. Ce processus le revigorerait.
Une voie à explorer en tout cas. Le véritable danger pour la CAQ réside peut-être là.

Jean-François Delisle

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