Édition du 23 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

La saignée sociale continue dans les zones franches du Nicaragua

Les 11 000 salarié.es de la zone franche de Gildàn, une des plus grands entreprises textiles (installée sur trois communes : San Marcos, Rivas et Jinotepe, dans le sud), renvoyé.e.s chez elles et chez eux le 23 mars en « vacances » forcées, ne reprendront pas le travail avant le 7 juin.

tiré de : Entre les lignes et les mots 2020 - n°18 - 25 avril : Notes de lecture, textes, pétitions, lien
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/04/22/pandemie-covid19-nicaragua-tunisie-egypte-roumanie-palestine-hong-kong-maghreb-inde/

Les dirigeants des « syndicats officiels » de l’entreprise ont communiqué au moyen de messages vocaux Whatsapp avec les ouvrier.ère.s : « Nous sommes parvenus à un accord [avec la direction] et à compter du 13 avril vous toucherez 50% de votre salaire en guise de don [sic !] de l’entreprise, qui dit qu’elle n’a ni matériels ni commandes pour continuer de travailler. » Le 25 mars, les syndicats pro-gouvernementaux ont signé un accord avec le patronat des zones franches (ANIT). Ce document, tout en prônant le respect des mesures sanitaires, autorise les employeurs à procéder à des ruptures de contrats de travail temporaires ou définitives, individuelles ou collectives, s’appuyant sur un article du Code du travail qui permet de renvoyer les salarié.es chez eux et elles avec seulement six jours de salaire en attendant la reprise.

Un des salariés réagit sur le site indépendant Confidencial : « Je suis soulagé parce que nous ne sommes pas licenciés, mais comment vivre avec à peine la moitié de mon salaire ? » Il touchera donc une aumône de 800 cordobas par semaine [l’équivalent de 23 dollars], alors que le panier de base mensuel (ensemble de produits alimentaires de base officiellement recensés) pour une famille de cinq personnes est estimé au Nicaragua à plus de 15 000 cordobas et l’inflation est permanente.

La dirigeante du Mouvement des femmes Maria Elena Cuadra, Sandra Ramos, qui défend notamment les ouvrières des maquilas, a rappelé que 2 775 personnes ont déjà été définitivement licenciées dans les zones franches en moins d’un mois. Dans la région de Leòn, la multinationale japonaise Yazaki a aussi arrêté la production depuis fin mars mettant 10 000 personnes au chômage technique avec seulement 50% du salaire.

Pendant ce temps-là, le gouvernement Ortega-Murillo continue dans le déni de la pandémie et de la terrible crise sociale qui s’abat sur le pays. Dans sa dernière apparition, après un mois d’autoconfinement dans son bunker personnel, le 15 avril, le président a encore répété que les pays les plus frappés ne sont pas « socialistes révolutionnaires » et que malgré la crise le Nicaragua continue de travailler : « Personne ne mourra de faim… » !

L’Articulation des mouvements sociaux du Nicaragua (AMS, regroupement d’organisations sociales, paysannes et féministes indépendantes) accuse le pouvoir du couple Ortega-Murillo de cacher les véritables chiffres de malades du Covid-19, d’intimider les médias qui tenteraient d’informer sur la question, de ne pas prendre de mesures pour les entrées et sorties du pays (notamment à la frontière avec le Costa Rica, où l’épidémie est forte) et surtout de n’instaurer ni respecter aucune mesure de précaution ou de confinement. L’eau potable et le savon sont rares dans ce pays. Le gouvernement en profite également pour continuer de réprimer toute contestation. La situation est très tendue dans les zones franches, avec des conditions sanitaires dangereuses.

http://www.laboursolidarity.org/La-saignee-sociale-continue-dans

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