Édition du 12 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Écologie

Opinion

McDonald : c’est du FAKE !

Le 5 mai dernier, j’ai eu la chance de me faire grincher les oreilles pendant toute la journée. Ce jour-là, Véronique Cloutier et son équipe radiophonique (que nous sommes forcés d’écouter à mon emploi) nous ont rappelé l’importance d’aller ingurgiter des Big Mac dans le cadre du grand McDon.

Pourquoi aller manger chez McDonald ce jour-là ? Pour faire preuve de générosité, pour aider les enfants dans le besoin (1$ sur chaque Big Mac allant aux Manoirs Ronald McDonald), parce que c’est « bon pour les autres » et pour y rencontrer des vedettes se démenant bénévolement pour vous servir votre surdose de gras, grands philanthropes-consommateurs que vous serez alors. Et comme le disait Véronique : « Plus on sera nombreux, plus il y aura de plaisir et plus il y aura de générosité ! »…

Vedettes ? J’ai bien dit vedettes : à un moment, la très svelte Marie-Chantal Toupin a même été interviewée par Véronique. Pourquoi ? Parce qu’elle était en train de préparer bénévolement des gros burgers derrière un comptoir, sans demander une cenne. Elle profita de l’interview pour nous rappeler à quel point il est préférable d’aller manger un gros Big Mac juteux, plutôt qu’un bon repas à la maison. « Amenez vos enfants ! Comme ça ils pourront aider d’autres enfants dans le besoin… » Par contre, ironie du sort, Marie-Chantal Toupin ne mange pas de gros Big Mac juteux ! À la question, imprévue, de Véronique, Marie-Chantal a été forcée de nous révéler qu’elle ne supporte pas le goût du Big Mac… Néanmoins, à chaque fois qu’elle voit quelqu’un en manger, elle serait déçue de ne pas en être capable… Nous la plaignons tous, évidemment…

Après cette entrevue, un mot résonnait dans ma tête : « FAKE ! » Cela m’a alors fait penser à une discussion que j’avais eue quelques semaines plus tôt avec une amie en quête de sens, artiste de surcroît ! Elle me disait que ce sentiment de fake la mettait mal-à-l’aise, la décourageait de s’impliquer socialement, politiquement… lui donnait l’impression que la réalité qu’on nous montre ne serait qu’illusion. À quoi bon s’impliquer pour quelque chose de faux ? Bonne question il me semble, lorsqu’on se préoccupe de la soit-disant dépolitisation des jeunes (qui ne vont plus voter), des tristes taux de suicide, de ces phénomènes de replis des jeunes dans la drogue, les jeux vidéo ou autres moyens d’évasion et d’oublis…

Ce qui m’a fait grincer des dents, c’est qu’on y vantait les soit-disant qualités d’une entreprise qui me semblait dégoûtante. N’oubliait-on pas de questionner le discours propagandiste, de rechercher la vérité derrière le spectacle du 5 mai ? Ne fermait-on pas les yeux sur l’exploitation des travailleurs (d’ici et d’ailleurs) ? Sur les dommages scandaleux à l’environnement ? Sur les problèmes liés à la sur-consommation de viande en Amérique du Nord (pollution pour la production et le transport, problèmes pour la santé humaine, notamment chez les enfants, inégalité dans la répartition des ressources alimentaire mondiales, etc.) ? Peut-on vraiment, honnêtement, parler de générosité lorsqu’il est question d’un si évident coup marketing ? Lorsqu’une âme charitable reçoit quelque chose en échange de son argent, est-ce un don, est-ce généreux ? N’est-ce pas plutôt un échange commercial ? Doit-on vanter les mérites de ce consommateur en particulier ?

L’hypocrisie mise de l’avant me semblait perverse, un véritable mépris pour les auditeurs de ce poste de radio. Conséquemment et dans le but de rectifier les faits, j’ai décidé de faire le travail qui n’a pas été fait : questionner le discours et rechercher la vérité. QU’EST-CE QUE NOUS CACHE McDONALD ? Voilà ce à quoi je vais maintenant tenter de répondre.

Dans ce premier article, il sera question de McDonald en lien avec les menaces pour la santé humaine et pour l’environnement. Dans un deuxième article, il sera davantage question d’impacts sociaux et de marketing.

La santé humaine

Nous ne passerons pas une éternité à rappeler tous les articles et les études sur les méfaits pour la santé découlant de la malbouffe et, évidemment, des produits vendus par McDonald en particulier. Néanmoins, voici quelques infos qui méritent d’être partagées.

En 2004, un article du Monde diplomatique [1]
nous apprenait qu’un phénomène biologique a lieu lorsqu’une personne consomme de la nourriture dépassant une certaine densité énergétique : la satiété, cette capacité du corps qui nous permet de savoir lorsque nous n’avons plus faim, est alors annulée. En d’autres mots, lorsqu’il y a trop de calorie, « le cerveau, perdu, n’arrive plus à calculer ce que le corps doit encore ingérer pour couvrir ses besoins ». Conclusion : « plus les produits sont caloriques, moins ils induisent la satiété, et, donc plus ils incitent à continuer à consommer ». Serait-ce pour cette raison que les produits de chez McDonald sont à très haute densité énergétique ?

Évidemment, McDonald sait très bien que ce qu’elle vend est mauvais pour la santé. L’entreprise comprend aussi que ces critiques et révélations sur la malbouffe risquent de lui faire mal. Dès 2002, McDonald commence à offrir des produits moins gras et tente de nous faire croire qu’elle prend un virage pour notre santé. Mais comme nous le fait remarquer à ce moment-là Le Devoir [2]
, la mesure vise moins à améliorer la qualité des produits vendus qu’à « attirer les consommateurs canadiens plus réticents à se taper un Big Mac et des frites ». Le journaliste explique ainsi la stratégie : « pendant que junior mord dans son humburger fromage et engloutit ses frites, ses parents peuvent manger une salade, l’esprit tranquille ». Pourquoi agir ainsi ? « Parce qu’ils ont intérêt à le faire », évidemment. Et bien sûr, la position de l’entreprise est plus positive : « [nos clients] sont très actifs et ont besoin de solutions pratiques et rapides pour faire de bons choix en matière d’alimentation ». L’expression est lancée : « FAIRE DE BONS CHOIX ».

En 2005 fut reçue et acceptée pour la première fois une plainte contre McDonald, accusé d’avoir causé des problèmes de santé à deux adolescentes. Cette affaire est compliquée, à cause du débat entre « responsabilité individuelle sur le mode d’alimentation et responsabilité d’une entreprise dont la communication est axée sur les enfants » [3]. Les journalistes se demandent alors si McDonald ne devrait pas « mettre en garde [les consommateurs, surtout les enfants] sur ses propres produits ? »

Mais à propos, lorsqu’il est question d’une épidémie d’obésité, de quoi parle-t-on exactement ? Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [4], la meilleure unité de mesure du poids est l’indice de masse corporelle (IMC), correspondant « au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2 ». Le surpoids survient lorsque l’IMC dépasse 25, puis est obèse la personne dont l’IMC est supérieure à 30. En 2005, 1.6 milliard d’adultes (15 ans et plus) souffraient de surpoids et plus de 400 millions d’adultes souffraient d’obésité. L’épidémie étant en pleine croissance, l’OMS prévoit que ces chiffres augmenteront respectivement à 2.3 milliards (surpoids) et à 700 millions (obésité) d’ici 2015. Rajoutons à ces chiffres qu’en 2005 plus de « 20 millions d’enfants de moins de cinq ans avaient un surpoids ». Cette épidémie est aussi présente dans les pays pauvres, particulièrement dans les milieux urbains. Selon l’OMS, « la cause fondamentale de l’obésité et du surpoids est un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées », puis deux facteurs sont identifiés : le manque d’exercice physique dû à notre sédentarité grandissante, puis « un changement d’alimentation observé à l’échelle mondiale : une plus grande consommation d’aliments très caloriques riches en graisses et en sucres mais pauvres en vitamines, en minéraux et autres micronutriments ». Ces problèmes de poids font en sorte que les maladies cardiovasculaires « sont déjà la première cause de décès dans le monde » et que le diabète a maintenant « pris les proportions d’une épidémie mondiale ».

L’OMS recommande plusieurs mesures pour réduire l’obésité (équilibrer son apport énergétique, consommer moins de graisses, consommer moins de graisses saturées, consommer moins de sucre, faire plus d’exercice, etc.), mais précise que « la mise en œuvre de ces recommandations demande un engagement politique permanent et une collaboration entre de nombreux acteurs des secteurs public et privé ». L’organisme onusien rappelle finalement l’importance d’offrir de bons produits alimentaires aux enfants qui sont vulnérables, car ils « ont peu de choix concernant la nourriture qu’ils consomment et l’environnement dans lequel ils vivent », tout en réduisant « la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés et la taille des portions [… et] revoir les pratiques actuelles de commercialisation » (en coopération avec l’industrie agroalimentaire, il faut bien le préciser).

Connaissant maintenant l’état de l’épidémie d’obésité et les principaux facteurs la causant, tout en prenant conscience de l’impact particulier sur les enfants (20 millions, parmi les moins de 5 ans, souffrant de surpoids), le 0.10$ offert aux Manoirs Ronald McDonald pour la vente d’un Joyeux Festin (Happy Meal) [5]
semble bien insignifiant, voire quelque peu hypocrite : un gros coup de marketing ? On peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux fermer boutique, au nom de la santé des futures générations…

Mais dans tout cela, quelle est la part de responsabilité attribuable directement à McDonald ? Laissons l’entreprise de restauration rapide y répondre elle-même ! En 2007, Steve Easterbrook, chief executive of McDonald’s au Royaume-Uni affirmait ceci (traduction libre) [6] : « je ne sais pas qui blâmer » et aussi « la question de l’obésité est complexe et notre société doit absolument y faire face, il n’y a aucun déni à ce sujet, mais si on scrute la question plus précisément je crois qu’il y est question d’éducation : comment peut-on mieux communiquer aux INDIVIDUS l’importance d’une diète balancée et de mieux faire attention à soi ? Aussi il y a un élément de mode de vie : il y a moins d’espace vert et les enfants sont assis à la maison en train de jouer à des jeux d’ordinateur sur la TV alors qu’avant ils brûlaient de l’énergie à l’extérieure… » Puis il rajoute : « Je ne crois pas qu’il y ait une définition pour ce qui est soit une nourriture mauvaise pour la santé soit une nourriture bonne pour la santé, mais il y a des diètes mauvaises pour la santé et des diètes bonnes pour la santé. » Donc, la solution : « provide more options for people ». On constate donc que monsieur Easterbrook a très bien retenu le message, en entier, de l’OMS.

L’environnement

Maintenant, parlons de ce qui est le plus à la mode chez les entreprises privées ces temps-ci : le GREENWASHING (aussi appelé Green Marketing, ou comment faire croire qu’une entreprise est devenue verte…). C’est vendeur après tout !

McDonald au Royaume-Uni a une magnifique « Environmental Policy » [7] qui en dit long : on y apprend premièrement que l’entreprise « s’efforce d’assurer que ses opérations d’aujourd’hui n’auront pas un impact négatif sur les vies des prochaines générations », ce qui est théoriquement une fort bonne idée, surtout que la corporation se présente comme étant la « best family restaurant » du Royaume-Uni. Ensuite, la compagnie affirme qu’elle va « obéir à toutes les législations actuelles et qu’elle agira, lorsque c’est possible, en anticipant les futures législations environnementales », ce qui semble encore une fois fort sensé. Malheureusement, dans une société capitaliste, où l’intérêt premier d’une entreprise à action est de satisfaire ses actionnaires (en faisant des profits pour que la valeur de l’action monte), il peut arriver qu’on ferme quelques peu les yeux sur ces politiques et sur les grands idéaux, seraient-ils acceptés par 90% de la population (ie : ceux qui ne possèdent pas d’actions, souvent par manque de moyens financiers, donc qui ne font pas partie de l’élite qui contrôle l’ensemble des moyens de production et influence grandement la société…). Vous en doutez ?

En 2006, Greenpeace faisait paraître une énorme étude intitulée « Eating Up The Amazon » [8] traitant du désastre environnemental menaçant la forêt amazonienne, coupée en bonne partie pour y construire des fermes industrielles. Dans cette étude, Greenpeace démontre que McDonald est directement liée à la destruction de l’un des écosystèmes les plus importants au monde. Voici un résumé (tout de même assez long, vous m’en excuserez, l’étude originale faisant plus de 60 pages) de ce qu’à découvert Greenpeace, concernant directement ou indirectement McDonald.

Premièrement, qu’est-ce que la forêt amazonienne ? Cette région est l’une des plus biodiversifiée au monde, comprenant par exemple 10% de tous les mammifères et 15% des espèces végétales. On y retrouve plus de 300 espèces d’arbres dans un seul hectare de territoire ! Aussi, cette forêt est l’hôte d’au moins 220 000 indigènes, regroupés au sein de 180 nations, vivant dans des communautés au mode de vie traditionnel et dépendant des ressources que la Nature leur offre.

Deuxièmement, ce milieu naturel est présentement en danger à cause de la déforestation ILLÉGALE. Cette déforestation vise à permettre l’implantation de fermes industrielles de soya, sur des terres dont la durée de vie agricole est limitée à quelques années seulement. Cette déforestation et cette agriculture industrielle sont dirigées et financées soit par de grandes multinationales ayant leur siège social aux USA (ex : Bunge, Archer Daniels Midland (ADM) et surtout Cargill), soit par les grandes institutions financières internationales, fortement contrôlées par les USA (le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), etc.). Ces entreprises construisent des routes illégales s’enfonçant dans la jungle, dépassent le ratio d’arbres coupés par hectare de jungle, détruisent des espèces végétales protégées (notamment les arbres à noix du Brésil !), construisent des silos illégaux pour entreposer les récoltes des agriculteurs… et Cargill a même construit un port en toute illégalité, sans obéir aux injonctions des cours de justice du Brésil, leur ordonnant notamment de réaliser des études d’impacts environnementaux (le gouvernement tente de démanteler le port depuis plusieurs années). Au Brésil, l’agriculture industrielle c’est du sérieux !

Troisièmement, cette déforestation et l’agriculture industrielle ont d’importantes conséquences sociales et environnementales. Le Brésil est, depuis l’an 2000, le 4e plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES). Pourquoi ? Parce qu’une énorme quantité de GES est contenue dans les arbres et les végétaux. Une fois coupé, brûlé ou asséché, ces milieux rejètent les GES dans l’atmosphère (le même phénomène survient, au Québec, lorsqu’on détruit une tourbière, l’un des milieux naturels recueillant le plus de GES par volume). En plus, ces milieux ayant une durée de vie agricole très faible, après à peine quelques années les sols sont trop appauvris et les agriculteurs déménagent tout simplement leur ferme ailleurs (voilà un bon exemple de développement durable !). Aussi, l’agriculture industrielle oblige les agriculteurs à faire usage d’une très grande quantité de pesticide pour la monoculture. Ces pesticides se répandent dans les rivières et la nappe phréatique, empoisonnant plus de 150 000 personnes par année et contaminant des territoires beaucoup plus larges que ceux utilisés pour l’agriculture : des parcs nationaux et des territoires protégés sont progressivement contaminés et brûlés par ces agents toxiques qui tuent toutes les plantes, sans exception, sauf celles génétiquement modifiées pour y résister. Et justement, Greenpeace craint aussi de voir ces organismes génétiquement modifiés se répandre un peu partout dans la jungle, risquant de déstabiliser davantage le milieu.

Quatrièmement, pour faciliter la compréhension du cycle de la production, du transport et de la consommation du soya produit illégalement et d’une façon très peu responsable, Greenpeace a décidé de préciser le lien entre McDonald, l’un des plus grand acheteur de ce soya, et l’entreprise Cargill, parmi les plus importants producteurs et distributeurs de soya du Brésil. Cargill est la plus grand firme privée aux USA, avec un chiffre d’affaires de 63 milliards de $ en 2003 : c’est le plus grand distributeur de graines et le principal acteur du réseau mondial de l’alimentation. Le Brésil est la première source de revenus de Cargill en dehors des USA. Cargill construit des routes illégales et a même construit le port illégal dont il a été question précédemment. Cargill est particulièrement présente dans la région de Santarém, où elle achète le soya produit par les frères Cortezia, sur des terres acquises illégalement. La quasi-totalité du soya exporté du Brésil par Cargill est destiné au marché européen (et en passant, environ 15% du soya consommé en Europe provient de la seule région du Mato Grosso, où commence la jungle légère (thick jungle)). Malheureusement pour McDonald (et une trentaine d’entreprises aussi questionnées), l’entreprise est incapable de préciser la provenance du soya utilisé pour nourrir ses animaux (les poulets servant à confectionner les McCroquette). Ce faisant, McDonald n’a aucune idée de combien de soya en provenance de l’Amazonie elle achète annuellement.

Cinquièmement, il est intéressant de noter que McDonald s’est pourtant doté d’une politique de distribution responsable affirmant : « La biodiversité est la somme de toute la vie sur Terre… La nourriture et les systèmes de production agricole devraient protéger les espèces natives et la biodiversité en préservant les habitants naturels ». Aussi, dans un document interne datant de 2004, la compagnie affirmait que la mission de McDonald inclut de « protéger l’environnement tant au niveau local que global. Nous nous efforçons de nous assurer que nos opérations n’ont pas d’impacts négatifs sur les vies des générations futures. […] La préservation des terres de la forêt tropicale est d’une priorité totale chez McDonald’s. » Pourtant, le schéma du soya au Royaume-Uni, l’un des pays consommant le soya de la Cargill, est d’une limpidité : le soya est produit illégalement et d’une façon non-responsable dans la forêt amazonienne, est ensuite entreposé dans des silos et dans un port illégal de la compagnie Cargill, les navires déchargent le soya au port de Liverpool en Angleterre, le soya est ensuite acheté par la compagnie Sun Valley pour nourrir ses poulets, poulets qui sont ensuite achetés par McDonald pour confectionner les McCroquettes. Sun Valley est le principal fournisseur de poulet pour McDonald en Europe et en Angleterre. Greenpeace en conclue donc que l’entreprise est clairement complice d’une crime à répercussions mondiales. Aussi, en mars 2006, une étude publiée dans la revue Nature estimait qu’en 2050, 40% de la forêt amazonienne serait détruite, ce qui contribuera massivement au changements climatiques. Tout ceci ayant été démontré, vous permettrez à Greenpeace de poser la question : est-ce un comportement responsable ou du greenwashing ?

En complément, provenant d’une autre source [9], une étude en 2006 démontrait que la production d’un seul cheeseburger de McDonald nécessitait la libération dans l’atmosphère de 3.1 kg de CO2 (un GES) ! En plus des centaines de tonnes de déchets qui se retrouvent au dépotoir annuellement, ça commence à faire beaucoup seulement pour pouvoir manger dans son auto et être servis en moins d’une minute…

Mais ne vous en faîtes pas, car McDonald étant consciente de l’importance de protéger l’environnement, elle a trouvé la solution pour tout régler : fermer les lumières pendant une heure COMPLÈTE lors du Jour de la Terre !

Vous riez aux éclats ? Tant que vous n’êtes pas en position fœtale dans un coin de mur en train de pleurer, ça me va. Continuons.

Effectivement, depuis 2008 [10]
, donc pour la 3e année de suite, l’entreprise de restauration socialement responsable a décidé de fermer ses lumières pendant une heure, lors du Jours de la Terre (le 27 mars), comme Hubert Reeves ou Jacques Languirand nous le suggèrent à chaque fois. Ce faisant, McDonald Canada aura permis d’économiser plus de 10 000 kWh en 2010, soit la « consommation en électricité d’une famille canadienne moyenne ». Un sacrifice des plus vertueux.

Malheureusement, l’entreprise philanthropique oublie de préciser qu’en 2007, la première année où s’est tenu le Jour de la Terre (en Australie), McDonald se vantait d’avoir fait équiper ses 900 restaurants de la France d’un climatiseur [11], un exemple parmi tant d’autres… Combien de millier de fois plus d’énergie cette initiative aura-t-elle permis de gaspiller (en plus que ces climatiseurs contiennent des gaz néfastes qui finissent par se répandre dans l’atmosphère) ? Sachant qu’il y a des méthodes bien plus responsables pour abaisser la température d’un bâtiment, notamment la géothermie (qui permet aussi de le réchauffer en hiver), peut-on honnêtement considérer que cette décision de McDonald est socialement responsable ? N’est-ce pas plutôt un coup marketing pour attirer plus de clients avec la fraîcheur, faire plus de profits et satisfaire la faim des actionnaires ?

La filiale française de McDonald a récemment annoncé que ses 900 restaurants n’utiliseront que de l’énergie propre dès 2010… En plus d’en attendre la démonstration, on peut se demander si les 30 000 autres restaurants de l’entreprise seront eux aussi convertis prochainement, les changements climatiques étant globaux ? Ces modifications technologiques équivalent-elles à la part de responsabilité de l’entreprise dans la destruction de la forêt amazonienne ? Vaut-il mieux consommer toujours plus d’énergie, mais provenant d’une source renouvelable (à noter que fabriquer un panneau solaire ou une éolienne crée des coûts pour l’environnement), ou serait-il préférable de modifier notre mode de vie pour simplement consommer moins d’énergie ? Respecter l’environnement se résume-t-il à consommer moins d’énergie ?

Conclusion

Ainsi se termine la première partie de cette étude. J’ai tenté d’y démontrer la nuisance et l’hypocrisie de l’entreprise McDonald, tant sur le plan de la santé humaine que de l’environnement. Je crois y être amplement parvenu.

Dans mon prochain article, j’aborderai les impacts sociaux de l’entreprise, ainsi que l’importance de la publicité et des autres formes de manipulations du consommateur dont elle fait usage pour parvenir à vendre ses produits. Une conclusion permettra ensuite de lancer une réflexion sur comment les citoyens et l’État peuvent intervenir pour arrêter McDonald ou pour l’obliger à devenir socialement acceptable.

Jean-Nicolas Denis
Citoyen du Québec


[1Philippe FROGUEL (Directeur de recherche au CNRS) et Catherine SMADJA (Administratrice civile, détachée auprès du ministère britannique de la culture, de la communication et du sport), « L’obésité au bout du repas », Monde diplomatique, décembre 2004, [En ligne],
URL : http://www.monde-diplomatique.fr/2004/12/FROGUEL/11718

[2Valérie DUFOUR, « McDonald tente de prendre le virage santé », Le Devoir, 12 juin 2002, [En ligne],
URL : http://www.ledevoir.com/societe/sante/3408/mcdonald-tente-de-prendre-le-virage-sante

[3A.C. HUSSON, « Obèses contre Mc Donald’s : plainte recevable », Novethic, 27 janvier 2005, [En ligne],
URL : http://www.novethic.fr/novethic/entreprise/pratiques_commerciales/marketing/obeses_contre_mc_donald_s_plainte_recevable/88200.jsp

[4WHO Media centre, « Obésité et surpoids – Que sont l’obésité et le surpoids ? – Aide-mémoire No 311 », OMS, [En ligne],
URL : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs311/fr/index.html

[5Guy BENJAMIN, « Le Manoir McDonald s’agrandit », Cyberpresse, 7 octobre 2009, [En ligne],
URL : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/sante/200910/07/01-909311-le-manoir-mcdonald-sagrandit.php

[6Steve HAWKES, « Big Macs and healthy profits – how the fast food giant fought back », Times, 7 janvier 2008, [En ligne],
URL : http://business.timesonline.co.uk/tol/business/movers_and_shakers/article3142221.ece

[7McDonald’s Corporation, « Environmental Policy », filiale du Royaume-Uni, [En ligne],
URL : http://www.mcdonalds.co.uk/static/pdf/ourworld/Environmental_Booklet_June_2009.pdf

[8GREENPEACE, « Eating Up The Amazon », avril 2006, [En ligne],
URL : http://www.greenpeace.org/international/Global/international/planet-2/report/2006/7/eating-up-the-amazon.pdf

[9Elizabeth DAY, « McDonald’s seeks to cut cow’s methane emissions », The Observer, 10 janvier 2010, [En ligne],
URL : http://www.guardian.co.uk/environment/2010/jan/10/mcdonalds-methane-emissions-cattle

[10« McDonald’s sensible aux changements climatiques », La Nouvelle, 17 mars 2010, [En ligne],
URL : http://www.lanouvelle.net/article-441089-McDonalds-sensible-aux-changements-climatiques.html

[11« Carton rouge à Mc Donald’s », Terra-Économica, 21 juillet 2007, [En ligne],
URL : http://www.terra-economica.info/a-Mc-Donald-s,200.html

Jean-Nicolas Denis

Université Laval - Baccalauréat Intégré
Philosophie et Science politique

Membre de Québec solidaire ULaval et Lévis

Sur le même thème : Écologie

Sur le même thème : Opinion

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...