Tourné en pleine crise économique des années trente (1936 pour être plus précis), Chaplin ne sombre ni dans la description d’un tableau sans issue, ni non plus dans l’apologie révolutionnaire. Au contraire, on retrouve dans ce film une quantité impressionnante de gags directement sortis de l’imagination humoristique débordante de Chaplin, ainsi qu’un dénouement ouvert pour les personnes qui se perçoivent ni en victimes, ni en révolutionnaires.
Ce film rassemble plusieurs situations. Nous voyons d’abord Charlot assujetti au rythme infernal de la machine industrielle. Il finit par détraquer et perd son emploi. Une fois revenu à la raison, il fait la rencontre d’une gamine orpheline complètement démunie. Pour subvenir à leurs besoins, il devient veilleur de nuit dans un grand magasin de luxe où une infraction est commise. Suite à ce cambriolage, Charlot sera emprisonné. À sa sortie de prison, malgré son indiscutable gaucherie, la gamine le fait embaucher dans un restaurant à titre de serveur-chantant. C’est dans cette partie du film qu’on entend, pour la première fois à l’écran, la voix de Charlot qui baragouine les paroles d’une chanson dans un mélange de langues latines. La gamine, est recherchée par la police pour vagabondage. Deux policiers la mettent en état d’arrestation. Charlot l’aidera à s’échapper. Le film se clôt sur une image dans laquelle nous voyons les deux tourtereaux qui prennent la route qui les mènera là où les guidera leur débrouillardise.
Certaines scènes de ce film sont passées à la postérité tant elles sont hilarantes. Nous pensons ici à ce passage où Charlot veut rendre le drapeau rouge à un camion qui l’a perdu. Il se retrouve, à son insu, à la tête d’une manifestation d’ouvriers en colère ; la séquence des boulons et des boutons sur la robe de deux figurantes ; la machine à manger, etc.
Ce film est incontestablement une critique artistique du travail aliénant dans la société industrielle. Il a été interdit dans l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini. Il a été dénoncé, par certains conservateurs américains, comme étant une œuvre cinématographique de « propagande communiste ».
Yvan Perrier
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