Édition du 26 mars 2024

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Solidarité sans frontières exige que la Ville de Montréal mette en place des mesures tangibles et efficaces pour une « Cité sanctuaire »

La Ville de Montréal et le maire Coderre doivent aller au-delà des gestes symboliques et des déclarations : il est impératif que le SPVM cesse de collaborer avec l’agence des services frontaliers du Canada (ASFC)

Après avoir annoncé un débat au conseil municipal pour faire de Montréal une ville sanctuaire, le maire de Montréal, Denis Coderre, a déclaré qu’une annonce serait faite à ce sujet en début de semaine prochaine, mardi ou mercredi. Au-delà des déclarations, Solidarité sans frontières exige que la Ville de Montréal mette en place des mesures tangibles et efficaces pour faire de Montréal une véritable ville sanctuaire, basée sur la solidarité avec les personnes sans statut, garantissant leur accès aux droits fondamentaux et services municipaux, et ce de manière claire et sécuritaire.

Déclarer Montréal « ville sanctuaire » est pourtant loin d’être une mesure suffisante.

« La ville de Montréal a besoin d’aller au-delà d’un geste symbolique et doit prendre des mesures tangibles pour s’assurer qu’elle ne coopère pas avec l’agence des services frontaliers du Canada (ASFC), pour empêcher les déportations et s’assurer que les personnes sans-papiers aient accès sans crainte aux services essentiels, tels que les soins de santé, d’éducation et de logement. » a déclaré Stacey Gomez, une organisatrice communautaire qui milite avec Solidarité sans frontières, une organisation de justice pour les migrants fondée à Montréal en 2004.

Depuis 2009, Solidarité sans frontières milite activement pour faire de Montréal une « Cité sans frontières ». Inspirée en partie par les villes sanctuaires aux États-Unis, Solidarité sans frontières privilégie l’organisation autonome des personnes sans-papiers qui résiste aux déportations, aux détentions, qui créent et maintiennent un réseau d’entraide et de soutien.

À ce jour, plus d’une soixantaine d’organisations ont signé la déclaration pour une Cité sans frontières, à travers laquelle elles s’engagent collectivement :

–     à ne jamais demander d’information à propos du statut d’immigration ;

–     à traiter de façon strictement confidentielle les informations concernant les statuts d’immigration qu’elles auraient en leur possession et à ne jamais partager ces information avec les autorités et les agences gouvernementales ;

–     à ne pas exiger de frais sur la base du statut d’immigration ;

–     à mettre en œuvre une politique de non-coopération avec l’Agence des services frontaliers, notamment en refusant leur présence dans leurs lieux ;

–     à s’assurer que toute personne travaillant chez eux et dans leur communauté ait accès aux normes de travail et aux autres droits humains, quel que soit son statut migratoire.

Pour Solidarité sans frontières, la Déclaration pour une Cité sans frontières est un modèle de référence de ce que Montréal devrait faire si elle décide de devenir une véritable ville-sanctuaire.

L’un des principes essentiels de cette déclaration porte sur la non-collaboration de la police de Montréal (SPVM) avec l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). La ville de Montréal a une autorité directe sur le SPVM qui, chaque jour, arrête et envoie des migrants sans-papiers à l’ASFC. Cela constitue une violation flagrante de ce que devrait être une ville sanctuaire.

« Si plus d’une soixantaine d’organismes communautaires montréalais ont déjà accepté de ne pas coopérer avec l’ASFC, alors une « Cité sans frontières », ou « ville sanctuaire » doit faire de même, y compris en interdisant la présence d’agents frontaliers dans tous les locaux de la ville », déclare Jaggi Singh, organisateur avec Solidarité sans frontières.

Dans le cadre de sa campagne Cité sans frontières, Solidarité sans frontières a exigé l’accès gratuit aux écoles primaires et secondaires, ainsi qu’aux hôpitaux, cliniques et autres services destinés aux sans-papiers. À titre d’exemple, les enfants sans papiers n’ont toujours pas accès à l’enseignement primaire et secondaire gratuit et les sans-papiers n’ont pas accès aux services de santé par peur de se faire déporter ou par manque de fonds.

On dénombre au moins 50 000 sans-papiers à Montréal et il est probable que cette population, largement invisible, soit en réalité beaucoup plus importante.

Au-delà de la non-coopération totale et absolue avec l’ASFC, Solidarité sans frontières souligne que le statut de migrants sans papiers est créé par des politiques économiques et sociales injustes et fondées sur l’exploitation d’autrui. En conséquence, Solidarité sans frontières réaffirme ses revendications principales pour l’arrêt immédiat des déportations, des détentions et des mesures de double peine, et plaide pour la mise en place d’un programme de régularisation inclusif, complet et continu pour le demi-million de sans-papiers qui vivent au Canada.

« En définitive, nous devons tirer parti de la tradition de lutte et de résistance de diverses communautés populaires, immigrantes et opprimées à Montréal et devenir une ville rebelle qui exige l’ouverture des frontières et un statut pour tous et toutes », dit Singh.

« Sans une pression populaire de base, les politiciens opportunistes se contenteront de symboles vides, de gestes et de photos de façade », ajoute Gomez.

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