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Déchets radioactifs : autour de Chalk-River, au Canada, la résistance s'amplifie aussi

La nucléocratie internationale, dans le droit fil de son lobby mondial AIEA, a dans chaque pays nucléarisé une capacité à pipeauter la population et manipuler les gouvernants. On retrouve ainsi en France ou au Canada/Québec les mêmes types de faux arguments pour renforcer l’écran de fumée derrière lequel les fanatiques de la destruction atomique dissimulent leur pouvoir exorbitant et leurs mauvais coups. Cette caste qui tient entre ses mains les rênes de la destinée mondiale et de chacun-e est une tambouille de mépris pour le commun des mortels, d’arrogance et de despotisme, d’entre-soi et de connivences, de pratiques antidémocratiques et autoritaires, de soudoiement des esprits et d’affidé-es tenu-es à la gorge par de petits avantages honteux. Au Canada et au Québec, la Résistance à cette mafia s’organise et lutte aussi, comme en France à Bure et ailleurs...

tiré de : [news_coordination_antinucleaire_sudest] la lettre d’information de la Coordination antinucléaire du sud-es
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2019/07/30/D%C3%A9chets-radioactifs-%3A-la-r%C3%A9sitance-s-amplifie-au-Qu%C3%A9bec-aussi

Par Rédaction le mardi 30 juillet 2019,

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En cette fin juillet 2019, les opposants au projet de dépotoir de déchets atomiques à Chalk River (1) à 180 km à l’ouest d’Ottawa, en Ontario, ne baissent pas les bras. L’opposition aux « installations de gestion des déchets près de la surface » selon le jargon officiel, prend même de l’ampleur. Ils viennent d’organiser une manifestation nautique sur la rivière des Outaouais menacée de contamination radioactive et de pollution chimico-nucléaire, tout comme le fleuve Saint-Laurent un peu plus loin du côté du Québec, par le plus vieux laboratoire de recherche nucléaire du Canada qui vise son extension en une poubelle atomique géante, digne de celle qu’en France à Bure la nucléosphère fascisante veut imposer. L’exploitant atomiste veut y stocker un million de mètres cubes de déchets radioactifs de faible et moyenne intensité, déposés sur les flancs d’une colline, répartis dans dix cellules et "pas enfouis profondément sous terre". Autrement dit en sub-surface. Une fois rempli, le monticule sera recouvert d’une géomembrane. Un peu comme le monticule illégal et sauvage qui fuit du Commissariat à l’Energie Atomique au Tricastin le long du canal de Donzère-Mondragon.

12 embarcations contre une colline artificielle radioactive mortelle en sub-surface

2019-07-25_bateaux-chalk-river-manifestation.png Des Québécois et des Ontariens se sont mobilisés à bord d’une douzaine d’embarcations pour dénoncer, entre autres, le danger potentiel que représente l’entassement de déchets radioactifs, sous forme d’un monticule de 18 mètres de haut (5 étages) et d’une superficie de 16 hectares, tant pour la santé du cours d’eau que pour la population et l’environnement. Cette poubelle/dépotoir, souhaitée et voulue ardemment par les nucléocrates canadiens, se trouvera à moins d’un kilomètre de la rivière des Outaouais. Une fuite banale du dépotoir pourrait contaminer la source d’eau potable de milliers de personnes dans la région et même bien au-delà. "Ça touche des gens d’ici jusqu’à Ottawa, jusqu’à Montréal. Il y a deux millions de personnes qui dépendent de la rivière", dénonce ainsi Eva Schacherl, de la "Coalition contre les dépotoirs nucléaires sur la rivière des Outaouais".

Les risques dépassent largement les bénéfices supposés mis en avant par les promoteurs de cette monstruosité. Au point de faire la quasi unanimité contre lui. Ainsi, au printemps 2018, les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (1) ont souligné leur opposition au projet qui pourrait toucher le fleuve Saint-Laurent dans lequel se jette la rivière des Outaouais. Comble de la perversion des nucléocrates et experts : le monticule serait entouré d’eau car, en plus de la rivière des Outaouais, il y a le lac et le ruisseau Perch, des marais et des marécages à proximité. Or comme le dit le physicien nucléaire David Boilley : " l’eau est l’ennemi numéro un des déchets radioactifs. Beaucoup d’éléments [radioactifs] sont solubles dans l’eau ; et donc l’eau va finir par [emporter] tout doucement certains radioéléments et les faire sortir du [site de stockage]. Le pire qui puisse arriver à un déchet radioactif, c’est de baigner dans l’eau."

Chalk River : le "La Hague" et "Marcoule" canadien

2019-07-25_chalk-river-panache-animation.gif. Le site de Chalk River comprend déjà plusieurs fosses où sont entreposés des déchets radioactifs. Il s’agit principalement de débris de construction provenant de la démolition d’une centaine de vieux laboratoires datant de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Construites dans les années 50 elles ont servi à entreposer des déchets nucléaires. Des panaches mortels de strontium 90 et de tritium s’échappent de celles-ci et contaminent la terre alentour. Si le projet est approuvé, le site de déchets radioactifs River pourrait être opérationnel dès 2020. Le monticule abritera donc aussi de la terre contaminée venant de ces huit panaches radioactifs s’échappant des fosses .

Et pour quelques 370 millions de dollars on va aussi tenter de faire passer la pilule sous le vocable de ’Centre de recherche avancée sur les matières nucléaires". Ce CRAMN, dont la construction devait débuter en 2019, se veut être l’une des plus importantes installations de recherche active jamais construites au Canada, selon les LCN. Et, tout comme le discours servit en France par Areva-Orano et les gouvernements successifs : "Il permettra des recherches de calibre mondial dans les domaines de l’énergie nucléaire, de la santé publique, de l’intendance environnementale et de la sécurité mondiale. Et la revitalisation du campus des Laboratoires de Chalk River vise à positionner les LNC comme le chef de file mondial en science et technologie nucléaire, transformant le site en un laboratoire nucléaire national durable de classe mondiale. Une fois terminée, l’installation permettra d’élaborer nos programmes de recherche, de pénétrer de nouveaux marchés internationaux et d’ajouter des capacités pour mieux répondre aux besoins de nos clients fédéraux, universitaires et commerciaux », martèle le président et chef de la direction des LNC, Mark Lesinski. Fier de ses saloperies, il poursuit : "de nouvelles installations blindées permettront l’examen post-irradiation des petits réacteurs modulaires et des combustibles nucléaires de prochaine génération, ainsi que des installations avec des boîtes à gants pour soutenir l’élaboration de concepts avancés de fabrication de combustible." Mêmes délires, même discours, mêmes stratégies. Gaffe LNC, en se calquant sur Areva : la faillite est en vue.

Le mythe de la course commerciale à la relance du nucléaire

2019-07-25_chalk-river-animation.gif Mais au Canada il en est comme en France : "les services fournis par le CRAMN seront essentiels à la prolongation de la durée de vie et à la fiabilité à long terme des réacteurs existants, dont le parc canadien de réacteurs nucléaires CANDU et des réacteurs d’autres conceptions installés ailleurs dans le monde. Cela fait partie du processus de transformation du site des Laboratoires de Chalk River sur 10 ans, qui sera financé grâce à un investissement de 1,2 milliard de dollars d’Énergie atomique du Canada limitée, au nom du gouvernement du Canada, pour moderniser le campus." Au nom du gouvernement du Canada, donc des contribuables. Les citoyens devront assumer les risques financiers de cette folie après y avoir perdu la santé et leurs biens.

Et les politiciens annoncent, tels de vulgaires Macron, la couleur : « L’investissement du gouvernement visant à renouveler l’infrastructure des laboratoires nucléaires de Chalk River contribuera aux activités de science et technologie nucléaire de classe mondiale », déclare ainsi le ministre des "Ressources naturelles du Canada", Jim Carr, qui poursuit « Les plans de revitalisation des LNC contribueront à façonner nos futurs succès nucléaires et le rôle de l’industrie dans notre transition vers une économie à faible émission de carbone ». Mêmes manipulations.

Les Algonquins en lutte contre l’horreur nucléaire

Déjà en janvier 2018, l’audience publique de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) s’était ouverte sur fond de tensions à Pembroke, en Ontario. Les Algonquins de l’Ontario estiment qu’ils n’ont pas été assez consultés par rapport au renouvellement du permis d’exploitation des Laboratoires Nucléaires canadiens (LNC) à Chalk River. Si la licence lui était accordée, les LCN pourraient exploiter ces laboratoires jusqu’au 1er avril 2028. Dès le début des discussions, la CCSN faisait savoir que les LNC répondaient aux réglementations environnementales et il avait recommandé que la licence soit accordée. La directrice de l’agence fédérale CCSN, Haidy Tadros, concluant que les LNC, qualifiés pour mener les activités autorisées par la licence, devront "mener ces activités en prenant des mesures pour protéger l’environnement, la santé et la sécurité des personnes ». On croirait entendre l’Autorité de Sûreté Nucléaire de France.

2018_manifestation_Algonquins.jpg Pour la représente des Algonquins de l’Ontario, Lynn Clouthier, la conformité aux règlements (établie par la nucléocratie) ne devrait pas être le seul critère pour évaluer la demande des LNC. D’autant que la communauté algonquine n’a pas été suffisamment consultée et qu’elle pose comme préalable que les LCN soient tenus de consulter les communautés autochtones. « Les Algonquins ont le droit de participer à prendre les meilleures décisions possible pour protéger la Terre-Mère [...] Nous voulons une véritable consultation », a-t-elle affirmé, rappelant les engagements du gouvernement Trudeau envers les communautés autochtones de partout au pays.

Plusieurs groupes de citoyens, dont des groupes autochtones, s’étaient déjà regroupés dans le courant 2018 devant le Parlement du Canada pour exprimer leur désaccord face au projet et au permis. Pendant trois jours, des représentants de communautés autochtones, des groupes environnementaux, des experts ainsi que des acteurs politiques ont débattu de la demande des LNC. Le Caucus Iroquois, la Nation Anishinabek et la Nation métisse de l’Ontario ont présenté un mémoire à l’audience.

Les représentants de l’exploitant atomiste LNC ont osé réitérer leur préoccupation pour la sécurité des habitants de la région en s’engageant à poursuivre leurs recherches contre le cancer et à moderniser leurs infrastructures s’ils obtenaient la licence.Mais que peuvent valoir des études menées par le bourreau sur ses victimes ? En France, les fameuses études menées par les nucléocrates autour du site nucléaire de Tricastin ne concluaient-elles pas un état sanitaire impeccable autour du site ?

En mai 2018, si le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, qui s’oppose à Chalk River estimait que sa ville continuerait de poser des questions sur le projet d’installation de ce dépotoir nucléaire à Chalk River, de son côté la ministre du "Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques" du Québec, Isabelle Melançon, faisait savoir qu’elle n’appuierait pas directement les municipalités qui ont exprimé leur opposition au projet en soutien à Gatineau. Le maire demandait la mise sur pied d’un comité de travail afin de réunir les villes de Gatineau et de Montréal ainsi que les municipalités avoisinantes. « Il y a vraiment une mobilisation à Montréal à laquelle nous allons nous joindre », ajoute le maire de Gatineau.

Nucléocratie et adorateurs du dieu atome contre la vie, la population, l’environnement

2019-07-25_anlum-plan-de-coupe-depotoir.PNG.jpg Les nucléocrates estiment que le site sera graduellement rempli jusqu’en 2070, puis scellé. Le monticule d’une hauteur de 25 mètres, réellement, contiendra 1 million de mètres cubes de déchets, à la louche. Pour la biologiste de Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) partie prenante de ce projet, Annie Morin : "L’installation de gestion des déchets près de la surface est une technologie éprouvée (ah bon ?) et seulement 1 % des déchets auront une activité radioactive moyenne, les autres étant de faible activité". Et alors ? l’impact n’en demeure pas moins mortel. « Ces 10 000 m3 de déchets [peuvent produire assez d’énergie au mètre cube pour faire bouillir de l’eau. Il faut les déplacer à distance tellement ils sont dangereux. […] C’est radioactif au point où les radiations pourraient détruire la membrane. » dévoile le journaliste Gilles Provost qui met en garde la population. Au Canada, comme en France, les spécialistes et experts du nucléaire sont aussi dans le double langage et l’enfumage.

Et demeure « la possibilité que les eaux de pluie s’infiltrent et soient contaminées par les déchets nucléaires et qu’ensuite elles se retrouvent dans les eaux souterraines ou dans la rivière des Outaouais. Les promoteurs ne sont pas en mesure de nous assurer que ça ne se produira pas et c’est d’autant plus particulier et préoccupant que c’est un risque qui s’échelonne sur plusieurs centaines d’années », explique le directeur de "Sentinelle de la rivière des Outaouais".

Mais évidemment, tout comme en France, les "Laboratoires nucléaires canadiens" (une agence fédérale responsable de Chalk River, mais administrée depuis sa privatisation en 2015 par le consortium privé SNC-Lavalin et quatre multinationales anglo-américaines), assurent depuis les débuts de l’opération camouflage que le danger est minime du fait que seuls les déchets faiblement radioactifs seront entreposés dans ce futur dépotoir. Pourtant "On sait que c’est dangereux, ce site-là. Que le risque de contamination est énorme avec le ruissellement, l’eau souterraine. Et la radiation, ça ne s’enlève pas." martèle Martine Ouellet, la chef du "Bloc québécois". Elle surenchérit : " La gestion de ce site-là se fait en fonction des profits. C’est pas normal, c’est pas les profits et c’est pas les coûts qui doivent guider la décision de savoir où on met un site de déchets radioactifs. "

Le projet de dépotoir de Chalk River prévoit donc entreposer 99 % de déchets de faible activité et 1 % de déchets de moyenne intensité. "Mais la classification des produits pose souvent problème", constate Ginette Charbonneau qui craint aussi que le nouveau site n’attire des déchets radioactifs d’un peu partout, y compris des États-Unis. Rejoint en cela par Martine Chastelain, porte-parole de "Eau-Secours", la Coalition pour une gestion responsable de l’eau : "On peut penser aux déchets médicaux radioactifs, on peut penser à Gentilly (centrale nucléaire à l’arrêt et en prévision de démantèlement). Donc il va y avoir des déchets radioactifs qui vont se promener soit sur rail, soit sur l’eau, soit sur les routes".

Et le consortium à l’origine de ce projet de fous prévoit subrepticement la construction d’une centrale de traitement des eaux pour récupérer et traiter les eaux de lixiviation qui s’accumuleront inéluctablement à l’intérieur du monticule. « Nous avons prévu un système de drainage et un système de détecteur de fuites sous la membrane, toute l’eau qui s’échappera sera récupérée et entièrement traitée avant d’être libérée dans l’environnement. » Bah c’est comme si c’était fait ! Tout comme en France l’Andra, là au Canada on voit aussi loin, très loin : l’installation doit rester étanche pendant les 500 prochaines années, le temps, dit-on, que la majorité des déchets à l’intérieur du site perdent leur radioactivité. Une géomembrane qui dure 500 ans c’est proche de la prospective martienne. Et on ne mégote pas. Pourtant il y aura aussi une quantité d’isotopes de longue vie à l’intérieur du monticule. Le plutonium 239, par exemple, qui demeure radioactif pendant des dizaines de milliers d’années. Mais comme les nucléocrates disent ne pas pouvoir éliminer tous les radionucléides de longue vie de leurs déchets, puisqu’ils sont mélangés avec les produits de courte vie, et qu’il est impossible de tous les retirer du lot : on continue.

Les Laboratoires nucléaires canadiens espèrent commencer la construction de leur monticule, au coût de 600 millions de dollars, d’ici deux ans, mais ils doivent d’abord obtenir le feu vert de la Commission canadienne de sûreté nucléaire qui n’est pas leur ennemi loin s’en faut.

Au Canada comme en France, des processus de pseudo concertations et expertises qui ne remettent aucunement en cause ce qu’exigent les nucléocrates

Au mois d’août 2017, la "Commission canadienne de sûreté nucléaire" - équivalent de l’ASN en France - terminait sa première phase de consultations sur le projet de dépotoir de déchets radioactifs de Chalk River, en Ontario. Dès cette époque, l’expert nucléaire Gordon Edwards, du "Regroupement pour la surveillance du nucléaire", souhaitait une prise de position du gouvernement québécois : "Je pense que c’est absolument nécessaire que le gouvernement du Québec actuel se prononce sur ce projet insensé". Mais rien. Ou pire, on entérine de fait ce que veux et exige la nucléocratie responsable de la production de ces déchets mortels, et ce, dans un lieu géologiquement peu stable.

2019-07-25_maquette-dechets-nucleaires-chalk-river.jpgLa population a eu très peu de temps pour réagir à un rapport de 990 pages (sans compter les annexes) et publié uniquement en anglais par LNC et seulement diffusé sur le site de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). La directrice de la Division de l’évaluation environnementale de la CCSN, Caroline Ducros, affirme qu’une traduction française est en chantier du côté de LNC, mais n’en connaît pas encore la date de publication. Elle admet qu’il pourrait être nécessaire d’allonger le délai d’étude pour la population et les groupes environnementaux, sans toutefois le confirmer. Malgré le rapport en français à venir, Gilles Provost estime que le dossier demeure extrêmement complexe pour le public. « Ça m’a pris une semaine complète pour le comprendre, et je suis allé d’incrédulité en incrédulité. » Il réitère que, selon lui, dans sa forme actuelle, le dépotoir serait un projet irresponsable de la part du gouvernement fédéral.

Comme en France, les nucléocrates canadiens procèdent par affirmations d’autorité et non démontrées scientifiquement : « Ils disent que le dépotoir aurait une durée de vie d’environ 300 ans. J’en doute. J’ai l’impression que c’est moins que ça, alors que les substances radioactives ont des durées de vie de milliers d’années », estime la physicienne Ginette Charbonneau, du "Ralliement contre la pollution radioactive", qui avait remis ses commentaires à la Commission dès le début du projet démoniaque. Patrick Nadeau, de "Sentinelle de la rivière des Outaouais" précise que "le manque de précédents est une source d’inquiétude et de risques pour l’environnement et la santé humaine".

Et comme en France toujours, le discours se veut rassurant « Nous construirons une usine de traitement des eaux contaminées afin de les nettoyer pour les rendre à la nature », a assuré le vice-président du démantèlement et de la gestion des déchets aux LCN, Kurt Kehler, ajoutant que le site sera étroitement surveillé pour prévenir un déversement. On sait au quotidien ce qu’il en est tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Et contre toute réalité tangible, les promoteurs du projet nucléocratique affirment que "Différents scénarios prenant en compte les conditions météorologiques et environnementales de la région ont été testés et seront considérés lors de la conception et de l’installation, sans compter un programme complet de surveillance environnementale de la qualité de l’eau et de l’air." Bah, ça c’est pas très rassurant quand on voit comment ils gèrent déjà, à la petite semaine, leurs installations nucléaires existantes. Pour Patrick Nadeau, biologiste : "cette technologie est éprouvée… dans le cas de dépotoirs municipaux mais pas nucléaire". Il poursuit : « À partir du moment où une contamination atteint la rivière, on parle de risques pour tous les gens en aval. Et filtrer ces eaux est extrêmement complexe, puisque des éléments, comme le tritium, peuvent « passer tout droit », sans parler de la difficulté que présente la captation de l’entièreté de ces eaux d’un affluent qui abreuve la capitale canadienne et la Région métropolitaine de Montréal "

Depuis deux ans les opposants au projet réclament, en vain, plus de temps avant qu’une décision ne soit prise. « On veut être inclus dans la prise de décision. On ne veut pas se voir imposer un dépotoir qui pourrait être extrêmement problématique pour des générations », affirme un scientifique militant du comté de Renfrew, Ole Hendrickson.

Comme en France, l’esprit de collabo et d’avilissement, l’appât du gain, guident certain-es élu-es à l’inacceptable : enfouir aussi sous terre

Depuis 2015 la nucléocratie est aussi en quête d’un « dépotoir » pour ses excréments radioactifs. Le site choisi au terme du processus accueillera, tel à Bure, un dépôt géologique en profondeur pour le combustible nucléaire irradié canadien ainsi qu’un Centre d’expertise associé. Il s’agit d’un projet de 20 millions de dollars.

Tout comme en France, des villes et "communautés" sont appâtées par les mirages de retombées économiques vantées par la nucléocratie. Des emplois en perspective, du commerce florissant grâce à de la merde. Il fallait oser. « L’industrie nucléaire fait partie intégrante de notre passé et, peu importe où le dépôt sera éventuellement établi, j’estime que nous pouvons apporter une contribution importante à la façon dont le projet sera mis en oeuvre », estime le maire d’Elliot Lake, Dan Marchisella. On croirait entendre les maires et élu-es proches de Tricastin, Cadarache, Cruas-Meysse, et autres sites nucléaires français. Le bla-bla habituel pour justifier la lâcheté et l’achat des consciences. (Petite précision : toutes ces communautés ont reçu 400 000 $ de la Société de gestion des déchets nucléaires, pour l’établissement d’un "Fonds de réserve pour le bien-être de la collectivité".)

Qui accepterait que l’on enterre dans son jardin l’ensemble des déchets hautement radioactifs produits au Canada ? Après la sub-surface, l’enfouissement en profondeur

Des études de faisabilité se poursuivent dans sept collectivités de l’Ontario et de la Saskatchewan. Deux communautés du Nord de l’Ontario (la ville de Spanish et le canton de North Shore) qui s’étaient portées candidates à l’ignominie, ont été écartées du processus de choix du lieu du (seul pour l’instant) site canadien de gestion des déchets nucléaires. Seuls Elliot Lake, Blind River, Manitouwadge et White River demeurent en lice.

En juin 2014, Nipigon dans le nord-ouest de l’Ontario, avait dit non aux déchets nucléaires et retiré sa candidature, le conseil municipal estimant que le projet ne correspondait pas aux objectifs et aux valeurs de sa communauté. Nipigon était la première des 15 municipalités toujours dans la course à se désister. Le maire de Nipigon affirme que la Ville a pris la meilleure décision. Au total 11 "communautés" seulement sont toujours dans la course pour accepter des déchets radioactifs. Elles étaient 21 au départ en 2011. Certaines villes ont, après réflexion et intervention de la population, décidé de ne plus tenter d’accueillir sur leur territoire ce marché de dupes. Aux dernières nouvelles la localité de Hornepayne, en Ontario, semble la favorite des nucléocrates et politiciens aux ordres.

« Dorénavant, les études se poursuivront dans les endroits les plus susceptibles de répondre aux rigoureuses exigences de sûreté », ose encore affirmer la vice-présidente à l’engagement et à la sélection d’un site, Kathryn Shaver. Les travaux sur le terrain menés par un consortium de tous les propriétaires de centrales au Canada (dont fait partie Hydro-Québec), comme des levés géologiques et d’autres forages, permettront d’évaluer la géologie et l’aptitude technique des sites à accueillir des déchets nucléaires en, soit-disant, toute sécurité.(!) Après la sub-surface l’enfouissement en profondeur.

La Société de gestion des déchets nucléaires prévoit que le choix final d’un site sera fait d’ici 7 à 10 ans. Comme si l’opinion de la population et des citoyens ne comptait pas plus qu’un pet de lapin pour eux. Haut les mains ! il s’agit bien d’un rapt sur nos vies. En prison les escrocs !

John Player (Spécial)

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(1) Ce lieu de Chalk River a vue la mise au point du réacteur nucléaire canadien "CANDU", en concurrence depuis l’après-guerre de 1945 avec celui des états-uniens de Westinghouse (qui équipe la France) et ceux des Russes et du nouveau venu Chinois. On y produit aussi des millions de doses d’isotopes médicaux.

(2) Manitouwadge, White River, Elliot Lake, Blind River, Spanish, North Shore, Huron Kinloss, Brockton, Central Huron, South Bruce, Creighton (Saskatchewan)

Photos : DR, sources avec Radio Canada

(photo : En rouge, le site prévu pour le dépotoir nucléaire de Chalk River, qui est situé à quelques centaines de mètres de la rivière des Outaouais.)
(photo : Un plan de coupe montrant la constitution du dépotoir, de la surface gazonnée au déchets radioactifs variés Photo : Rapport de Laboratoires nucléaires canadiens

Photo : Le site de Chalk River comprend déjà plusieurs fosses où sont entreposés des déchets radioactifs. Des panaches de strontium 90 (en mauve) et de tritium (en vert) s’échappent de celles-ci.
Photo : Radio-Canada / Christian Goupil

Commentaires
1. Le jeudi 19 septembre 2019, 11:32 par a.robase
Si vous voulez supprimer les déchets, militez donc pour la promotion, de plus en plus urgente, de la filière Thorium aux sels fondus !!
Le temps passe. Il faut casser le lobbying Areva/EdF/Saclay autour des EPR pour terminer au plus vite les recherches sur l’industrialisation du Thorium en sels fondus.
Pas d’autres issue ... le Négawatt sera toujours insuffisant face à l’autisme des peuples.
Au lieu de militer en négatif, militez donc en positif pour une nouvelle filière plus vertueuse !
Mais ... vous êtes aveuglés, vous n’écoutez plus par tant de radicalisme ! Ayez le courage de vous dédire !

Ndlr : Euh, la question est d’arrêter de générer/produire de la radioactivité artificielle destructrice de santé et de vie et de cesser de prédater la Terre. Et à notre connaissance, le Thorium naturel (presque exclusivement du thorium 232, de très longue demi-vie de 14 milliards d’années) est bien un minerai métallifère radioactif (de la famille des actinides ) dont tous les isotopes sont radioactifs. Tout comme pour l’uranium son extraction nécessite des excavations de terre phénoménales et polluantes/contaminantes, son transport des émissions de CO2, sa transformation l’utilisation de techniques polluantes chimiques ou autres, son exploitation la production de déchets radioactifs. Le thorium 232 qui est un isotope fertile absorbe un neutron, et se transmute en thorium 233 (radioactif), qui se désintègre ensuite en protactinium 233 (radioactif), qui se désintègre à son tour en uranium 233, fissile. Son activité massique13 est de 4,10.103 Bq.g-1 . Il représente un danger radiologique par inhalation ou ingestion massive : les poumons et les autres organes internes peuvent être atteints par les rayonnements alpha. Une exposition massive à un aérosol de thorium peut conduire à une augmentation du risque de cancer du poumon, du pancréas et du sang. Une ingestion massive de thorium conduit à une augmentation du risque de maladies du foie. La radiotoxicité du thorium 232 (seul isotope naturel) est évaluée à 2,3 × 10−7 Sv Bq−1 en ingestion et 1,1 × 10−4 Sv Bq−1 en inhalation. Le Thorium est classé parmi les radionucléides les plus dangereux car le thorium naturel est en équilibre séculaire avec ses descendants, ce qui impose de considérer et prendre en compte aussi les radiotoxicités de ceux-ci

Donc le "Thorium" c’est poursuivre le nucléaire et sa nocivité, les atteintes à la santé et à la vie. Le Thorium est encore et toujours dans la logique de la monstruosité atomique prédatrice.

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