On parle de le "reconstruire", comme s’il s’agissait d’un jeu de blocs. Bien sûr, le NPD a vu au dernier scrutin plusieurs de ses partisans filer chez les libéraux pour contrer la montée des conservateurs de Pierre Poilievre et élire un candidat capable d’affronter Donald Trump, en l’occurrence le libéral Mark Carney. Ce mouvement de bon nombre de néodémocrates vers les libéraux révèle que le parti n’est pas vu comme une formation à vocation de pouvoir mais plutôt d’opposition vouée à défendre les principes de la social-démocratie ; au fond, beaucoup de néodémocrates sont des libéraux de gauche. Il existe en effet une certaine parenté idéologique entre le Parti libéral et le Nouveau parti démocratique.
Il faut donc en premier lieu, ramener ces gens dans le giron du parti. Mais à plus long terme, il importerait que le NPD sorte de son ghetto électoral et essaie de ratisser plus large afin de se rapprocher enfin du pouvoir, seul moyen de changer véritablement les choses. Il reviendra à la nouvelle direction de se pencher sur ce problème et par conséquent de trouver le moyen de convaincre des groupes plus larges d’électeurs de l’appuyer. Ce sera un processus qui nécessitera une analyse froide et réaliste de l’état politique et électoral du Canada ; il impliquera aussi d’éviter de prendre ses désirs pour des réalités. Le NPD devra donc se faire plus rassembleur qu’il ne l’est actuellement.
Dans cette optique, il devra accorder une attention particulière à la question du Québec. Il faudra tout d’abord que le parti abandonne son approche centralisatrice et qu’il reconnaisse sans ambiguïté la spécificité du Québec, tout comme l’autonomie des provinces en général. En ce qui regarde plus spécifiquement le Québec, la nouvelle direction sera bien inspirée d’en accepter le nationalisme et d’agir en conséquence, comme Jack Layton avait commencé à le faire en son temps. Elle devra mette sur pied une équipe vouée à la tâche suivante : faire en sorte que le plus possible d’électeurs et d’électrices québécois se reconnaissent en lui. C’est une mission difficile dans la conjoncture présente mais faisable si on y met le temps et l’énergie nécessaires.
Unir progressiste "canadians" et québécois pourrait mener le parti aux portes du pouvoir. Le NPD est-il prêt à assumer cette mission ? Son avenir en dépend ; question de sens politique élémentaire.
Jean-François Delisle
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?