Édition du 6 mai 2025

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Le blogue de Pierre Beaudet

Des pourris dans un système pourri

Pratiquement à chaque année, l’univers politico-médiatique révèle son lot de complots et d’arnaques perpétrés par des voyous qui opèrent dans la soi-disant gouvernance. C’est presque un sport national.

Personnellement, je dois avouer prendre un certain plaisir à voir des voleurs et des voleuses se faire aplatir sur la place publique. Comme pour tout le monde, cela fait, comme on le dit, « sortir le méchant ».

En y pensant bien, on aperçoit cependant le jeu pervers qui s’exerce à travers la multitude des scandales. D’abord, on sait qu’on en attrape un petit nombre seulement. Même pour les mettre en accusation, encore plus pour les trouver coupables, cela prend des années et des centaines de milliers de dollars. Les preuves sont souvent évasives, parce que par définition, c’est la loi du silence, aussi grave que l’omerta des mafieux, qui sévit dans les hauteurs du pouvoir. Entre copains, on se protège…

Ensuite et c’est plus grave, les arnaqueurs qui se font prendre sont souvent les paumés du système, les plus cons et les plus vulgaires, pris avec la main dans le sac de biscuits. En réalité, le 1% et ces mercenaires politiciens et intellectuels de service s’en mettent plein les poches, « légalement ». Cela adonne bien, car en général, ce sont eux qui définissent les « règles ». C’est ainsi que l’ancien Premier Ministre Charest a défini que son salaire secret payé par le PLQ, en plus de celui qu’il recevait en tant que parlementaire ne devait pas être révélé au public : c’était « légal ». Comme Philippe Couillard qui, « légalement » mettait « son » argent obtenu du régime d’assassins qui s’appelle l’Arabie saoudite dans des paradis fiscaux. On pourrait penser au recteur Guy Breton qui reçoit un salaire de $414 000 dollars, qu’il juge d’ailleurs raisonnable. 

Dans le secteur privé, il est « légal » de gagner en quelques heures ce que les travailleurs de la même entreprise font en une année. D’après des données compilées par le CCPA, la rémunération moyenne des 100 PDG les plus payés au Canada était de 9,2 millions de dollars en 2013. Le salaire annuel moyen des travailleurs canadiens était quant à lui de 44 358 $ pour la même période, soit 171 fois moins que le salaire moyen des directeurs d’entreprise les mieux payés. Sur cette liste, on trouve en passant les deux oligarques des médias au Québec, Paul Desmarais et l’ineffable PKP.

Les 20 000 médecins omnipraticiens et spécialistes pour leur part ont reçu une augmentation (pas leur salaire total) de $368 millions cette année. Ce chiffre représente trois fois plus que le montant prévu pour la réfection des écoles primaires et secondaires dans le budget Leitao (109 millions). Ce n’est pas grave, c’est légal.

Il y a des comiques, politiciens, avocats et autres spécialistes médiatisés du mensonge perpétuel, qui appellent cela l’« état de droit ». Comme si c’était normal et que cela avait été déterminé dans le ciel.
 
En réalité, quand la loi est faite par les pourris, la loi est pourrie. Les dominés peuvent se demander : elle est pour qui cette loi ?

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