Édition du 16 avril 2024

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Éducation

La CLASSE en congrès le 25 août - "Au prochain gouvernement d’abroger la hausse des frais de scolarité"

La CLASSE endosse le manifeste « Jeunes de tout horizon, nous sommes sur le même front »

Réuni en congrès le samedi 25 août, la CLASSE a adopté un plan d’action pour les jours suivant les élections du 4 septembre prochain. Ainsi, l’organisation étudiante maintient ses revendications d’abrogation de la hausse des frais de scolarité ainsi que la loi 12 (78). Elle revendique le maintien des mesures annoncées concernant la bonification du régime de prêts-bourses et de la nouvelle politique de remboursement des prêts selon le revenu. Elle annonce aussi que septembre ne fera pas exception et que le 22 sera la journée d’une grande manifestation nationale. Elle souhaite rencontrer le nouveau gouvernement au lendemain de la prochaine élection..

Lors de son congrès des 11 et 12 août 2012, la CLASSE a adopté le Manifeste « Jeunes de tout horizon, nous sommes sur le même front « . Ce texte, déjà endossé par des dizaines d’organisations étudiantes à travers le monde, rappelle que la lutte des étudiantes et étudiants du Québec se fait aussi en solidarité avec les centaines de milliers de jeunes, d’étudiants et d’étudiantes qui luttent à travers la planète pour une éducation accessible, publique et de qualité.

Jeunes de tout horizon, nous sommes sur le même front

En 2008, le monde a été secoué par une crise économique qui a eu de profondes conséquences. On ne peut comparer cette crise qu’à celle de 1929. Frappant de plein fouet au cœur du système, elle a d’abord ébranlé les États-Unis, puis s’est propagée avec davantage de véhémence en Europe. Les effets qui en découlent sont maintenant observables sur toute la planète.

Les gouvernements ont tous réagi de manière similaire aux menaces de cette crise : ils ont fait payer les jeunes et les travailleur(euse)s. Ils se sont arrimés aux banques et aux grandes entreprises qui refusent une réduction de leurs profits. Ensemble, ils ont élaboré des plans d’austérité sans égards aux droits acquis historiquement par la classe ouvrière, résultant en des mises à pied et une détérioration des conditions de travail, laissant la jeunesse devant un futur inquiétant.

Les jeunes d’aujourd’hui, qui expérimentent les débuts de cette crise pernicieuse, devront composer avec des conditions de vie encore plus difficiles que celles des générations précédentes. Dans le monde arabe et en Europe, les taux de chômage dressent un portrait terrifiant ; l’Espagne en est un exemple, plus de la moitié de la population y est sans emploi. Parmi les victimes de la crise, les immigrant(e)s, les femmes, les minorités visibles et la communauté LGBT risquent aussi d’en souffrir davantage puisqu’ils et elles sont quotidiennement victimes de préjugés, qu’ils et elles ont les emplois les plus précaires et les salaires les plus bas. La révolte des jeunes noir(e)s des ghettos de Londres de 2010 en est une illustration. Ils et elles se sont fait marginaliser par la presse internationale ainsi que par leur gouvernement.

La crise économique imprègne aussi fortement le système d’éducation et, au-delà des différences nationales, son impérialisme attaque l’accessibilité et la qualité de l’enseignement à tous les niveaux d’éducation. Chaque année, les gouvernements réduisent l’enveloppe budgétaire réservée à l’éducation, révélant ainsi qu’elle n’est pas considérée comme une priorité. Des infrastructures et des édifices précaires, un manque d’enseignant(e)s et de professeur(e)s, des aides à l’enseignement sous-qualifié(e)s et des lacunes dans l’aide financière aux études ne sont que des exemples des multiples conséquences de ces coupes.

Une nouvelle vision mise en œuvre de nos jours pour les universités aggrave d’autant plus la situation. Elle transforme les études supérieures en formations techniques arrimées aux besoins du marché, détruisant du même coup le mandat de base des universités pour l’enseignement, la recherche et la diffusion des connaissances. Parallèlement, ce projet fait la promotion d’une augmentation des inscriptions sans toutefois compenser par un accroissement du financement universitaire.

Conséquemment, les institutions académiques se privatisent. D’une part, on alourdit le fardeau économique des étudiant(e)s et d’autre part, les universités s’assujettissent aux grandes entreprises qui acquièrent ainsi un contrôle direct de la recherche et des laboratoires.

Il est primordial que l’accès à une éducation gratuite, publique et de grande qualité soit défendu comme un droit individuel inaliénable. Nous exigeons un plus grand financement de l’éducation puisque c’est la seule manière d’universaliser l’accès à l’éducation et de garantir l’aide financière aux études, de soutenir les cafétérias, les logements étudiants et les garderies. Nous devons appuyer la démocratisation des processus de prise de décision internes. En ce sens, nous devons garantir la souveraineté des universités de manière à ce que les décisions soient prises par l’ensemble de la communauté universitaire.

Chaque confrontation avec les dictatures et les plans d’austérité met en lumière une revendication essentielle de la jeunesse : la défense d’une éducation publique de grande qualité qui répond aux besoins et aux intérêts du peuple. Comme il est écrit sur les panneaux de la Plaza del Sol en Espagne : si notre génération n’a pas assez d’éducation, d’emplois, de logements et d’assurance maladie, notre génération en est aussi une qui n’a pas peur. De nombreuses luttes héroïques autour du globe en attestent. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les jeunes ont mené de vraies révolutions. Ils ont renversé des dictatures qui gouvernaient de manière brutale et oppressive depuis une trentaine d’années. Ces jeunes émergent comme un exemple à suivre pour le monde entier. Ils et elles ont vaincu les dictatures de Tunisie, d’Égypte, de Libye et du Yémen. Ils et elles font maintenant face à une guerre civile en Syrie. L’occupation de 18 jours de la Place Tahir a inspiré la nouvelle vague de luttes à travers le monde. Cette méthode d’occupation des places publiques est devenue un symbole pour les mobilisations émergentes.

La jeunesse a aussi fait preuve d’une grande force de détermination pour la lutte et la résistance en Grèce, en Espagne, en Angleterre, au Portugal, en Italie, en France. Tandis que la crise économique menace l’avenir de la jeunesse, nous avons pris la rue, occupé les places publiques et les universités, nous avons défié la répression et les gouvernements. Aux États-Unis, le mouvement Occupy a initié des manifestations majeures à l’échelle mondiale, des manifestations d’une ampleur inégalée depuis des décennies. En Amérique latine, usant de fortes doses de créativité et de courage, les étudiant(e)s du Chili ont mis sur pied une mobilisation extraordinaire contre la privatisation de l’éducation publique. Toutes ces luttes ont fait face à une forte répression. Les gouvernements se sont efforcés de faire taire par la force les cris indignés de la jeunesse et ce, par tous les moyens nécessaires. Nous avons été témoins de centaines de morts, de milliers de prisonnier(ère)s politiques, de nombreux gaz lacrymogènes, bombes, balles de plastiques et armes létales. Malgré tout cela, la résistance s’intensifie.

Nous devons apprendre de cette époque de grandes confrontations. En tant qu’alliées stratégiques pour la lutte, la jeunesse et la classe ouvrière organisée doivent unir leurs forces. Nous devons lever bien haut l’étendard de la solidarité entre travailleur(euse)s et étudiant(e)s afin que renaisse l’esprit de Mai ‘68 et ces autres grandes luttes historiques. Cette union combine l’énergie explosive de la jeunesse à l’expérience et au pouvoir de ceux qui produisent la richesse de nos sociétés. C’est seulement à travers cette alliance qu’il a été possible de renverser les dictatures du monde arabe. Ce n’est pas par hasard que la veille de la chute de Mubarak, les travailleur(euse)s du Canal de Suez ont tenu une grève de trois jours. Seulement par cette alliance a-t-il été possible de vaincre les plans d’austérité et d’assurer que ce ne soit pas les jeunes et les travailleur(euse)s qui paient pour la crise.

Nous devons aussi retenir que chaque lutte menée par les étudiant(e)s et, plus largement par la jeunesse, doit servir à renforcer nos organisations de manière démocratique, indépendante et solidaire avec les travailleur(euse)s. Par ailleurs, ces organisations devraient avoir parmi leurs priorités l’objectif de créer un réseau de liens au niveau international. Malgré les différences socioéconomiques et culturelles entre les pays, ainsi que le rythme et la forme que prendra cette crise économique, il y a une chose dont nous pouvons être certain(e)s : notre génération fait face à une même réalité. Si on nous attaque globalement, nous devons aussi répondre globalement. Nous devons établir des liens puissants entre les différentes associations de la jeunesse afin d’organiser la lutte et pouvoir ainsi rêver à un avenir meilleur. Armé(e)s d’un esprit combatif, d’une volonté de résistance et d’intrépidité, nous invitons toutes les organisations de jeunes et d’étudiant(e)s à joindre cette lutte.

Jeunes de tout horizon, nous sommes sur le même front.

CLASSE

Coalition Large de l’ASSÉ, 2012

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