Avouez, cette association de mots vous laisse croire que vous allez enfin trouver une conception de l’être humain qui sera très proche de la Vérité, avec un grand V, au sujet des bipèdes que nous sommes. Hélas, avant de clamer que nous avons enfin le livre qui nous dévoile tout sur notre véritable nature, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. À certains endroits dans le livre, surtout là où Barette prône la « frugalité », j’écrivais en marge « Épicurisme ».
De ma lecture de ce livre, qui a un peu moins de 300 pages, je retiens principalement les développements intéressants au sujet de la causalité versus la contingence. La causalité pour Cyrille Barrette rend compte de fort peu de choses. En fait, pour notre auteur, « tout a une cause, mais la contingence souligne avec force que rien n’est prédéterminé ; le futur n’est jamais écrit » (p. 20). Ce qui est, reconnaissons-le, fort intéressant comme perspective(s) d’avenir (au singulier comme au pluriel). Je retiens également la citation suivante : « « Seulement deux choses sont infinies : l’Univers et la stupidité humaine, et j’ai des doutes sur l’Univers », a proclamé Albert Einstein. » (p. 161). Si cela est bel et bien le cas, j’ai hâte de lire ce que Cyrille Barette a à nous apprendre précisément sur le mode de production productiviste (et le consumérisme qui l’accompagne) qui mène les bêtes humaines que nous sommes, droit à la catastrophe et à l’anéantissement total. Dans le chapitre 20 de son livre il compte sur la lutte entre les deux intelligences (« l’intelligence primaire » [p. 272] et « l’intelligence secondaire » [p. 274]) pour nous sortir de la pente fatale sur laquelle l’humanité semble engagée. Qui nous mène tout droit à la catastrophe ? L’humanité ou le mode de production capitaliste contrôlé par des riches et des puissants qui dirigent et dominent le monde sans égard pour les limites des écosystèmes ? Je soulève ici cette question qui hélas n’est ni formulée ni abordée par Cyrille Barette.
Il me semble qu’une ouverture de la part de notre auteur à la sociologie, à la science économique et à la science politique lui permettrait d’enrichir sa perspective analytique biologique au sujet de la bête humaine que nous sommes. N’oublions jamais que cette « bête humaine » est également, comme l’a affirmé Aristote, un animal social. Qui dit animal social, dit aussi inévitablement structures de domination sociale.
Yvan Perrier
15 octobre 2020
yvan_perrier@hotmail.com
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