Édition du 17 juin 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections fédérales 2025

Chaque mot compte, chaque vote aussi

Aujourd’hui, j’étais entre deux mondes. D’un côté, Ruba Ghazal et Jean-Luc Mélenchon lors d’un événement politique de Québec solidaire ; de l’autre, les chefs des principaux partis fédéraux lors du débat francophone.

Écouter Mélenchon m’a apporté du réconfort. Il a défendu la langue non pas comme une imposition, mais comme une cause commune. Il a revendiqué le contact direct avec la classe ouvrière et a porté un message de gauche sans l’édulcorer à l’approche des urnes. Sa manière de communiquer — entre le théâtre et la philosophie, entre l’émotion et la radicalité — était tout simplement puissante.

De l’autre côté, j’ai ressenti le vertige de l’époque vers laquelle le Canada semble se diriger. Une droite qui érige la peur, l’immigration et l’islamophobie en piliers de son discours. Une droite qui oublie — ou feint d’oublier — que ceux qui s’expriment sont eux aussi des immigrants, des colons sur une terre qui ne leur appartient pas. Le Bloc Québécois et le Parti conservateur sont les partis de la terreur, de l’égoïsme, de l’intimidation politique. Ils rivalisent pour voir qui punira le plus durement les plus vulnérables — et ils s’en vantent sans la moindre gêne, ignorant que leurs paroles atteignent aussi ceux qui, bien que privés du droit de vote, se sentent directement visés.

Ce sont nos Trump locaux. De petits autoritaires aux accents fascisants qu’il ne faut pas laisser respirer. Chaque vote pour eux est un vote contre l’humanité, contre la solidarité — non seulement envers les Palestiniens ou les minorités, mais envers nous tous. Car ils ne s’arrêteront pas là : ils finiront par nous criminaliser un par un, selon leur convenance.

Et non, le Hamas n’est pas une organisation terroriste, tout comme ne l’étaient pas le Congrès national africain de Nelson Mandela ni le Sinn Féin de Gerry Adams. Employer ce genre de terminologie est malhonnête envers le public, car cela revient à ignorer la différence fondamentale entre un État occupant comme Israël et un mouvement de résistance luttant pour libérer ses territoires occupés. L’omission délibérée de la voix palestinienne dans les médias est un affront de plus : on nie aux peuples arabes le droit d’être entendus selon leurs propres termes, devant une audience mondiale.

Jean-Luc Mélenchon a été habile en exposant le caractère politique des accusations d’antisémitisme portées contre lui — une tentative de museler les voix dissidentes. Et Jagmeet Singh a eu raison d’introduire, en plein débat, le mot que beaucoup évitent : génocide. Nommer les choses, c’est essentiel. Car face à une narration fasciste, on ne peut pas répondre à moitié, ni depuis le cadre défini par la droite. Il faut la confronter de front.

Nos vies en dépendent.

Manuel Tapial

Membre du Conseil d’Administration de Palestine Vivra

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